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Le personnel de santé tire de nouveau la sonnette d’alarme

Manifestation à Neuchâtel lors de la Journée des soins 2021.
© Olivier Vogelsang

Plusieurs mobilisations se sont déroulées l’an dernier pour réclamer de meilleures conditions de travail dans les soins, comme ici à Neuchâtel en mai 2021. L’Alliance des professions de la santé appelle, le 26 novembre, à un nouveau rassemblement à Berne, sur la place Fédérale.

Face à l’exode massif de soignants, l’Alliance des professions de la santé, intégrant les syndicats, réclame des mesures d’urgence et appelle à une nouvelle mobilisation

Chaque mois, 300 soignants quittent la profession! Un chiffre qui comprend l’ensemble du personnel du secteur de la santé actif dans les hôpitaux, les cliniques privées, les homes ou encore l’aide à domicile. Cet exode massif menace une prise en charge appropriée et de qualité des patients. Face à cette situation et afin d’enrayer les départs, l’Association suisse des infirmières et infirmiers (ASI) avec Unia, le Syndicat des services publics et Syna – regroupés dans l’Alliance des professions de la santé – demandent la mise en œuvre de mesures d’urgence. Et appellent à une nouvelle mobilisation le 26 novembre prochain à Berne, sur la place Fédérale. «Cette action a valeur de piqûre de rappel, près d’un an après que la population s’est prononcée en faveur de l’initiative pour des soins infirmiers forts», précise Véronique Polito, vice-présidente d’Unia et responsable du secteur tertiaire. «C’est un cri d’alarme. Le personnel souhaite faire entendre sa voix en l’absence de conditions-cadres propres à améliorer les conditions de travail comme le demande le texte sur lequel nous avons voté. Et cela alors que les partenaires sociaux ne sont pas impliqués dans les discussions», poursuit la syndicaliste, notant une certaine accélération de l’abandon du métier imputée à la fatigue accumulée en raison du Covid et à une stagnation de la situation. Un constat inquiétant.

Stopper le flux des démissions

Dans un communiqué commun, les partenaires soulignent que les besoins en soins aux personnes âgées et sur le long terme augmenteront de 56% d’ici à 2040. Précarité aussi mentionnée dans les hôpitaux où «les postes vacants et les lits fermés sont une réalité». D’où la nécessité d’engager des personnes, mais aussi de parvenir à les fidéliser. «Nous travaillons avec de moins en moins de personnel et devons être toujours plus flexibles. Il est très frustrant de voir que les politiques ne bougent que lentement», constate Natalie Dohner, infirmière diplômée et syndicaliste. Si l’offensive en matière de formation suit son cours au Parlement, comme prévu dans le premier volet de l’initiative, Véronique Polito reste préoccupée: «C’est un point positif, mais il faudra du temps pour que les nouvelles recrues arrivent sur le marché du travail. Et elles ne suffiront pas à contrebalancer les pertes massives de personnel. Il faut réagir sans délai pour stopper le flux des démissions.» Concrètement, l’Alliance réclame l’application de cinq mesures, dont l’augmentation significative des salaires sans changement du taux d’activité ou une diminution de la durée du travail en maintenant les mêmes rémunérations.

Charges physiques et mentales

«Une majorité du personnel dans les soins de longue durée sont des femmes employées à temps partiel, avec un taux moyen de 70%. Ce facteur s’explique par la pénibilité physique du métier sans oublier la charge mentale et le risque d’épuisement professionnel.» Dans ce contexte, Véronique Polito défend la réduction du temps de travail sans amputer le salaire et une augmentation globale des effectifs. L’Alliance milite également en faveur de paiements additionnels ou de compensations en temps pour les heures supplémentaires, les horaires irréguliers, les changements de planning, etc. Elle demande par ailleurs au moins cinq semaines de vacances pour les employés jusqu’à 49 ans, six semaines dès 50 ans et sept dès 60 ans. Autres revendications: l’organisation de crèches ou la prise en charge de frais liés à la garde d’enfants, ainsi que l’enregistrement et la rémunération du temps de travail effectif. «Sur ce dernier point, dans les soins à domicile, le temps pour se changer ou pour se déplacer entre deux lieux de mission n’est pas systématiquement payé, surtout dans le secteur privé.» Face à la pénurie du personnel, les partenaires estiment nécessaire de fermer des lits et des services, et de geler les admissions dans les homes. Et demandent aux inspections du travail «d’appliquer la Loi sur le travail de manière conséquente et d’en rendre compte publiquement».

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