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«Le problème initial, c’est le manque de respect»

La jeune équipe féministe de choc du collège de la Planta.
© Thierry Porchet

L’engagement n’attend pas les années... L’équipe féministe de choc du collège de la Planta.

N’ayant pas eu l’autorisation de faire grève, des étudiantes du collège de la Planta ont décidé de participer à l’événement à leur manière. Discussion à bâtons rompus

Distribution gratuite le 14 juin dernier, sur la place de la Planta à Sion, d’un journal pas comme les autres, celui réalisé par des étudiantes du collège de la Planta rencontrées à cette occasion, après les cours. Un fanzine richement illustré qui leur a servi de tribune pour aborder la question du féminisme et de l’égalité. «La raison de ce travail? Nous n’avons pas obtenu l’autorisation de faire grève. Alors, on s’est demandé comment participer à notre manière. Et on a décidé de mener une campagne de sensibilisation dans le collège et de créer ce journal», explique Maurane Formaz, une des chevilles ouvrières du projet lancé il y a deux mois avec l’aval de la direction.

Aux côtés d’autres participantes, la jeune Valaisanne précise les questions abordées: «On a discuté des thèmes des menstruations, de la place de l’homme dans le féminisme, de la contradiction entre sexualisation du corps des femmes et le tabou qui l’entoure, des stéréotypes liés au genre ou encore des personnalités féminines oubliées dans l’histoire.» Le fascicule a été réalisé par des étudiantes de la 1re à la 5e année et financé par la vente de gâteaux. «Les volontaires ont été recrutées via une information dans le collège et les réseaux sociaux. Une cinquantaine de personnes, dont des garçons, ont pris part à la démarche, après les cours. L’envie de se battre était partagée.» Les motivations des participantes qui noteront «l’effervescence des échanges d’idées, la joie d’avoir mené ce travail ensemble, les amitiés créées» se basent sur leur vécu.

Des préjugés qui ont la vie dure

Adalie observe: «Il y a toujours des remarques, des comportements, des habitudes discriminantes. Les menstruations par exemple restent taboues. Elles ne sont pourtant pas horribles.» Un sujet qui aura valu aux jeunes femmes quelques moqueries, elles qui ont installé dans les toilettes du collège des boîtes destinées aux protections hygiéniques. «Il y a eu beaucoup de réactions, mais elles n’étaient pas vraiment méchantes.» Maurane note de son côté les préjugés qui ont toujours la vie dure en matière d’études et souligne la sous-représentation des femmes dans le domaine des mathématiques. Silène aborde la question vestimentaire et de la sécurité: «Le jour où porter une jupe augmentera une attitude de respect et non un risque dans certains quartiers, on aura franchi un cap.» Eva souligne les freins professionnels: «Nombre de femmes suivent des études supérieures, mais on ne les retrouve pas ensuite dans les postes de travail. Il y a aussi de l’autocensure, une forme de protection par rapport à un système sociétal qui a généré ce phénomène.» Adalie ne juge pas pour autant qu’une femme n’aurait plus le droit de rester à la maison. «Si elle le souhaite, il n’y a pas de problème. Mais cela ne doit en aucun cas être une obligation.» «On ne doit pas être stigmatisées par rapport à nos choix», renchérit Silène. Marie se réjouit des progrès accomplis comparés à la situation de sa grand-mère et l’obtention entre autres du droit de vote, mais estime qu’il faut poursuivre la lutte: «A nous de reprendre le flambeau et de continuer à se battre pour l’égalité.» Un suivi qui sera notamment assuré par la diffusion à l’école d’un court métrage sur les violences conjugales. Interrogée sur ses attentes par rapport à la grève, Eva répond: «Ce genre d’action ne sera plus nécessaire le jour où les femmes n’auront plus à devoir déterminer leur place dans la société, où les questions actuelles ne se poseront plus. Le problème initial, c’est le manque de respect.»

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