Témoignage
«Je ne reconnais plus mon entreprise»
Michelle* travaille pour JTI depuis plus de dix ans et, début septembre, elle s’est prise «une grosse claque». Alors que la direction annonce des bénéfices énormes, la restructuration provoque l’incompréhension. «Nous sommes tous conscients qu’une entreprise peut être amenée à effectuer des changements. Le problème dans notre cas, c’est que personne ne nous explique en quoi consiste cette “transformation” et à quoi elle va aboutir. Quant à la façon de faire, c’était une boucherie! On a toujours vendu JTI comme une société humaine qui prenait soin de ses employés: aujourd’hui, je ne reconnais plus mon entreprise. Pour ma part, on m’a dit début septembre que mon poste allait disparaître à la fin du mois. Un mois plus tard, pas de nouvelles, je viens tous les jours au travail sans savoir combien de temps cela va durer. Ce n’est pas qu’un simple travail: nous avons investi notre temps et notre énergie pour JTI. C’est une énorme déception. Quant au plan social proposé, c’est une catastrophe. Il offre au maximum trois mois de salaire: dans un marché du travail genevois saturé, il est impossible de retrouver un emploi en si peu de temps. Nous avons le sentiment qu’ils veulent se débarrasser de cet aspect le plus vite possible, tout en perdant le moins d’argent. De notre côté, nous exigeons un plan social décent qui reflète les valeurs humaines auxquelles prétend JTI depuis plusieurs années. Certains collègues sont déterminés à aller jusqu’au bout. Cela dit, d’autres ont peur: la restructuration s’étalant sur trois ans, ils craignent d’être licenciés avant.»
*Prénom d’emprunt.