Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

Les salaires minimums dans les commerces neuchâtelois devraient augmenter

La nouvelle CCT de la vente neuchâteloise devrait entrer en vigueur à la fin de l’année.
© Neil Labrador / archives

La nouvelle CCT de la vente neuchâteloise devrait entrer en vigueur à la fin de l’année.

Une assemblée du personnel de la branche a approuvé la nouvelle Convention collective de travail négociée entre Unia Neuchâtel et les associations patronales

Bonne nouvelle pour le personnel de la vente, ainsi que les salariés des pharmacies et des opticiens du canton de Neuchâtel. Une nouvelle Convention collective de travail (CCT) neuchâteloise du commerce de détail devrait entrer en vigueur à la fin de l’année avec des améliorations à la clé. Le 15 mars, une assemblée du personnel de la branche a approuvé le résultat des négociations entre Unia et les associations patronales. Certaines d’entre elles doivent toutefois encore le ratifier en assemblée.

La nouvelle CCT prévoit d’augmenter les salaires minimums de 2% à 5% suivant la catégorie professionnelle, explique Sandrine Maeder, secrétaire syndicale d’Unia Neuchâtel. «Beaucoup de vendeurs et de vendeuses ne gagnent que le minimum de la convention, ils devraient voir la différence sur leur fiche de paie en 2024.» Une nouvelle catégorie salariale est, en outre, introduite qui profitera aux personnes disposant d’une attestation de formation professionnelle. En y ajoutant quelques années d’expérience, celles-ci pourront bénéficier de la même rémunération que le personnel titulaire d’un CFC.

Sur le plan des congés, les petits magasins, soit ceux comptant moins de quinze postes équivalent plein temps, devront libérer leur personnel le 26 décembre ou le 2 janvier, au choix. Il ne s’agit toutefois pas d’un jour de congé en plus, mais cela permettra aux personnes concernées de marquer une véritable pause durant les fêtes de fin d’année. «Nous aurions voulu que les grands magasins s’engagent aussi en ce sens, mais cela a été hors de question pour eux», regrette Sandrine Maeder. Les commerces plus importants et les pharmacies devront, par contre, accorder une semaine supplémentaire de vacances pour leurs collaborateurs qui ont passé plus de vingt ans dans l’entreprise ou qui sont âgés de plus de 55 ans avec cinq ans de boîte. Ils bénéficieront ainsi de six semaines de vacances. Quant au congé paternité, il se montera à trois semaines dans cette catégorie d’établissement, contre deux selon la loi fédérale.

Négociations difficiles

Les négociations ont duré deux ans et elles ont été «difficiles», relate la syndicaliste. «Il y a d’abord eu le Covid, puis la guerre en Ukraine, les employeurs se sont appuyés sur les faillites, passablement nombreuses dans la branche, ou encore sur le prix de l’électricité, c’était compliqué.»

«Nos revendications étaient, au départ, très éloignées des positions des patrons. Ils ne bougeaient sur aucun point, mais voulaient, au contraire, nous ajouter une ouverture les trois lundis fériés. Nous aurions aimé faire mieux, mais nous savons que nous ne pouvons pas obtenir plus à ce stade», a assuré la secrétaire régionale d’Unia Neuchâtel, Silvia Locatelli, durant l’assemblée. «Nous avons tout de même obtenu des éléments positifs», souligne Sandrine Maeder.

La secrétaire syndicale a longtemps travaillé dans le canton de Vaud et a souvent été confrontée à des salaires inférieurs à ceux prévus par la CCT neuchâteloise. Autre avantage de la convention collective, elle offre, note-t-elle, une assurance maladie perte de gains. «Dans les boutiques de moins de deux employés, il n’y a pas d’obligation de conclure une assurance maladie perte de gains, c’est alors le Code des obligations qui s’applique avec des situations malheureuses, comme j’ai pu le constater dernièrement: une vendeuse enceinte qui est obligée de s’aliter ne touchera qu’un mois de salaire et après plus rien.»

Plus de contrôles

Sandrine Maeder se réjouit qu’un «partenariat social fort» ait pu se construire autour de la CCT. «Je crois que nous obtiendrons plus en faisant vivre ce partenariat qu’en entrant dans une confrontation stérile.» Symbole de ce partenariat, une contribution professionnelle va être introduite permettant de faire vivre la commission paritaire. Aujourd’hui, celle-ci ne pratique qu’une douzaine de contrôles des conditions de travail et d’engagements par an. «A ce rythme, il faudra cinquante ans pour visiter tous les commerces du canton», a pointé pendant l’assemblée David Taillard, le responsable du secteur tertiaire d’Unia Neuchâtel. La contribution paritaire employeurs-employés, qui ne devrait pas dépasser 3 francs par mois pour ces derniers, permettra de tripler ces contrôles et de poursuivre les contrevenants à la CCT. «En 2022, il y a deux dossiers que nous voulions emmener au tribunal, mais nous n'avons pas pu le faire faute de moyens. Ces procédures judiciaires sont très coûteuses. C’est dommage d’avoir une CCT qu’on ne peut faire respecter», indique Sandrine Maeder. Ces contributions seront remboursées à hauteur de 80% aux membres d’Unia puisqu’ils s’acquittent déjà de leurs cotisations syndicales.

L’assemblée générale s’est conclue sur un mode combatif, David Taillard appelant à inviter de nouveaux militants à intégrer le comité vente d’Unia et à rejoindre leurs collègues «qui se sont battus ces dernières années pour améliorer les conditions de travail». «Il faut que nous puissions d’ores et déjà préparer le prochain renouvellement de la CCT.»

Pour aller plus loin

Unia Valais se mobilise pour faire avancer les conditions de travail dans la vente

Une convention comme remède

Rassemblement d'assistantes en pharmacie à Ouchy

Les assistantes en pharmacie du canton de Vaud ont lancé une pétition en faveur d’une convention collective de travail

Pour un nouveau contrat-type de la vente en Valais

Unia demande au Canton d'améliorer les conditions de travail dans le commerce de détail et de revaloriser les salaires

Les vendeuses très remontées

Une vendeuse brandit une pancarte demandant des salaires décents

Lors de leur conférence de branche, les employés du commerce de détail ont exigé d’être partie prenante de la numérisation de leur métier. Ils continuent à demander de meilleures conditions de travail, notamment salariales