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Mieux vaut la libre circulation que la résiliation

Poste frontière.
© Olivier Vogelsang

En 2019, l’immigration des ressortissants de l’UE et de l’AELE en Suisse est restée stable.

A l’occasion de la publication du rapport sur la libre circulation des personnes, l’Union syndicale suisse souligne le rôle central joué par les mesures d’accompagnement

L’immigration des ressortissants de l’Union européenne (UE) et de l’Association européenne de libre-échange (AELE) en Suisse reste stable, comme le montre le seizième rapport de l’Observatoire sur la libre circulation des personnes présenté le 29 juin dernier par le Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco) et les partenaires sociaux. En 2019, le solde migratoire s’est monté à 30700 personnes, contre 31200 l’année précédente. Comparé à 2013, année record avec l’installation de 68000 Européens, le recul est de 55%. L’immigration affiche également un calme presque plat en ce qui concerne les pays tiers, 20800 personnes se sont établies en 2019, soit 2700 de moins que l’année précédente.

Ces travailleurs immigrés favorisent la croissance de l’économie helvétique, note le Seco, en offrant en particulier un «réservoir de main-d’œuvre flexible aux entreprises soumises aux fluctuations saisonnières». Le rapport ne constate toutefois aucune répercussion négative sur l’évolution des salaires de la population suisse. Les salaires moyens et modestes ont même davantage progressé au cours des vingt dernières années en Suisse que chez nos voisins français ou allemands. «La Suisse a mené sous la pression des syndicats une politique plus active en termes de conventions collectives de travail et de salaires minimaux. Les salaires bas et moyens ont augmenté, même si le contexte était plutôt défavorable en raison du franc trop fort. Les mesures d’accompagnement ont grandement contribué à cette amélioration. D’un côté, les contrôles se sont multipliés et, de l’autre, des salaires minimaux ont été fixés dans de nouvelles branches, comme l’économie domestique ou la location de services», a expliqué devant la presse le premier secrétaire de l’Union syndicale suisse, Daniel Lampart, invité par le Seco à commenter le rapport.

La publication de l’Observatoire sur la libre circulation intervient cette année dans un contexte particulier. Le 27 septembre prochain, le peuple est appelé à se prononcer sur l’initiative de l’UDC et de l’ASIN «Pour une immigration modérée», qui propose de résilier l’accord de libre circulation, avec pour conséquences probables une détérioration de nos relations avec l’UE, des difficultés d’accès sur le marché européen pour nos entreprises, une remise en cause des mesures d’accompagnement et un retour au système migratoire des contingents. Pour Daniel Lampart, il n’y a pas photo, la libre circulation et les mesures d’accompagnement valent mieux qu’un retour à l’ancien régime: «Toute personne qui veut immigrer en Suisse par le biais de la libre circulation doit impérativement y avoir un emploi, respectivement un contrat de travail. De plus, les mesures d’accompagnement imposent une protection des salaires suisses. Ce qui permet de limiter la pression sur les salaires ainsi que l’expansion d’un secteur d’emplois précaires et à bas salaires. Les systèmes de contingents favorisent en revanche le travail au noir, car les brebis galeuses parmi les entreprises essaient de contourner les procédures. Et la vérification préalable des salaires pour de l’octroi des autorisations ne remplace en aucun cas les contrôles sur le lieu de travail», assure l’économiste, en soulignant que les statistiques des salaires montrent que la sous-enchère était plus répandue à l’époque des contingents. Conclusion: «La protection des salaires et des conditions de travail doit être améliorée et non détériorée.»

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