Des paysans et des consommateurs roulés dans la farine
Dans son dossier de campagne, Uniterre rappelle en préambule que «la libéralisation des marchés agricoles, survenue dans les années 1990, a entraîné un rapport de force totalement déséquilibré: la grande distribution, du fait de son pouvoir démesuré, impose ses prix et perçoit des marges énormes sur le dos des producteurs et des productrices». Le système agricole dominant pousse à l’agrandissement des exploitations, à l’endettement et à la disparition d’une agriculture familiale. Le rapport de force est inégal, que ce soit dans la négociation des prix ou le partage des risques, puisque les paysans préfinancent la production et les risques durant la croissance (maladies, ravageurs, aléas climatiques de plus en plus intenses)… Concernant la filière du blé panifiable, l’organisation paysanne revient sur le développement au fil des années de semences répondant de plus en plus aux impératifs de l’industrie. Avec des conséquences néfastes pour les petits producteurs et les consommateurs: «De nombreuses variétés peuvent être déclassées en raison de leur teneur “trop faible” en gluten.» De quoi faire bondir les allergiques à ce mélange de protéines apportant viscosité et élasticité. De surcroît, si les importations de céréales sont encadrées par un régime de protection aux frontières (contingent fixé par la Confédération), celles des produits boulangers surgelés ne le sont pas. De surcroît, l’origine des marchandises n’est souvent pas déclarée. Résultat: le nombre d’agriculteurs suisses diminue (de 18615 en 2008 à 14500 en 2019), de même que les minoteries (143 en 1995 contre 39 en 2021), les boulangeries et autant d’emplois. Face à ce système agricole et commercial mortifère, Uniterre s’insurge contre les autorités politiques qui «préfèrent débourser de l’argent public au travers des paiements directs (donc nos impôts!) plutôt que de réglementer le marché». Et de conclure: «Si nous voulons assurer la sécurité alimentaire de notre pays et augmenter le nombre de personnes actives dans l’agriculture suisse, des prix équitables et rémunérateurs sont nécessaires et urgents.»