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Unia Valais prêt à lancer le référendum sur les horaires des magasins

Mosaïques de photographies de l'événement.
© Olivier Vogelsang

Les premières assises du tertiaire valaisannes ont permis aux militantes et militants d’Unia de discuter des enjeux de la révision de la Loi cantonale sur les ouvertures des magasins, présentés par Blaise Carron (à gauche). Les échanges ont aussi porté sur les conditions de travail dans l’hôtellerie-restauration, en présence de Mauro Moretto (à droite), responsable national de la branche à Unia.

Les participants aux assises du tertiaire, réunies la semaine dernière, se sont montrés déterminés à s’opposer à la détérioration des conditions de travail dans la vente

Unia est prêt à lancer le référendum contre l’extension des heures d’ouverture des commerces valaisans. Dans le cadre des premières assises du secteur tertiaire d’Unia Valais, réunies le 14 novembre à Sion, le personnel de la vente a exprimé sa détermination à s’opposer aux détériorations des conditions de travail provoquées par la révision de la Loi concernant l’ouverture des magasins (LOM).

Dans un groupe de travail consacré à la vente, Blaise Carron, le secrétaire régional d’Unia Valais a d’abord présenté les enjeux de la révision de la LOM. L’objectif affiché du Conseil d’Etat est de donner davantage de latitude aux commerces concernant les horaires. Au départ, il envisageait une extension des ouvertures de 18h30 à 20h en semaine et de 17h à 18h le samedi et les veilles de jours fériés. Unia était monté au créneau durant la consultation et, depuis, le gouvernement a mis un peu d’eau dans son vin. Dans le projet soumis au Grand Conseil, les fermetures ont été ramenées, respectivement, à 19h et à 17h30. C’est toujours inacceptable. «Il s’agit clairement d’une attaque contre les conditions de travail.» L’autre aspect contesté de la révision concerne la modification des critères fixant les zones touristiques où les commerces peuvent ouvrir tous les jours jusqu’à 21h. «Il y a une volonté un peu insidieuse d’étendre les zones touristiques. Sion, par exemple, pourrait obtenir ce statut», prévient Blaise Carron.

La révision sera examinée par le Parlement au mois de décembre. «Il faut qu’on s’organise.» Celui qui est aussi député socialiste propose de déposer des amendements. Les participants s’accordent pour maintenir un statu quo sur les heures d’ouverture. Une vendeuse intervient: «Il y a un problème avec Hornbach ouvert dès 7h. Il faudrait qu’il n’y ait pas d’ouverture avant 8h30.» Une collègue souligne: «En commençant si tôt, il est difficile de concilier le travail avec la vie familiale.» Un amendement sera aussi présenté en ce sens. Blaise Carron propose également que les militants aillent à la rencontre des parlementaires en leur distribuant un tract du personnel. Un atelier pancartes sera organisé à cette fin.

Le syndicaliste peine toutefois à cacher son pessimisme sur l’issue des travaux parlementaires. «Nous risquons bien de devoir faire un référendum. Si nous ne le lançons pas, ils se diront que nous n’avons pas bougé et ils iront encore plus loin. Il faudra récolter 3000 signatures, cela veut dire qu’il faudra se mobiliser, les partis nous aideront, certes, mais nous devrons surtout compter sur nos propres forces. Si nous arrivons en votation, nous avons de bonnes chances de gagner, la population est plutôt solidaire, elle a de la sympathie pour vous, elle connaît vos conditions de travail et d’engagement. Et, si nous gagnons, nous pourrons peut-être revenir à la table des négociations pour une convention collective de travail.»

Améliorer le CTT de la vente

Le groupe de travail a aussi abordé d’autres problèmes rencontrés dans la branche. «Il y a beaucoup de travail sur appel dans la vente. S’il y a du monde, qu’on a besoin de vous, on vous appelle, sinon on reste à la maison. Moi, je suis passée en fixe, mais auparavant, durant la pandémie, il y a eu des mois où je n’ai rien gagné», déplore une salariée. «Des employeurs proposent des contrats à 50% pour éviter de payer le 2e pilier et ne permettent pas de travailler ailleurs. On m’a ainsi donné des horaires compliqués m’empêchant de conjuguer un autre emploi», témoigne une autre travailleuse. «Vous êtes en droit d’avoir un autre emploi si votre employeur ne garantit pas un 100%. Sous prétexte de non-concurrence, on ne peut pas empêcher un salarié de travailler dans son domaine de prédilection», répond Francine Zufferey, responsable du secteur d’Unia Valais. La discussion se poursuit: «Il faut arrêter de nous dire de rentrer quand il n’y a plus de travail.» Une collègue intervient: «La dernière fois que mon patron m’a demandé cela, j’ai rétorqué: heures planifiées, heures payées. Il n’a pas osé recommencer!» Il y a aussi la problématique des horaires coupés. «Vous ne pouvez pas aller skier et vous pensez toute la journée au boulot», soupire un participant.

Unia va saisir le Service du travail en proposant que le Contrat-type de travail cantonal de la vente soit modifié afin de bannir le travail sur appel et les contrats sans garantie d’heures de travail, de limiter la journée de travail à dix heures, en comprenant les pauses et le repas, et de s’assurer que les heures planifiées ne puissent pas être annulées au dernier moment et soient payées.

Conclusion de Blaise Carron: «Nous devons améliorer les conditions générales, car le rapport de force est défavorable aux salariés sur le plan individuel.»

«Nous voyons que nous ne sommes pas seuls»

Depuis plusieurs années, les assises de la construction d’Unia Valais rencontrent un succès certain. Responsable du tertiaire d’Unia Valais, Francine Zufferey a voulu que son secteur dispose aussi de sa journée, l’occasion de lancer une nouvelle dynamique. «Il est important de pouvoir s’appuyer sur des salariés qui s’organisent au sein des entreprises et deviennent des acteurs, tant au sein de la branche que sur le plan politique, afin que nous ayons plus de force pour améliorer les conditions-cadres», explique la secrétaire syndicale.

Une soixantaine de membres ont signalé être intéressés, mais c’était mission impossible pour l’organisatrice de trouver la date qui convienne à tous. Du coup, avec les excusés grippés, c’est une vingtaine de personnes qui se sont retrouvées au Restaurant de l’Aéroport de Sion le 14 novembre. A l’exception d’un travailleur de la logistique, les membres du syndicat présents provenaient de la vente ou de l’hôtellerie-restauration – le lundi favorisant ces deux branches.

Soulignons qu’il a été aussi beaucoup question des conditions de travail dans l’atelier réunissant le personnel de l’hôtellerie-restauration. Les intervenants ont notamment dénoncé les horaires coupés et irréguliers, le non-respect des heures de pause et le manque de week-ends. Ils ont réclamé que les années d’expérience soient prises en compte et demandé plus de contrôles d’hygiène.

Au final, les participants ont tiré un bilan positif de ces premières assises du tertiaire. «Nous avons eu des échanges fructueux, que nous n’aurions d’ailleurs pas pu avoir à cinquante. Et nous avons pu constater que nous ne sommes pas seuls et que nous partageons les mêmes objectifs», a dit une salariée. «Je reviendrai», a promis un collègue.

La rencontre s’est conclue, comme il se doit, autour d’un verre de vin et d’une assiette de salaisons.

Francine Zufferey remettra le couvert l’année prochaine. «Il y aura quelques points à améliorer, nous organiserons certainement plusieurs séances pour que les personnes intéressées puissent participer, comme l’a suggéré une militante.»

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