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Les patrons pourraient aider à payer les primes

Une participation financière des employeurs à l’assurance maladie est envisageable, un tel dispositif existe déjà dans certaines conventions collectives de travail

La tension monte alors que le conseiller fédéral en charge de la Santé, Alain Berset, doit annoncer ces prochains jours le montant des primes d’assurance maladie pour 2024. Pour couvrir la hausse des coûts de la santé, les primes devraient augmenter de 8% à 9% en moyenne, a déclaré cet été Verena Nold, la directrice de Santésuisse, le lobby des assureurs. Mais l’Office fédéral de la santé publique fait pression pour que la hausse soit moins forte, déplore-t-elle. L’Union syndicale suisse (USS), pour sa part, table sur une progression équivalente à l’année précédente, où elle s’était montée à 6,6%. Notons qu’il ne s’agit que d’une moyenne sur le plan national; en 2023, les primes avaient renchéri de 9,5% à Neuchâtel. Et ce coup de massue intervient pour la deuxième année consécutive.

Le sujet s’invite dans cette campagne pour les élections fédérales. On a ainsi entendu la conseillère d'Etat zurichoise Natalie Rickli (UDC) suggérer ni plus ni moins que de mettre fin à l’assurance obligatoire. Cela pourrait être intéressant pour les jeunes et les bien-portants… si on avait une chance de rester jeune et bien-portant toute sa vie.

Plus sérieusement, l’économiste en chef de l’USS, Daniel Lampart a, lui, demandé une participation des entreprises. «Contrairement à l’assurance accident, l’assurance maladie est à la charge des particuliers. Or, les problèmes de santé sont souvent en lien avec le travail, qu’ils soient provoqués par certains mouvements ou par le stress. Les employeurs doivent donc aussi payer une partie des coûts», a argumenté le syndicaliste auprès de 24 heures / Tribune de Genève. Dans la plupart des pays développés, les systèmes de sécurité sociale sont d’ailleurs financés par les cotisations sociales, c’est le cas de nos voisins européens, et donc aussi par les employeurs.

Participation dans l’horlogerie notamment

Cette solution existe déjà en Suisse. Plus de 50000 salariés des entreprises horlogères et microtechniques signataires de la Convention collective de travail (CCT) reçoivent 175 francs par mois à titre de «participation patronale à l’assurance». Dans l’industrie, des CCT d’entreprises offrent aussi une telle contribution, à l’image de celle de MPS Micro Precision Systems. Les 400 collaborateurs de cette société de micromécanique de l’Arc jurassien empochent également 175 francs chaque mois.

Dans le tertiaire, par contre, aucune CCT dont Unia est signataire ne prévoit cette participation. «Mais, lors des négociations salariales, l’augmentation des primes est un élément que nous prenons toujours en compte pour exiger plus que l’indice des prix à la consommation. En se basant sur les coûts généraux de santé, celui-ci sous-estime en effet la charge des primes pour les ménages. Pour les négociations qui s’ouvrent, nous posons ainsi des revendications qui, entre la compensation entière du renchérissement et les revalorisations salariales, vont au-delà de 5%», explique Véronique Polito, vice-présidente d’Unia et responsable du secteur tertiaire.

Même topo du côté de l’artisanat: «Nous revendiquons une pleine compensation de l’inflation pour faire face à la hausse des primes, des loyers et de l’énergie, plus 1% à titre de revalorisation salariale», indique Yannick Egger, membre de la direction du secteur des arts et métiers d’Unia.

«Une participation à la caisse maladie est intéressante et envisageable, c’est une revendication qui pourrait être adoptée lors des renouvellements conventionnels, c’est une discussion à mener dans les branches», ajoute Véronique Polito.

La démarche peut en effet être utile pour décrocher un supplément. En 2020, les 240 employés de Nestlé Waters (Henniez et Cristalp) ont obtenu, à l’instar des autres sites suisses du groupe agroalimentaire, 235 francs de plus tous les mois.

«Il ne faut pas perdre de vue que le montant des primes est aussi un problème politique, souligne Véronique Polito. Depuis des années, les cantons réduisent les subsides maladie. Avec l’Union syndicale suisse et le Parti socialiste, nous avons en 2020 déposé une initiative fédérale visant à plafonner les primes à 10% du revenu. Le canton de Vaud le fait déjà, ce qui ne l’a pas mené à la ruine, au contraire!»

 

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