«Parce que je touche le revenu d’insertion, je n’ai pas le droit d’aider?»
La solidarité peut ressembler à un chemin de croix. La présidente d’Opre Rrom, Vera Tchérémissinoff, a eu des déboires avec sa régie pour avoir hébergé une famille rom. «J’ai dû me battre deux fois devant le préfet, car la gérance estimait que je sous-louais sans autorisation. Elle voulait donc me mettre à la porte. J’ai toujours gagné, car je n’ai jamais demandé un centime. C’était un geste purement humanitaire.»
A ses côtés, Philippe soutient le travail de l’association depuis longtemps. Touchant un complément du revenu d’insertion (RI) (car sa retraite française n’est pas suffisante), on lui a notifié il y a quelques semaines qu’il ne toucherait plus ce complément, car il hébergeait une famille rom. «Je leur ai expliqué que ce n’était pas le cas, et que je réceptionnais seulement leur courrier. Car, pour de nombreuses démarches, la recherche de boulot par exemple, une adresse est nécessaire. On m’a alors dit que je n’avais pas ce droit non plus.» Dépité, il ajoute: «Parce que je touche le RI, je n’ai pas le droit d’aider? En plus, on m’a fait entendre que je devrais rembourser ce que j’avais touché. J’ai également peur de perdre mon permis C. Je suis en Suisse depuis 17 ans, et j’aime ce pays. Mais là, je suis déçu.»
Malgré son grand cœur, il n’a plus d’autre choix que de demander à cette famille de changer son inscription au Contrôle des habitants. Du côté de la Ville, Judith Bovay, cheffe du Service social Lausanne ne peut donner d’informations sur des cas particuliers pour des raisons de secret de fonction et de protection de la personnalité. Elle souligne toutefois: «De manière générale, le RI (qui est l’aide sociale dans le canton de Vaud) est calculé en fonction de la composition des ménages et s’appuie sur les données figurant au Contrôle des habitants. Le calcul du droit se fait en fonction du nombre de personnes et des types de relations entre elles. Par exemple, les colocataires se partagent les frais de loyer…»