Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

Uber ou l’art de l’enfumage

Pancarte sur laquelle on peut lire: Halte au dumping.
© Neil Labrador

Unia met en garde les conducteurs d’Uber contre l’assurance proposée.

Uber propose à ses chauffeurs et ses coursiers une «assurance», qui prévoit des prestations dont les employés de la société ont de toute façon droit

Uber propose désormais à ses chauffeurs en Suisse une «assurance», qui prétend couvrir la maladie, les accidents et les congés paternité et maternité. Selon le communiqué diffusé fin mai par un cabinet de conseil de la place roulant pour la société de transport, ce programme nommé «Protection partenaire» a été conçu en partenariat avec le groupe Axa «pour offrir davantage de sécurité aux partenaires Uber sans restreindre leur indépendance à laquelle ils sont très attachés, comme l’ont démontré plusieurs enquêtes»; il est «entièrement financé par Uber, sans frais pour les chauffeurs et les coursiers Uber Eats». Si l’on en croit l’entreprise technologique, 150000 chauffeurs et coursiers d’une vingtaine de pays européens bénéficieraient déjà de cette prestation. Sur la plateforme helvétique que nous avons consultée, la présentation de «Protection partenaire» renvoyait d’ailleurs au site français.

Pour Unia, il s’agit d’un «concept d’assurance absurde et inutile» et même d’une «honte» dans la mesure où les chauffeurs ainsi que les coursiers «ont de toute façon droit à ces prestations et dans une bien plus large mesure car, sur le plan juridique, ils sont considérés comme des employés d’Uber». La caisse accidents Suva, le Secrétariat d’Etat à l’économie et, plus récemment le Tribunal des prud’hommes de Lausanne ont en effet conclu que les chauffeurs exercent une activité dépendante et doivent être considérés comme des employés. A la maladie, les accidents et les congés pour les naissances, il convient d’ajouter, comme le rappelle le syndicat dans un communiqué, le remboursement des frais professionnels, une assurance responsabilité civile pour le transport professionnel de personnes, l’assurance chômage et la prévoyance vieillesse (AVS et 2e pilier): «Autant de prestations qu’Uber doit fournir à ses employés.»

«Démarche publicitaire»

«Il s’agit pour nous d’une démarche publicitaire qui relève d’une stratégie de communication ou, pour le dire autrement, d’un enfumage», souligne Umberto Bandiera, responsable romand de la branche transport d’Unia. Relevons que cette annonce d’Uber intervient au moment où la société a déposé un recours auprès du Tribunal cantonal contre le jugement des prud’hommes lausannois pour licenciement abusif d’un conducteur.

«Faute d’avoir pu consulter la police d’assurance, nous ne connaissons ni le montant des indemnités ni les conditions d’octroi. Reste que cette annonce crée un précédent inacceptable dans notre pays. Une entreprise décide seule et de manière quasi secrète des conditions sociales de ses employés, c’est du jamais-vu. Cette tentative d’introduire un système d’assurance arbitraire et privatisé doit alerter les autorités. De notre côté, cela ne fait que confirmer notre position sur l’illégalité de l’activité pratiquée par Uber», explique le secrétaire syndical, avant d’inviter encore une fois la multinationale «à respecter le cadre légal en Suisse et à assumer ses devoirs d’employeur».

Unia appelle aussi les conducteurs d’Uber à se mettre en rapport avec lui. Cela en vaut la peine. Le syndicat a déjà déposé une vingtaine de dossiers sur la table des prud’hommes de Genève. Affaire à suivre.

Pour aller plus loin

Nouvelle opposition contre des extensions d’horaires

Un double référendum, soutenu par Unia, est lancé contre les prolongations des horaires d’ouverture des magasins à Echallens

«Vous signez un chèque en blanc aux organisations patronales»

Danielle Parmentier et la lettre géante.

A Genève, le comité référendaire, opposé à la prolongation des horaires de magasins, a remis une lettre ouverte au Conseil d’Etat

DPD: Unia se battra aussi longtemps qu’il le faudra

Action d'Unia devant le dépôt de Bussigny en février 2021.

Si des améliorations des conditions de travail sont constatées, l’ouverture d’un dialogue ne semble pas encore à l’ordre du jour de la direction de la multinationale

150 coursiers toujours menacés de licenciement

De dos, un coursier se préparant.

A l’issue de la procédure de consultation, le personnel d’AlloService a demandé son réengagement par Smood, la plateforme pour laquelle il roulait