Face au coronavirus, tous les temporaires ne sont pas égaux
Raphaël, temporaire dans l’horlogerie
«Le 16 mars, nos responsables nous ont expliqué que l’entreprise allait certainement fermer ses portes avant la fin de la semaine et que les employés fixes seraient mis en arrêt de travail payé par l’employeur. Par contre, pour les temporaires, dans un souci de ne pas perdre cette force de travail, ils nous ont promis que les contrats n’allaient pas être interrompus. Mais ils ne voulaient pas nous payer, et ils nous ont demandé de nous renseigner et de trouver une solution avec notre agence temporaire. Le lendemain, la décision est tombée: tout le monde rentre chez soi et les contrats temporaires sont résiliés avec effet immédiat.»
Lionel, temporaire sur un chantier
«J’ai été placé par BM emploi sur un chantier de Losinger à la rue Kammacher. On était trois temporaires sur le chantier. Le 16 mars, c’est le chef de chantier qui nous a dit de tous rentrer chez nous. On voyait bien que les mesures sanitaires n’étaient pas prises. Il nous a juste dit: “On se retrouve la semaine prochaine.” On m’a d’abord annoncé que le chantier était fermé pour l’instant et qu’on allait tous être mis en RHT, puis qu’on reprendrait tous à la réouverture. Le 23 j’ai donc pris contact avec ma boîte temporaire pour savoir comment ça allait se passer et demandé des suites quant à la demande de chômage partiel. C’est là qu’ils m’ont annoncé que j’avais été licencié le 16 alors que, le matin même, on m’avait dit que j’avais été mis au chômage partiel. L’entreprise temporaire m’a donc licencié en quelque sorte rétroactivement le 23 mars par e-mail en indiquant que j’aurais soi-disant été licencié le 16. Je m’y suis opposé. Ils se permettent vraiment n’importe quoi avec les temporaires.»
Kevin, temporaire à l’aéroport
«Ces dernières semaines, nous avons été particulièrement exposés à une contamination du coronavirus. Les affirmations du 23 mars du directeur général de Genève Aéroport (GA), André Schneider, selon lesquelles des mesures de protection sanitaire et de sécurité pour les employés ont été mises en place le 20 janvier, se heurtent à la réalité observée sur le terrain. Le week-end du 14 et 15 mars, la présence des passagers dans l’aérogare dépassait largement les recommandations de l’ordonnance du Conseil fédéral du 13 mars. Les jours suivants, certains développaient déjà des symptômes liés au Covid-19 et devaient rester chez eux. L’application des mesures de l’ordonnance ne fut possible qu’à partir du 17 mars (et non pas depuis janvier) grâce à la réduction importante des vols commerciaux et donc des passagers, mais aussi au filtrage à l’entrée de l’aéroport. C’est également à cette même date que GA s’est finalement résigné à distribuer des gants et des masques aux employés, mais cela seulement parce que des agents en ont fait la demande. Aujourd’hui, nous exigeons la garantie de nos emplois et nos salaires par l’indemnisation RHT et la création d’un fonds spécial pour combler le manque à gagner.»