Sous-traitance en cascade : victoire syndicale
Après une demi-journée de grève, des ouvriers ont réussi à récupérer les salaires impayés par un sous-traitant de 3e degré
C'est un scénario assez classique, sauf que, une fois n'est pas coutume, l'histoire se termine en happy end pour les travailleurs. Le thème est celui de la sous-traitance en cascade, une pratique que les syndicats dénoncent depuis des années, car elle se fait en général sur le dos des ouvriers.
Le décor: le chantier d'un petit immeuble sur la commune de Collex-Bossy, dans le canton de Genève. L'architecte mandate une entreprise vaudoise du second œuvre, qui sous-traite le travail à une deuxième entreprise. Celle-ci fait de même et sous-traite à une troisième entreprise genevoise. Cette dernière réalise le travail, mais vers la fin du chantier, cesse de verser les salaires de ses cinq ouvriers qui y sont actifs. Lesquels terminent donc le mois d'avril sans être payés, et font appel à Unia pour les aider.
«Comme chaque intermédiaire se prend entre 20% et 25% de marge juste pour repasser le travail plus loin, le sous-traitant qui est au bout de la chaîne ne touche pas assez d'argent pour payer correctement ses employés, dénonce José Sebastiao, secrétaire syndical à Unia Genève. Je ne comprendrai jamais pourquoi, dans ce genre de situation, la première entreprise mandataire accepte le travail si elle n’est pas capable de le réaliser elle-même.»
La lutte paie
Ayant tout tenté en vain pour récupérer leurs salaires, les ouvriers décident alors de se mettre en grève. Le résultat ne se fera pas attendre. Après seulement une demi-journée d’arrêt du travail, des discussions s’engagent avec l’architecte et la première entreprise mandataire. Finalement, celle-ci accepte d’assumer sa responsabilité solidaire et procède au paiement des salaires.
Tout est bien qui finit bien, serait-on tenté de dire, si ce n’est que ce genre de cas reste, hélas, monnaie courante. Pour Unia, «cette affaire montre une fois de plus qu’il est urgent que les pouvoirs politiques prennent la mesure du problème». En mars, les syndicats ont soumis une série de propositions à la conseillère d’Etat genevoise Delphine Bachmann, à la tête du Département de l’économie et de l’emploi, pour lutter entre autres contre les dérives de la sous-traitance. Ils viennent seulement d’apprendre qu’un groupe de travail devrait être mis sur pied.
«La meilleure manière de faire plier les entreprises, c’est la mobilisation», en conclut pour sa part José Sebastiao.