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Près de 200 000 signatures pour le respect des droits humains

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© Olivier Vogelsang

Il est temps de ressortir la banderole orange pour des multinationales responsables.

Le 7 janvier, une vaste coalition a lancé une nouvelle initiative pour des multinationales responsables. La récolte de signatures a battu tous les records.

Pollution minière au Pérou, au Tchad, au Liberia, en Namibie, en Ethiopie, au Guatemala, à Borneo et ailleurs; déplacements forcés de populations locales et conditions de travail dangereuses, voire mortifères, pour de l’or; exploitation de travailleurs brésiliens, dont des enfants, dans les plantations de cacao utilisé pour le chocolat suisse; déforestation en Amazonie par des géants de l’agroalimentaire... La liste des violations des droits humains et environnementaux est tout aussi longue que celle de ses responsables. Soit des multinationales, aux noms plus ou moins connus, ayant leur siège en Suisse: Glencore, MKS Pamp, IXM, Sika, Argor-Heraeus, Syngenta... 

Ces sociétés, aux bénéfices astronomiques, n’ont pourtant jusqu’à présent quasi aucun compte à rendre. Preuve que le contre-projet à la première initiative sur les multinationales responsables, entré en vigueur début 2022, ne sert à rien. Par ailleurs, la Suisse sera bientôt le seul pays d’Europe à ne pas encadrer les sociétés sises sur son sol. 

Face à cette situation, la coalition pour des multinationales responsables, à laquelle appartiennent une multitude d’organisations dont Unia, relance une nouvelle initiative quatre ans après l’échec de la première sur le fil. Car si elle n’avait pas obtenu la double majorité le 29 novembre 2020, 50,7% des votants avaient votés pour.

Contrôle et sanctions

Intitulée «Pour des grandes entreprises responsables – pour la protection de l’être humain et l’environnement», cette nouvelle mouture demande aux multinationales de respecter dans leurs filiales à l’étranger les droits humains et environnementaux. Une entité de surveillance indépendante est prévue pour faire respecter leur devoir de diligence, et les amender en cas de défaillance. L’initiative permet également aux victimes de demander des réparations auprès d’un tribunal suisse. Elle s’applique à toutes les multinationales du secteur des matières premières, particulièrement à risques, ainsi qu’aux autres sociétés à partir de 1000 employés et 450 millions de francs de chiffre d’affaire. 

En appliquant cette initiative, la Suisse rejoindrait ainsi une partie des critères de l’Union européenne qui a adopté une directive sur le devoir de diligence au printemps 2024. Quelques concessions sont toutefois octroyées: la responsabilité civile ne s’applique pas aux fournisseurs et aux sous-traitants, contrairement à ce que prévoit la directive européenne, et les PME sont exclues du champ d’application de l’initiative.

Pour donner un signal fort au gouvernement, la coalition s’est lancé le défi de récolter les 100'000 signatures nécessaires en un petit mois (au lieu des 18 mois admis). Plus de mille stands sont déjà prévus un peu partout dans les rues de Suisse, les samedi 11 et 18 janvier. Le 21 janvier, le comité d’initiative annonçait avoir déjà récolté 183 661 signatures en seulement 14 jours.

Pour davantage d’informations:

www.unia.ch/resp-multinationales

Plus de 10 000 bénévoles mobilisés

Samedi 11 janvier, la récolte de signatures pour l’initiative pour des multinationales responsables a été lancée dans la rue. C’est dans un froid glacial que plus d’un millier de stands tenus par bien plus de bénévoles ont été posés partout en Suisse.

A Lausanne, dans le quartier excentré de Bellevaux, les badauds sont peu nombreux malgré les commerces alentour. Qu’importe, la sensibilisation doit se faire partout et chaque signature compte pour atteindre les 100'000 paraphes nécessaires au dépôt de l’initiative. Si des personnes se disent pressées et se dérobent, d’autres aimeraient signer mais n’en ont malheureusement pas la possibilité faute d’avoir la nationalité suisse. Une retraitée quant à elle questionne sans cacher sa colère: «Vous pensez que ça va faire bouger ces c…?» Avant de signer quand même. 

Les bénévoles présents ont pour la plupart déjà participé à la première campagne qui a débouché sur le rejet de la majorité des cantons en 2020.

Quentin explique son engagement ainsi: «C’est une cause noble, qui réunit une coalition large de partis. Cela me paraît normal de m’impliquer pour forcer les plus gros pollueurs à prendre leurs responsabilités. Nos gestes individuels d’éteindre la lumière ou de moins prendre l’avion ne pèsent pas grand-chose par rapport à la pollution de ces acteurs majeurs que sont les multinationales. Celles-ci ont leur siège en Suisse, donc on ne peut pas faire comme si cela ne nous concernait pas.» Un peu plus loin, Andrea piétine sur place pour tenter de se réchauffer. «Je milite depuis cinquante ans. Mais je ne me souviens pas avoir récolter des signatures en janvier!», lance-t-elle sans perdre le sourire. Son engagement de toujours contre les injustices et contre le capitalisme sont ses moteurs: «C’est inadmissible que des multinationales fassent travailler des enfants dans les mines, polluent des régions et s’en aillent.» Et ce, sans devoir rendre aucun compte.

Abiel quant à lui considère que la Suisse doit agir «pour empêcher que des entreprises fassent n’importe quoi dans les pays du Tiers-Monde». Et d’ajouter: «Des personnes disent ne pas être intéressées, or on devrait tous se sentir concernés.»

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