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Virus ou pas, les femmes ne lâchent rien!

Mobilisation à Lausanne.
© Thierry Porchet

La journée du 8 mars a été célébrée partout en Suisse, après certains accommodements exigés par l’épidémie en cours

Dans toute la Suisse, et dans le monde, des voix féminines ont retenti ce dimanche 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale des femmes. En Suisse romande, même si les manifestations d’ampleur ont dû être annulées en raison des directives fédérales interdisant tout regroupement de plus de 1000 personnes, à Genève et à Lausanne notamment, les actions revendicatives ont fleuri sur les places des grandes villes. A Genève, parmi d’autres événements, tambours, casseroles et sifflets ont retenti à 15h24 sur la place des Grottes, celle de la Navigation et ailleurs pour marquer ce moment de la journée à partir duquel les femmes ne sont plus payées. Les employées du Mövenpick se sont aussi engagées pour dénoncer leurs conditions de travail (voir ci-dessous). A Fribourg, le rassemblement dans le parc du Domino ayant été interdit, la mobilisation s’est déroulée sur les réseaux sociaux, pour rendre visible le travail des femmes. A Neuchâtel, Bienne, Porrentruy, Delémont ou encore en Valais, les militantes ont manifesté de multiples manières pour faire avancer leur cause. Cette nouvelle grève des femmes, qui devait mettre à l’honneur le travail de care et celui indispensable dans les services de santé, dans les transports, les hôtels, a été l’occasion d’exprimer un vaste panel de revendications autour des discriminations sexistes, des inégalités salariales, de la violence envers les femmes ou encore de l’éducation.

Action devant l'hôtel Mövenpick à Genève.Genève: «Basta» à une précarisation orchestrée!

Les employées de l’hôtel cinq étoiles Mövenpick à Genève ont choisi d’agir lors de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes pour dénoncer leur direction qui, selon Unia, «les presse comme des citrons». Elles ont choisi cette journée pour dire «basta!» à une précarisation orchestrée touchant les très nombreuses employées n’ayant pas de contrat fixe. Pour ces dernières, aucune heure de travail ne leur est garantie, les mettant ainsi à la merci d’une flexibilité totale et d’incertitudes. Dans certains départements, indique Unia, ce personnel nommé «extra fixe» est largement majoritaire. Dimanche, plusieurs salariées ont dénoncé les dérives d’un tel système (nous y reviendrons dans notre prochaine édition), ainsi que leur salaire minimum extrêmement bas, raboté parfois des heures de pause, qui s’élève à 19,07 francs de l’heure, soit 3470 francs par mois pour un plein temps. Accompagnées de plusieurs de leurs collègues, des employées ont déposé une résolution auprès de la direction lui demandant «des changements profonds, comme des contrats fixes pour tout le personnel, l’enregistrement et le paiement de toutes les heures de travail, ainsi que le respect de la Convention collective nationale et de la loi.»
Photo Eric Roset

Brasero.Neuchâtel: au feu le patriarcat!

Plusieurs centaines de femmes neuchâteloises se sont réunies dans la cour du collège de la Promenade pour exiger du respect, du temps et de l’argent. Comme ailleurs, près de quatre-vingts d’entre elles ont interprété la flash mob «Un violador en tu camino». Les participantes ont aussi jeté dans des braseros des baguettes de bois sur lesquelles étaient inscrites toutes les tares de la société patriarcale: inégalités salariales, discriminations, viols, mépris, etc. Un feu dans lequel le patriarcat devait être réduit en cendres. Les Neuchâteloises se sont aussi connectées avec des femmes luttant dans le monde, comme en Espagne, en Allemagne, au Brésil, en Afrique ou au Kurdistan.
Photo Neil Labrador

Flash mob de femmes munies de brosses et balais.Bienne: solidarité et travail
de care à l’honneur

A Bienne, la place de la Gare a été fortement animée durant cette journée du 8 mars. Les femmes étaient invitées à y venir avec leur linge ou leurs appareils ménagers. Des danses de femmes kurdes, des chants d’une chorale féministe, et la flash mob du jour, agrémentée de brosses et de balais, ont ponctué un après-midi combatif, marqué aussi par la solidarité avec toutes les femmes, d’ici et d’ailleurs.
Photo Neil Labrador

Action à Crans pour récolte de signatures pour l'initiative pour une 13e rente AVS.Valais: pour une 13e rente et l’égalité salariale

Des militantes d’Unia se sont rassemblées à Crans en Valais pour exiger, sous le slogan «We want more», des meilleurs salaires et l’égalité de revenu entre femmes et hommes. Elles ont aussi appelé à signer l’initiative pour une 13e rente AVS. «Plus de la moitié des femmes gagnent moins de 4000 francs par mois. Cela a un impact sur les rentes vieillesse par la suite. Un tiers des retraitées n’ont que l’AVS pour vivre et pour celles bénéficiant d’une rente du 2e pilier, cette dernière est en moyenne deux fois plus basse que celle des hommes», souligne Unia Valais dans un communiqué. D’où l’importance de renforcer l’AVS avec une 13e rente. Le collectif féministe valaisan s’est lui mobilisé à Anzère pour demander, notamment, la reconnaissance du travail de care. Des bonnes-femmes de neige ont été réalisées pour l’occasion.
Photo Unia

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