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Les femmes surreprésentées dans les postes à bas salaire

L’Office fédéral de la statistique a publié les résultats de son enquête sur la structure des salaires. Lignes maîtresses et commentaires de l’Union syndicale suisse

En 2020, le salaire médian s’est élevé à 6665 francs bruts par mois pour un poste à plein-temps. En d’autres termes, 50 % des rémunérations se sont révélées supérieures à ce montant, l’autre moitié inférieures. Ce salaire médian a récemment été communiqué par l’Office fédéral de la statistique (OFS) qui mène chaque deux ans une enquête auprès des entreprises. Notons que le salaire médian diffère du salaire moyen. Ce dernier est calculé en faisant la somme des salaires d’un échantillon de personnes divisée par leur nombre.

Selon les résultats de la recherche de l’OFS, les écarts de revenus entre le haut et le bas de la pyramide sont restés relativement stables au cours des douze dernières années.

En 2020, les bas salaires ont concerné une personne sur dix (10,5%). Concrètement, ces dernières ont gagné moins de 4382 francs mensuellement alors que les 10% les mieux payées ont perçu plus de 11996 francs. Les rémunérations les plus faibles ont notamment touché le personnel du commerce de détail, de l’industrie du cuir et de la chaussure ou encore de la restauration, secteurs comptant les taux les plus élevés d’emplois à bas salaire. Au total, près d’un demi-million de travailleurs (491900 en 2020 contre 480300 en 2018), dont 63,5% de femmes, ont occupé un poste à bas salaire. L’institution a noté par ailleurs que plus d’un tiers des salariés (36,3%) ont bénéficié de bonus. Un pourcentage en légère augmentation par rapport à la dernière analyse. Le montant de ces paiements annuels irréguliers a toutefois largement varié selon la branche économique. Avec des versements allant, par exemple, de 4167 francs dans l’administration publique à 134381 francs dans les banques.

D’importantes disparités selon les branches

L’OFS a également souligné les importantes disparités constatées selon les activités économiques en matière de salaire médian. Dans l’informatique, l’industrie pharmaceutique ou encore les banques, les revenus ont été clairement supérieurs à ce montant. Au milieu de l’échelle ont figuré des domaines comme les transports terrestres (6310 francs), la santé (6821 francs), l’industrie des machines (7141 francs) et le commerce de gros (7145 francs). En bas de celle-ci, on trouve le commerce de détail (4997 francs), la restauration (4479 francs), l’hébergement (4488 francs) ou encore les services personnels (4211 francs). L’OFS a noté par ailleurs une «réduction progressive des inégalités entre les sexes». L’écart global de salaire médian entre les hommes et les femmes s’élevait à 10,8% en 2020 contre 11,5% lors de la dernière enquête. Des écarts qui toutefois se creusent plus le niveau de hiérarchie est élevé.

Les femmes ont par ailleurs occupé 58% des postes rémunérés moins de 4500 francs, les hommes 80,2% des emplois dont le salaire a dépassé 16000 francs. Des chiffres, en termes d’égalité, légèrement meilleurs qu’en 2018.

Augmentations générales des salaires nécessaires

Malgré quelques avancées, notamment la réduction du déficit salarial des femmes, l’Union syndicale suisse (USS) s’inquiète des résultats de l’enquête. Daniel Lampart, premier secrétaire et économiste en chef de l’USS, a jugé plutôt positivement le fait d’avoir pu négocier des augmentations des salaires réels dans les difficiles contextes économiques qui se sont succédé, entre la crise financière de 2008, l’envol du franc en 2010, la suppression du taux plancher cinq ans plus tard, la pandémie de Covid-19 et désormais une guerre au cœur de l’Europe. «Mais d’autres constats restent préoccupants. Après l’abandon du taux plancher, les écarts de salaire se sont à nouveau creusés depuis 2016. Les hauts salaires ont bondi de 4% en valeur réelle, alors que les bas salaires n’ont affiché qu’une maigre hausse de 0,5%. De plus, le nombre d’emplois à bas salaire est reparti à la hausse alors que nous étions parvenus à inverser la tendance jusqu’en 2014. Il nous faut repartir à l’offensive pour améliorer les rémunérations des personnes les moins bien loties. Agir. Revendiquer.» Si le responsable de l’USS a estimé que les efforts déployés en faveur de l’égalité salariale ont porté leurs fruits, il a rappelé que les femmes restent surreprésentées dans les postes les moins bien payés. Et que l’image donnée par l’enquête n’est pas nécessairement complète, portant sur le salaire médian et non moyen. Enfin, il a attiré l’attention sur la nécessité, lors des prochaines négociations salariales, d’exiger des majorations générales des rémunérations «sans quoi on va vers une forte baisse du pouvoir d’achat». Et Daniel Lampart de rappeler que pour la première fois depuis longtemps, le renchérissement dépasse les 2%. «L’accent sur les augmentations générales profitera notamment au personnel de longue date et aux personnes ayant des salaires plutôt bas, surtout si les hausses consistent en montants fixes.»

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