La Grève du climat propose des solutions concrètes à la crise dans le cadre d’une transition écologique et sociale
Une aide immédiate à la crise, des investissements respectueux du climat et la création d’emplois durables. Les trois axes du plan d’action de crise de la Grève du climat ont été posés lors d’une conférence de presse le 25 mai. Ce plan s’inspire de celui en cours d’élaboration depuis des mois entre les jeunes écologistes et des experts (des professionnels du terrain, des scientifiques, des professeurs…) qui devrait être publié prochainement. Il a été envoyé aux parlementaires avant la session de juin et appelle à un débat populaire.
Pour le collectif national, la décarbonisation va de pair avec un investissement fort dans les énergies durables, qui demandent elles-mêmes la création de milliers d’emplois. Un cercle vertueux en somme. Un exemple parmi d’autres: l’équipement de chaque toit de maison de panneaux photovoltaïques dans les dix prochaines années. Ou encore: la création d’une banque ou d’un fonds climatique (géré démocratiquement) pour investir dans la transformation du système énergétique et des transports, entre autres secteurs. Un montant unique de 50 milliards de francs y serait versé par exemple par la BNS, puis son financement proviendrait d’une partie de la taxe sur le CO2 et sur les billets d’avion.
Des emplois durables
Par rapport à l’emploi, la Grève du climat propose la création d’un «Office public pour le travail vert» qui collaborerait avec les centres régionaux de placement pour proposer des alternatives aux professionnels (notamment les employés du secteur de l’aviation) des secteurs polluants contraints de réduire leurs activités, voire de disparaître. Le plan d’action pour le climat prévoit un besoin de 2500 planificateurs et de 17000 installateurs d’ici à 2031. Dans ce sens, les travailleurs du secteur du bâtiment doivent également pouvoir se former. «Les emplois verts, c’est aussi le care, prendre soin de la vie, l’agriculture, la politique, etc. Toutes les activités bas carbone en somme», précise en aparté Steven Tamburini, l’un des orateurs de la conférence de presse. La Grève du climat estime, comme les syndicats et la Grève féministe, que le temps de travail doit être réduit sans diminution de salaire, afin d’atteindre une répartition équitable de la charge de travail.
Au niveau du transport, le soutien financier aux trafics routier et aérien doit être assorti, selon le plan de crise, d’objectifs de réduction des gaz à effet de serre pour atteindre un bilan nul d’ici à 2030. Entre autres mesures: des quotas d’émission pour chaque compagnie et l’interdiction des vols au sein de l’Europe, le développement de nouvelles lignes de trains de nuit, de meilleures correspondances et des sites de réservation au niveau européen, des routes consacrées au vélo, des villes sans voiture privée. «Cela améliorera considérablement la qualité de l’air et donnera plus d’espaces libres aux citadins. Des niveaux élevés de pollution atmosphérique affaiblissent le système immunitaire et augmentent les risques de contracter des maladies telles que le Covid-19», indique le rapport. Ses auteurs estiment aussi qu’une aide financière à une entreprise doit être conditionnée à son engagement à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2030.
La fin de l’agro-industrie
Du côté de l’agriculture, le plan souhaite la promotion d’un système alimentaire agro-écologique local, ainsi que l’augmentation des salaires et de meilleures conditions de travail dans cette branche. Quant à l’élevage intensif, le collectif souligne que la Suisse doit prendre des mesures contre toutes les activités des entreprises et des gouvernements qui soutiennent une production animale industrielle propice à la propagation et au développement des virus.
Enfin, il demande la fin des subventions aux énergies fossiles – y compris les exonérations fiscales pour le kérosène et le diesel – et des plans clairs d’ici à fin 2020 de la part des institutions financières qui leur permettent d’atteindre un bilan d’émissions zéro d’ici à 2030. Autant de propositions dont les impacts pourraient être mesurés à l’aune de l’indice de développement durable (IDD) en remplacement du produit intérieur brut (PIB)…
Quelques jours après la présentation de son plan d’action, la Grève du climat – avec Fossil Free Switzerland, Breakfree Suisse, Collective Climate Justice et Extinction Rebellion – exigeaient, en écho à deux études (ran.org et greenpeace.ch), que «Credit Suisse et UBS cessent d’alimenter le chaos climatique».
Le plan d’action complet: climateactionplan.ch