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Suspension d’une CCT = baisse des salaires

La disparition ou la suspension d’une convention collective de travail (CCT) peuvent avoir des conséquences dramatiques pour les salariés concernés, en particulier sur le plan des revenus. L’exemple de la branche de la coiffure.

Bien que les CCT occupent une place importante sur le marché du travail suisse, on ne connaît guère leur impact, ni sur les entreprises, ni sur les travailleuses et les travailleurs. Les salaires sont-ils plus élevés dans un secteur économique soumis à une CCT? Si oui, est-ce que ce sont les salariés, les entreprises ou les clients qui doivent assumer ces salaires?

Deux ans de vide conventionnel…

Dans le cadre d’un master à l’Université de Berne, une étude menée dans la branche de la coiffure, rapportée dans le numéro de décembre 2024 de La Vie économique, répond à ces questions. Elle a examiné l’impact des salaires minimums négociés par les partenaires sociaux sur la répartition salariale dans ce secteur. Or, cette branche a connu un vide conventionnel de 2007 à 2009, les partenaires sociaux n’étant pas parvenus à s’entendre sur une nouvelle convention.

… et forte baisse des salaires

Le résultat ne s’est pas fait attendre. L’étude montre que la part des bas salaires a nettement augmenté, alors que les salaires les plus bas ont disparu dès 2010, au moment de la réintroduction des salaires minimums. L’analyse suggère aussi que la suspension de la CCT a entraîné une baisse moyenne des salaires de 6,1%, les salaires des 10% des travailleuses et des travailleurs les moins bien payés ayant même diminué d’environ 18%! Parmi le personnel très bien payé du secteur, on n’a en revanche pas observé d’effet salarial à la baisse. L’étude montre aussi que les salaires sont repartis à la hausse après la réintroduction de la CCT en 2010, mais qu’il a fallu attendre 2012 pour qu’ils se remettent entièrement de la suspension de la CCT.

Une arme contre la sous-enchère

Dans l’ensemble, cette analyse montre que les salaires minimums fixés dans une CCT stabilisent la rémunération des personnes à bas revenu, tandis que l’absence de CCT entraîne une baisse de ces salaires. Autrement dit, les conventions collectives sont une arme essentielle pour combattre la sous-enchère salariale. Il est bon de le rappeler avec force aujourd’hui, dans la mesure où une extension facilitée ou non des CCT pèsera d’un poids important dans l’appréciation que les syndicats porteront sur les accords entre la Suisse et l’Union européenne, mais aussi parce que la moitié des salariés suisses ne bénéficient pas d’une convention collective de travail.

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