Les négociations pour le renouvellement de la CCT du second œuvre romand s’apprêtent à démarrer, les travailleurs ont choisi leurs revendications prioritaires
L’année 2023 est une année charnière pour le second œuvre. La Convention collective de travail (CCT) du second œuvre romand doit être renégociée. Elle règle les conditions de travail de 24000 salariés et salariées (lire également ici) et s’applique à de nombreux métiers de l’artisanat, du bois à la plâtrerie-peinture, en passant par la vitrerie, le carrelage ou la couverture des bâtiments. Des négociations avec les représentants patronaux doivent s’ouvrir dans les prochaines semaines. Unia vient de lancer une pétition qui circule sur les chantiers pour appuyer les cinq revendications principales du personnel que sont des augmentations salariales, une hausse des indemnités de repas, le paiement des pauses et des temps de trajet, ainsi qu’une meilleure organisation des chantiers.
Ces revendications ont été votées par les délégués du syndicat après avoir été plébiscitées sur les lieux de travail par plus de 2000 de leurs collègues au travers d’une enquête réalisée l’année dernière. Les salariés veulent obtenir une indemnité de repas de vingt francs, pour tous, tous les jours et sans conditions. Actuellement 18 francs sont dus si l’employeur exige qu’on reste sur le chantier, mais aucune indemnité n’est versée aux ouvriers occupés en atelier. Les travailleurs demandent aussi le plein paiement des trajets professionnels. Chaque jour, la première demi-heure de transport n’est, en effet, pas rétribuée, ce qui revient à 2h30 de travail gratuit chaque semaine. Les salariés souhaitent également bénéficier de pauses payées le matin et l’après-midi. Ils exigent que les chantiers soient bien organisés, disposent de moyens de levage et de portage, de vestiaires chauffés et de sanitaires propres, avec prise en compte des besoins spécifiques des femmes. Les travailleurs ont encore placé en tête de leurs revendications un supplément de 25% pour toutes les heures supplémentaires. Aujourd’hui, ce supplément n’est versé qu’à partir de 45 heures par semaine.
«La colère gronde»
Lors des négociations, la délégation d’Unia va tenter de décrocher une augmentation des salaires effectifs et minimums. «Il n’y a pas eu d’adaptation des salaires minimums depuis six ans et les salaires effectifs n’ont été indexés que de 1,5% cette année. Les associations patronales refusent d’ailleurs depuis dix ans toute véritable valorisation de ces derniers. Cette attitude alimente une spirale de sous-enchère qui ne profite pas aux entreprises et qui se règle surtout sur le dos des ouvriers dont la colère gronde. Les métiers du bois, de la plâtrerie-peinture ou du carrelage font face à une pénurie de main-d’œuvre, il y a urgence à les revaloriser, non seulement parce que le pouvoir d’achat des salariés s’est érodé, mais aussi pour garantir l’avenir de ces branches», explique Aldo Ferrari, responsable de la délégation syndicale aux négociations et coresponsable du secteur des arts et métiers d’Unia.
Le syndicaliste ne cache pas que les négociations à venir s’annoncent difficiles, mais elles devraient être accompagnées d’une mobilisation sur les chantiers et dans les entreprises. Le 1er mai, tous les travailleurs seront invités à converger vers Lausanne pour une grande démonstration du second œuvre romand.
La pétition peut être signée sur: unia.ch/sor (aucun nom ne sera communiqué aux associations patronales).