Soutien politique aux employés de Symetis
Le 19 décembre 2019, après plus d’une semaine d’arrêt de la production, la grève était suspendue chez Symetis (Boston Scientific). Au niveau politique, deux jours auparavant, le Grand Conseil vaudois votait à 134 voix contre 1 (et deux abstentions) une résolution demandant au Conseil d’Etat d’intervenir auprès de la direction de la medtech pour que celle-ci reporte le délai de consultation et assure l’accès aux informations de la société par le personnel. Une résolution qui dénonce: «Dans le cadre de ce conflit collectif, la direction de Boston Scientific, deux ans seulement après le rachat de Symetis, refuse de rencontrer la délégation syndicale élue par l’assemblée, ne respectant pas les droits fondamentaux des travailleuses et des travailleurs.» Durant le débat, plusieurs députés, tous partis confondus, se sont inquiétés de la tendance générale des multinationales à venir se servir du savoir-faire de la région, avant de repartir.
Le conseiller d’Etat en charge de l’Economie, le libéral Philippe Leuba, a indiqué avoir entamé, depuis le 27 novembre, des négociations avec la direction de Symetis et de Boston Scientific. «Nous sommes engagés dans ce dossier pour éviter la délocalisation», a-t-il martelé. Il a mentionné plusieurs séances avec la direction d’Ecublens, une conférence téléphonique avec Boston Scientific aux Etats-Unis, ainsi que des contacts avec le syndicat Unia, «car, nous, nous acceptons de discuter avec le mouvement syndical». Il a ajouté avoir proposé à la direction de «constituer un groupe de travail pour discuter du maintien de l’entreprise ici». «Cette main tendue n’a pas été saisie. Nous avons voulu ensuite instaurer un vrai dialogue entre les différents partenaires en les réunissant. Cette deuxième main n’a toujours pas été saisie.» Et de rappeler que «la prospérité d’une entreprise et d’une région repose sur le partenariat social».
La même semaine, les grévistes envoyaient une lettre à l’attention de Philippe Leuba, lui demandant non seulement de s’engager pour les places de travail et pour le site, mais aussi d’améliorer le cadre légal pour éviter de «tels pillages industriels». Et de dénoncer l’opportunisme de Symetis qui a profité «d’un environnement favorable lié aux pôles de recherche des écoles polytechniques, des universités suisses et des centres hospitaliers universitaires».
Pour rappel, Symetis a été racheté en mars 2017 par Boston Scientific pour 435 millions de dollars. Fort de son milliard de bénéfices (en 2018), le géant américain a investi dans le site d’Ecublens. La moitié des employés actuels ont été engagés cette année, certains après avoir été débauchés. Le 20 novembre, la direction annonçait la délocalisation du site en Irlande, soit la suppression de 140 postes environ. Selon Unia, «si Boston Scientific peut délocaliser si facilement sans entraves, il s’agira d’un véritable appel d’air pour l’ensemble des entreprises».