Les métallos genevois restent mobilisés
Un premier accord vient d’être trouvé entre partenaires sociaux pour le renouvellement de la Convention collective de travail de la métallurgie du bâtiment
A Genève, un premier accord vient d’être trouvé entre partenaires sociaux pour le renouvellement de la Convention collective de travail (CCT) de la métallurgie du bâtiment. Celle-ci bénéficie à environ 5000 travailleurs actifs notamment dans la construction métallique, l’installation sanitaire, le chauffage ou l’électricité. Les parties signataires ont convenu de la prolonger d’une année, soit jusqu’à fin 2020. En outre, tous les salaires seront augmentés de 50 francs et les salaires minimaux de 2% dès cette même année. Les parties signataires s’engagent à régler toutes les autres questions d’ici au 30 avril 2020, afin que la nouvelle CCT puisse entrer en vigueur au 1er janvier 2021.
Ces jours, Unia fait le tour des chantiers pour informer les salariés et les inciter à rester mobilisés. Jeudi dernier, le syndicat était au chantier de la Nouvelle Comédie où se sont rassemblés une cinquantaine d’ouvriers autour d’une grillade. L’enjeu est de parvenir à faire accepter, par la partie patronale, les revendications syndicales. D’abord en ce qui concerne les paniers repas et les vacances, les métallos demandent l’équité de traitement avec les maçons, soit 25 jours de congé contre 22 actuellement, et une indemnité de repas de 25 francs alors qu’elle se monte à 15 francs au maximum et souvent à zéro. Les métallos ont inscrit dans leur cahier de revendications le remaniement des classes salariales, afin que la CCT soit en phase avec les nouvelles réalités des métiers et que les formations fédérales et les diplômes étrangers soient mieux reconnus. Les métallos veulent aussi limiter le travail temporaire. «Pour économiser, les entreprises tendent à augmenter le travail temporaire et précaire», indique Yves Mugny, responsable du secteur bâtiment d’Unia Genève.
Conditions difficiles
«Depuis quatre ans, je vis de contrats de trois mois en trois mois et, quand les employeurs n’ont pas besoin de moi, je suis envoyé au chômage. Comme je n’ai pas le CFC, je n’ai que le minimum. Il est difficile de faire la guerre aux patrons, il y a du monde qui attend derrière et de plus en plus de personnes qui travaillent pour le minimum. Des fois, lorsque je demande 32 francs de l’heure, on me répond qu’il y en a plein qui se contentent de 25 francs», explique un monteur de structure métallique. «Les sociétés engagent de plus en plus de personnes non qualifiées, et les qualifiés, eux, sont payés comme des non-qualifiés. On est obligé de suivre, on n’a pas le choix, sinon il faut changer de métier. Il y a vingt ans, on était mieux payé. Et en plus maintenant, on doit apporter ses outils, car les entreprises n’ont pas le matériel», nous dit un autre métallo. «On a une demi-échelle par personne, on passe notre journée à courir après, à chercher un collègue qui veuille bien nous en prêter une. Et pour le reste, on doit tout amener, de la pince au harnais, en passant par la perceuse ou le stylo. En tant que temporaire, si je n’ai pas l’argent pour payer l’outillage, l’agence d’intérim peut me le prêter, mais il faut laisser une caution de 610 francs», souligne son collègue.
«Il y a une nécessité d’augmenter les salaires minimaux, c’est une priorité syndicale», estime Yves Mugny. En montrant en exemple la mobilisation des maçons de l’automne dernier, José Sebastiao, responsable du secteur construction d’Unia Genève, a prévenu les travailleurs: «Si les négociations partent du mauvais côté, préparez-vous à bloquer le pont du Mont-Blanc!»