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«La proposition de la SSE est un affront aux travailleurs!»

Des maçons genevois en train de manger des grillades
© Olivier Vogelsang

Plus de 150 travailleurs genevois de la construction ont bravé la pluie pour se rassembler et exiger de vraies augmentations de salaire.

Lors d’une pause prolongée à Genève et à La Chaux-de-Fonds, des dizaines de salariés de la construction ont balayé l’augmentation moyenne de 30 francs soumise par les patrons.

Le 17 octobre, Unia Genève a organisé une grande grillade le midi dans un parc aux Acacias, conviant plus de 150 travailleurs des chantiers du quartier du PAV. Malgré la pluie, les maçons ont répondu présents. José Sebastiao, responsable du secteur à Unia Genève, a rappelé les négociations salariales en cours et planté le contexte. «Rappelez-vous, en 2023, la Société suisse des entrepreneurs (SSE) voulait accorder des augmentations de salaire uniquement aux travailleurs dits très motivés et compétents. C’est inadmissible de s’adresser à vous comme ça!» Les maçons approuvent avec des huées. «Selon nous, tout le monde mérite une augmentation qui soit inscrite dans la convention et qui s’applique à tous.» Les syndicats réclament une hausse des salaires de 250 francs, alors que les employeurs proposent une augmentation générale de 0,5%, soit 30 francs en moyenne par mois. «Vous êtes d’accord avec cela?» «Non!», répondent les maçons attablés, en chœur. «C’est un scandale», reprend le responsable syndical. «C’est une humiliation et un affront de plus envers les travailleurs. Nous demandons à la SSE un peu de sérieux!»

Travail pénible
Le hic des augmentations au mérite, c’est qu’elles sont au bon vouloir des entreprises, et des milliers de travailleurs en sont exclus. «Les employés temporaires, qui sont de plus en plus nombreux, ne touchent pas d’augmentation individuelle car les boîtes d’intérim n’y sont pas contraintes», explique Thierry Horner, secrétaire syndical au SIT. «Pareil pour les ferrailleurs et autres travailleurs précaires qui peinent déjà à être payés correctement. Et pourtant, les carnets de commande sont pleins, mais les salaires, eux, ne bougent pas.»
Le syndicaliste admet que les salaires dans la construction sont corrects mais ils méritent d’être revus à hausse. «Les maçons se font sans arrêt passer pour des enfants gâtés et c’est insupportable», s’indigne Thierry Horner, qui rappelle qu’en plus de la pénibilité de leur emploi, ils travaillent par tous les temps, de la canicule au grand froid, avec les risques que cela comporte en termes de santé et de sécurité.

Climat tendu
Et les syndicats de rappeler l’importance de bien traiter les travailleurs du secteur, alors que le manque de main-d’œuvre est criant. «Un maçon avec CFC est payé 5800 francs bruts par mois, et pas 7000 comme le prétendent les patrons», rectifient les syndicalistes. «Et comment on récompense les jeunes diplômés qui entrent dans la profession? Eh bien les employeurs ont le droit de les payer 15% de moins la première année, 10% de moins la deuxième et 5% de moins la troisième, car ils n’ont pas encore d’expérience.»
En 2025, il faudra renégocier la Convention nationale du secteur principal de la construction, et le combat s’annonce d’ores et déjà rude. «L’attitude de la SSE aujourd’hui est un mauvais signal pour la suite et on doit s’attendre à ce que les négociations soient difficiles», anticipe José Sebastiao. «Les travailleurs et leurs syndicats seront déterminés à se battre: pas de maçons, pas de construction!»

Vidéo Olivier Vogelsang

Sam, maçon qualifié, 57 ans

«Cela fait vingt ans que je suis sur les chantiers. Avant, on pouvait discuter et échanger avec nos supérieurs. Maintenant, ils ne voient que le rendement. Là, ça fait des jours qu’il pleut, on patauge toute la journée dans un mètre de boue. S’ils continuent comme ça, il n’y aura bientôt plus personne qui voudra bosser. Les jeunes n’ont plus envie de venir, c’est trop pénible et pas assez valorisé.»

La fronde s’organise à Neuchâtel

A la Chaux-de-Fonds aussi, les travailleurs de la construction se font entendre. Ils se sont réunis le 18 octobre à midi pour une grillade de protestation au parc de la gare. Ils exigent une augmentation générale de salaire de 250 francs par mois, un aménagement du temps de travail avec plus de temps libre et des dispositions obligatoires en matière d’arrêt de chantiers en cas d’intempéries, notamment lors des épisodes caniculaires.
«La politique salariale menée par la Société suisse des entrepreneurs et ses antennes locales n’est pas à la hauteur de l’engagement des ouvriers et des difficultés physiques et psychiques du métier», dénonce Unia Neuchâtel. «L’inflation historique et l’absence d’augmentation générale a conduit à des négociations actuelles tendues dans le cadre du renouvellement de la Convention collective sur le secteur principal de la construction.»

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