«Cette initiative contribue à enrayer la sous-enchère»
Trois questions à Blaise Carron, secrétaire régional d’Unia Valais.
Qui est concerné par cette initiative pour un salaire minimum?
«Dans des activités telles que l’hôtellerie-restauration, les services aux entreprises, comme le nettoyage ou les centres d’appels, les soins aux personnes et le service de maison, le commerce de détail ou encore dans certains types d’industrie, des salariés sont particulièrement mal payés et gagnent trop peu pour mener une existence digne. Ces emplois sont pourtant essentiels et ne peuvent pour la plupart pas être délocalisés à l’étranger. Il faut constater que les femmes sont particulièrement victimes de la politique des bas salaires pratiquée dans ces secteurs puisqu’elles y occupent la majorité des postes.
Pourquoi ne pas intervenir dans le cadre des CCT?
Les salaires minimums ont fait leurs preuves depuis de longues années dans différentes branches grâce aux CCT de force obligatoire. Plus de la moitié des salariés ne bénéficient cependant pas d’une CCT prévoyant une rémunération minimale, ce qui rend nécessaire l’introduction d’un salaire minimum légal.
En plus d’augmenter les rémunérations, existe-t-il d’autres aspects positifs à la mesure?
L’instauration d’un salaire minimum contribue également à la protection des salaires et à la lutte contre le dumping en établissant un seuil. De nombreux employeurs misent sur une main-d’œuvre bon marché pour augmenter leurs profits. Ils portent un énorme préjudice à l’ensemble des salariés dont les rémunérations sont mises sous pression et nuisent également aux employeurs qui paient correctement leur personnel. Cette initiative contribue donc à enrayer les pratiques de sous-enchère bien trop présentes dans l’économie valaisanne.
Le dispositif induirait, par ailleurs, des recettes supplémentaires pour les assurances sociales, notamment pour l'AVS et l'assurance chômage, ainsi que pour les collectivités publiques sous la forme de rentrées fiscales. En diminuant l’aide qu’elle verse aux salariés touchant de très bas salaires, l'aide sociale pourrait faire des économies en ayant moins à subventionner des employeurs scélérats. Nous assistons aujourd’hui à un véritable hold-up sur les deniers publics, puisque ce sont les collectivités publiques qui doivent mettre la différence pour que les personnes concernées puissent vivre plus ou moins convenablement.