Témoignages
Virée après des années de service
Jacqueline Da Silva Dos Santos
«J’ai effectué plusieurs missions chez Marvinpac pour l’agence Kelly Services entre 2019 et 2022. J’étais payée environ 14 francs l’heure en tant qu’opératrice pour emballer les capsules Nespresso. J’avais plus de 50 ans et je faisais 40 heures par semaine, pour un salaire net de 2400 francs plus ou moins. On faisait soit 5h-14h, soit 14h-23h. J’ai interpellé Kelly Services à plusieurs reprises en leur disant qu’on était exploitées, mais elle n’a jamais rien voulu savoir… En 2021, j’ai glissé et je me suis déchiré les ligaments du genou. Deux mois après, j’étais remerciée. J’ai mis des mois à me remettre de cet accident.
On nous prenait pour des robots, et en plus, on était payées une misère! Je n’arrivais pas à vivre avec un tel salaire, cela m’a d’ailleurs valu plusieurs soucis financiers. J’ai toujours refusé de me laisser marcher sur les pieds: quand on a raison, il faut se défendre. Quant au jugement à venir, j’y crois, je suis sûre qu’on va gagner!»
La pire expérience de sa vie
Sophie*
«J’étais opératrice, puis conductrice de ligne pendant dix mois durant le Covid, en charge des produits cosmétiques. J’étais payée 17,50 francs l’heure, net. J’avais beau travailler dur, bosser les samedis, ma paie ne dépassait pas les 2800-3000 francs. J’avais à l’époque quitté la France pour m’établir en Suisse et je ne m’attendais pas du tout à des conditions de travail aussi précaires. On nous parlait mal, on se sentait pas du tout intégrées. Mais c’était ça ou rien, car en période de pandémie, les missions étaient rares. Je suis passée par deux agences temporaires et les salaires étaient les mêmes, impossible de négocier une quelconque amélioration. Ça a été la pire expérience professionnelle de ma vie, donc quand on m’a proposé la fin du contrat, j’ai accepté.
Sur environ 200 employés chez Marvinpac, nous étions entre 150 et 170 intérimaires, et seulement une trentaine a bougé pour faire changer les choses. Unia nous a beaucoup aidés. J’espère que le jugement portera ses fruits, même si je ne suis pas du tout confiante. J’espère que ça permettra au moins aux suivantes d’être épargnées.»
* Prénom d’emprunt