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«Nous ne vendons pas des bonbons»

Enseigne de pharmacie.
© Thierry Porchet

Les assistantes en pharmacie du canton de Vaud demandent une amélioration générale de leurs conditions de travail et un meilleur salaire en particulier.

Epaulées par Unia, les assistantes en pharmacie du canton de Vaud demandent une revalorisation de leur salaire et une meilleure reconnaissance du métier. Témoignages

Une trentaine d’assistantes en pharmacie du canton de Vaud ont participé, le 13 avril dernier, à une assemblée générale organisée par Unia à Lausanne. But de la rencontre: définir les attentes principales dans la branche. «La discussion a essentiellement porté sur la nécessité de revaloriser le métier et d’améliorer les conditions de travail», précise Gwenolé Scuiller, secrétaire syndical, ravi de la forte fréquentation à cette réunion. «Un succès sachant que, dans le domaine, nous sommes partis de zéro. Il n’y avait plus eu de séance depuis une quinzaine d’années dans ce secteur.» Réparties par groupes, les travailleuses – la profession compte une large majorité de femmes – ont établi une liste de revendications prioritaires. «Elles se sont montrées très déterminées et constructives», poursuit le syndicaliste, soulignant la volonté de parvenir à terme à la conclusion d’une convention collective de travail (CCT). En tête de liste des améliorations souhaitées, le salaire. Une demande majeure, sachant que, précise le collaborateur d’Unia, un quart du personnel du domaine doit tourner avec moins de 4250 francs mensuellement. Ce chiffre a été mis en lumière lors d’un sondage effectué par le syndicat entre juillet et octobre 2020 auquel ont répondu plus de 400 personnes.

Multiplicité des tâches

«Le salaire est clairement trop bas. Nombre de jeunes quittent le métier pour cette raison», note Pamela, coprésidente du comité du personnel. Titulaire d’un CFC d’assistante en pharmacie, la jeune femme de 25 ans précise avoir gagné, pour sa part, au terme de son apprentissage, 3800 francs par mois. «J’ai par la suite reçu 4200 francs. Mais j’ai dû me battre.» Pamela estime impératif de revaloriser la profession en augmentant les rémunérations. Et se montre favorable à l’introduction généralisée d’un 13e salaire (près de 60% n’en bénéficieraient pas, selon l’enquête d’Unia) et éventuellement de primes liées au chiffre d’affaires. Pamela plaide encore pour cinq semaines de vacances pour tous; 20% des employés n’en ont pas autant.

«Sans vouloir dénigrer le personnel de commerce de détail, nous ne vendons pas des bonbons, mais des médicaments qui peuvent avoir des effets graves, dangereux pour la santé. Nous avons des responsabilités, devons poser des questions aux clients pour leur sécurité.» Une facette de la profession qui, explique encore l’assistante, génère parfois des réactions négatives. «Tout le monde ne comprend pas notre démarche. Certaines personnes peuvent se montrer particulièrement désagréables, arrogantes quand on les interroge», regrette Pamela, avant de préciser encore l’éventail des tâches réalisées en amont, entre préparations médicales, organisation des semainiers, vérifications des ordonnances, réception des livraisons, facturations, appels, etc. «Nous effectuons un travail qui appartient au domaine de la santé et des soins et devons donc y être intégrées.» Dans ce sens, les assistantes ne souhaitent pas être affiliées au commerce de détail et à l’industrie.

Sortir de l’anonymat

La militante souligne par ailleurs la difficulté d’évoluer dans le secteur avec également comme corollaire un abandon prématuré du métier. De son côté, elle a repris des études pour devenir pharmacienne, mais continue à s’engager pour ses collègues. «Si nous nous montrons motivées, patientes et soudées, nous parviendrons à changer la donne.» Un espoir partagé par Laura (prénom d’emprunt), 35 ans, comptant une dizaine d’années dans la branche. Comme l’ensemble des participantes à l’assemblée, elle partage les revendications énoncées. Et insiste, elle aussi, sur les connaissances qu’implique la profession, la considération dont doit faire l’objet chaque client, la variété des activités. Parmi les qualités requises pour exercer ce job, elle cite «des nerfs solides – certains malades se déchargent sur nous – le sens de l’écoute et de la psychologie, une bonne condition physique, de la mémoire...» «Nombre de personnes croient que nous avons de bonnes places, que nous sommes bien payées. Il nous faut sortir de l’anonymat. Nous faire entendre et respecter. Les assistantes sont le cœur des pharmacies. Ce sont elles qui remplissent le gros des tâches. Nous devons avoir des connaissances médicales, rester informées sur les médicaments... Il n’y a aucune reconnaissance accompagnant cet effort. C’est démotivant.» La trentenaire s’indigne également des problèmes de sous-effectifs. Une situation stressante qui a particulièrement pesé durant la pandémie «Nous avons alors été très sollicitées. Nous avons souvent subi de plein fouet les frustrations des gens. Et, en guise de prime, nous avons reçu, pour celles qui travaillent à 100%, un bon de 300 francs à faire valoir dans l’enseigne...» Dans ce contexte, elle juge nécessaire de disposer d’une CCT. «Elle serait bénéfique pour tous. Une sécurité pour la profession. Mais beaucoup de salariées ont peur de se mobiliser et manquent de temps en raison de leurs charges familiales. Elles doivent se rendre compte de leur valeur.»

Une autre rencontre devrait avoir lieu en juin. Affaire à suivre.

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