En France – mais le raisonnement vaut aussi pour d’autres pays – mieux vaut être le candidat d’un grand parti plutôt que d’un petit pour accéder aux grands moyens d’information, en particulier aux médias électroniques. C’est ce que démontrent deux candidats de gauche à l’élection présidentielle de 2022 dans des ouvrages parus récemment.
Dans Un «petit» candidat face aux «grands» médias (Libertalia, 2023), Philippe Poutou, candidat du Nouveau parti anticapitaliste (NPA, trotskyste) ainsi que ses camarades Julien Salingue et Béatrice Walylo estiment que la question des médias est fondamentalement politique et que la relation aux médias est avant tout un rapport de force. Sinon, comment expliquer que Philippe Poutou, qui a fini à l’avant-dernier rang du 1er tour de l’élection présidentielle, ait subi ce qu’il faut bien appeler des brimades: invitation repoussée à plusieurs reprises, passage à l’antenne en fin de soirée, éviction de certains débats, plateau composé de Philippe Poutou et de trois invités de droite et d’extrême droite.
Dans Les jours heureux sont devant nous (Le Cherche-Midi, 2023), Fabien Roussel, candidat du Parti communiste, évoque lui aussi cette thématique. Il rappelle que sa campagne commence en mai 2021, un an avant les élections, par l’annonce de sa candidature au Journal de 13 heures de TF1. «Pour nous, explique-t-il, c’est un événement considérable, car nous ne sommes plus l’invité d’un journal télévisé depuis Georges Marchais et Robert Hue. Marie-George Buffet en a eu les honneurs quand elle était ministre. Mais après, fini.»