Unia a présenté son étude annuelle sur les écarts salariaux. Alors que les hauts revenus s’envolent, les bas et moyens salaires ont vu leur rémunération perdre de la valeur avec l’inflation. Le syndicat appelle à se mobiliser le 21 septembre.
Ce lundi 26 août, à l’occasion d’une action symbolique près de l’Union patronale suisse à Berne, Unia a présenté sa nouvelle étude sur les écarts salariaux. Manifestement, les inégalités se sont encore creusées… En effet, en 2023, l’écart salarial moyen entre le salaire le plus bas et le plus élevé au sein des 36 entreprises suisses examinées était de 1:143 contre 1:139 l’année précédente. Autrement dit, la personne la moins bien payée de l’entreprise doit travailler 143 ans pour toucher un an du salaire de son CEO.
Sans surprise, les plus hauts salaires ont poursuivi leur ascension, contrairement à ceux des employés «lambda». «2023 a été une excellente année pour les plus grandes entreprises suisses, a détaillé Noémie Zurlinden, économiste d’Unia et auteure de l’étude. Leurs bénéfices ont augmenté en moyenne de 45% par rapport à l’année précédente. Ce sont les cadres supérieurs qui ont profité de ce succès, les salariés n’en ont guère ou pas du tout vu la couleur. En effet, les actionnaires ont bénéficié de versements gigantesques se chiffrant à 45 milliards de francs.» On peut citer par exemple les actionnaires de Roche (7,9 milliards de francs), de Nestlé (7,8 milliards), de Novartis (6,5 milliards) ou encore de Zurich Insurance (3,7 milliards). Ce qui est plus choquant encore, souligne l’économiste, ce sont les cadres supérieurs et les actionnaires qui continuent à s’enrichir dans les entreprises qui ont annoncé des licenciements collectifs, comme Novartis ou Roche. «A ce titre, UBS est un bien piètre exemple: plusieurs milliers de personnes en Suisse perdent leur emploi pendant que son numéro un, Sergio Ermotti, s’enrichit et que les actionnaires perçoivent des bénéfices se chiffrant en milliards, cela dans des sociétés qui ont été sauvées grâce à l’argent public.»
Pour un partage équitable
Pour Vania Alleva, présidente du syndicat Unia, il est urgent de mieux redistribuer les richesses et d’en finir avec les baisses de revenu disponible. «Ces chiffres montrent que le refus du patronat d’accorder des augmentations est purement et simplement idéologique, a-t-elle déclaré. En témoigne l’inégalité salariale qui ne cesse d’augmenter avec des salaires élevés en progression constante, alors que les salaires réels corrigés de l’inflation ont baissé en 2023, pour la troisième année consécutive. En regard des richesses créées par les entreprises, il est inacceptable que les salariés voient leur revenu disponible continuer à baisser, plombé par le renchérissement et les augmentations continuelles des primes d’assurance maladie dont le montant est le même pour eux que pour un CEO.»
Pour Unia, le temps est venu de corriger la tendance et d’envoyer un message clair au patronat. Pour ce faire, le syndicat donne rendez-vous à toutes celles et ceux qui se reconnaissent dans cette revendication le samedi 21 septembre à Berne pour une grande manifestation pour les salaires en vue des négociations d’automne. L’occasion de montrer le ras-le-bol des travailleurs et d’exiger, enfin, des augmentations de salaires. «La pression de la rue est nécessaire pour limiter les inégalités et répartir plus équitablement les fruits du travail», souligne Unia.