Unia a remis à la Fédération suisse romande des entreprises de plâtrerie-peinture une râpe d’or illustrant symboliquement sa radinerie
Une hausse de 1,5% des salaires: voilà ce qu’ont obtenu les menuisiers et les plâtriers-peintres romands alors qu’Unia réclamait une majoration de 3% pour couvrir le renchérissement du coût de la vie. Cette augmentation qualifiée de minime par le syndicat place cette catégorie de travailleurs en tête de liste des salariés les plus mal lotis dans les métiers du bâtiment en Valais. Pour dénoncer cette situation, Unia a décidé de remettre la semaine passée une râpe d’or à la Fédération suisse romande des entreprises de plâtrerie-peinture (FREPP) dont le siège se trouve à Sion et qui concerne quelque 22000 employés. Décerné pour la première fois, ce prix illustre symboliquement «l’attitude particulièrement grippe-sou et pingre» des patrons de la branche. «Cette hausse misérable est indigne et absolument injustifiée. Avec l’inflation, les travailleurs sont plus pauvres au 1er janvier qu’au 31 décembre dernier, a déclaré Blaise Carron, secrétaire régional d’Unia Valais, notant l’essor que connaît le secteur. Les carnets de commandes sont pleins, il manque de la main-d’œuvre.» Et son collègue Serge Aymon, responsable de la construction à Unia Valais, de renchérir: «Le montant accordé est ridicule. De surcroît, les travailleurs du domaine n’ont plus bénéficié d’augmentations réelles depuis plus de onze ans.» Le syndicaliste a précisé le salaire horaire d’un employé qualifié comptabilisant trois ans d’expérience, à savoir 29,30 francs auxquels s’ajoute désormais la hausse consentie.
Appel à la mobilisation
Les deux hommes ont aussi saisi l’occasion pour faire un point sur les négociations salariales dans les différents secteurs des métiers du bâtiment en Valais. Un bilan en demi-teinte, avec des majorations se situant entre 2% et 2,42% en moyenne (voir tableau ci-dessous). «Aucune branche n’a compensé l’intégralité du renchérissement pour ses salariés. Seuls les maçons non qualifiés percevant des rémunérations relativement basses profiteront d’une pleine compensation avec 3,13% de plus. Avec de tels résultats, il n’est même pas question de parler d’augmentation réelle des salaires, alors même que la productivité ne cesse de croître et que les entreprises enregistrent des chiffres record!» Dans ce contexte, Unia estime nécessaire que les employés se mobilisent pour augmenter leurs chances d’obtenir des solutions satisfaisantes. «Afin que l’histoire ne se répète pas, nous appelons d’ores et déjà l’ensemble des salariés du canton à se mobiliser dans l’objectif que les négociations salariales pour 2024 leur soient plus profitables et leur travail mieux reconnu.» Le syndicat a aussi assuré vouloir élargir sa présence sur le terrain tout au long de l’année dans les différentes branches d’activité concernées et accompagner ainsi les travailleurs dans leur démarche.
Augmentation au mérite
La délégation syndicale s’est ensuite rendue dans les locaux de la FREPP. En l’absence de Marcel Delasoie, son directeur, la râpe d’or a été confiée à sa secrétaire, surprise et amusée par cette intervention. Contacté plus tard par téléphone, Marcel Delasoie a estimé que ce prix «n’était pas totalement mérité». «Des propositions plus généreuses ont été faites, allant jusqu’à plus de 3% d’augmentation, mais dont une partie aurait été au mérite. Le syndicat a refusé d’entrer en matière sur ces dernières, exigeant une hausse généralisée. Nous déplorons cette attitude. Tous les travailleurs ne font pas preuve du même engagement. Il est nécessaire de faire des différences.» Si le responsable de la FREPP reconnaît que la branche tourne à plein régime, il temporise: «Oui, il y a beaucoup de travail, mais il peut y avoir aussi des problèmes de marges, de moyens. Les situations diffèrent selon les entreprises; certaines n’ont pas pu adapter leurs prix, des coûts de matériaux ont augmenté, et elles doivent faire face à des difficultés. Les patrons sont conscients qu’ils ont besoin des travailleurs. Les sociétés qui le peuvent seront reconnaissantes et verseront davantage à leurs employés.»