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La campagne contre l'initiative de l'UDC a démarré

Cartes postales Unia sur lesquelles on peut lire: Salaire, droits, travail: tout perdre? NON!
© Olivier Vogelsang

Unia a lancé une action «cartes postales» mettant au centre la défense des droits et des salaires de tous les travailleurs.

La votation sur l’initiative dite de résiliation aura lieu dans moins de deux mois, le 27 septembre. Unia a lancé une action «cartes postales» mettant au centre la défense des droits et des salaires de tous les travailleurs. Le syndicat dénonce les véritables intentions du parti populiste: la remise en cause de tous les acquis

«Salaires, droits, travail: tout perdre?» Non! répond Unia en invitant ses membres et la population à rejeter l’initiative de résiliation de l’UDC, soumise au vote le 27 septembre prochain. Le syndicat a décidé de mener la campagne de votation sous l’angle des droits des travailleurs, qu’ils soient d’ici ou qu’ils viennent d’ailleurs, seul moyen de se préserver contre les attaques patronales et le dumping social, qui risquent de s’amplifier en raison de la crise liée à la pandémie de Covid-19.

«Le pire que l’on puisse faire dans une situation de crise, c’est d’affaiblir les droits et la protection des salaires. C’est ce que veut l’UDC», réagit Philipp Zimmermann, porte-parole d’Unia. Et c’est tout l’enjeu de cette votation. «Il existe une croyance qu’en limitant la libre circulation, on améliorera sa propre situation. Or, ce n’est pas ainsi que l’on combattra le dumping salarial, c’est au contraire en renforçant les droits des plus précaires et de tous les travailleurs», poursuit le syndicaliste.

Pour faire passer ce message, Unia propose à ses adhérents d’envoyer des cartes postales personnalisées afin d’inciter un maximum de personnes à se rendre aux urnes fin septembre. Ces cartes seront regroupées pour être envoyées toutes en même temps avant la votation. «Avec cette campagne, nous souhaitons rendre visible le point de vue syndical dans le débat. Car il ne s’agit pas d’une question d’immigration, comme le prétend l’UDC, mais il s’agit de défendre nos intérêts comme salariés, quelle que soit notre nationalité. Or, la conséquence concrète d’une dénonciation de l’Accord de libre circulation des personnes, telle que le demande l’initiative, sera l’abolition des droits des travailleurs et des mesures de protection salariale existantes en Suisse. Comment se défendre ensuite pour préserver les salaires, les places de travail?» Pour Philipp Zimmermann, cette campagne personnalisée permettra à chaque syndiqué de transmettre ses propres arguments et motivations à ses amis, ses connaissances ou ses proches. Chaque membre peut ainsi commander, sur un site créé pour l’occasion*, des cartes postales, les compléter et les retourner à la centrale d’Unia à Berne d’ici à la fin du mois d’août. Cette dernière se chargera de l’envoi global et groupé, lors d’une action particulière, pour limiter les frais de port et surtout avoir un impact maximal avant le vote.

Droits et libre circulation

«Sous couvert de limiter l’immigration, le vrai but de l’UDC est de diminuer les droits des travailleurs et de baisser les salaires», souligne Philipp Zimmermann, évoquant les intentions formulées par le parti d’extrême droite après le lancement de son initiative (voir ci-dessous). Raison pour laquelle Unia axera sa campagne sur la thématique de la libre circulation et de la préservation des droits. «Le panorama a changé en raison de la crise sanitaire. On a vu des frontières fermées, qui pourraient pousser les gens à penser que ce n’est pas si grave. Nous voulons expliquer que ce n’est pas le sujet. Ce dont il est question dans cette votation, c’est de l’abolition ou non des droits des travailleurs et des mesures d’accompagnement. Ces dernières ont permis d’étendre des conventions collectives de travail, d’imposer des salaires minimaux dans certaines branches et d’effectuer environ 40000 contrôles par année», souligne Philipp Zimmermann qui rappelle: «L’histoire d’Unia est liée à l’immigration, au statut de saisonnier qui n’a pas servi les travailleurs suisses, mais a été un instrument pour le patronat pour payer des salaires plus bas aux migrants. Dans cette campagne, il s’agit pour nous de défendre les droits et les salaires de tous les travailleurs, suisses, frontaliers, immigrés.»

Manifestation à Berne. Sur une banderole on peut lire: Protégeons les salaires pas les frontières.
Unia mène campagne autour des droits des salariés pour combattre l’initiative de l’UDC, afin de ne pas rééditer l’expérience du 9 février 2014. L’acceptation de l’initiative avait mobilisé peu après 10000 personnes dans les rues de Berne, exprimant leur solidarité avec les migrants. © Neil Labrador

Commande des cartes postales sur le site: resiliation-non.ch

Ce que veut réellement l’UDC

L’UDC a lancé, avec l’Asin, son initiative pour l’abrogation de la libre circulation en janvier 2018. Retour sur ses véritables objectifs

Les intentions de l’Union démocratique du centre (UDC), quant aux effets de son initiative populaire fédérale intitulée «Pour une immigration modérée (initiative de limitation)», sont claires. Le parti populiste les avait annoncées fin janvier 2018, quinze jours après avoir lancé l’initiative avec l’Action pour une Suisse indépendante et neutre (Asin). Lors de sa conférence de presse, l’UDC n’avait pas manqué d’attaquer les syndicats, et Unia en particulier, qu’elle accusait de profiter des mesures d’accompagnement.

Son initiative, renommée «de résiliation» par les opposants, rejette toute forme de libre circulation des personnes et demande que la Suisse «règle de manière autonome l’immigration des étrangers». En cas d’acceptation, des négociations devront être menées avec l’Union européenne pour mettre un terme à l’Accord sur la libre circulation des personnes (ALCP), entré en vigueur le 1er juin 2002. Si, au terme du délai d’une année, les négociations n’aboutissent pas, le Conseil fédéral devra dénoncer l’Accord dans les trente jours.

Libéralisation de l’économie

Dans ses discours et ses publicités, l’UDC s’attaque aux étrangers et à l’immigration. Or, sa volonté n’est pas que la Suisse vive en vase clos. Au contraire. Elle souhaite que le patronat puisse aller chercher les bras dont il aura besoin, quand il en aura besoin et aux conditions qu’il imposera à cette main-d’œuvre corvéable. Le parti, qui laisse entendre que l’immigration fait pression sur les conditions de travail, appelle en réalité à une concurrence généralisée dans une économie libéralisée. Tel était le fondement de sa conférence de presse du 30 janvier 2018. L’UDC s’y est plainte de la «forte régulation du marché du travail» provoquée par les mesures d’accompagnement. Depuis leur introduction en 2004, écrit-elle, un salarié sur deux est soumis à une convention collective de travail (CCT), un sur quatre à une CCT de force obligatoire et un sur trois à un salaire minimum réglementé. Avec son initiative, l’UDC souhaite balayer toutes ces contraintes pour revenir à un marché du travail totalement libre, où les contrats et les protections sociales se négocient individuellement entre le patron et l’ouvrier, au nom de la «liberté contractuelle». Un marché du travail souple, où toutes les restrictions et les réglementations devraient être levées.

Retour aux contingents

Dans son «Document de fond sur la place industrielle suisse» présenté à cette occasion, l’UDC exige, outre l’abrogation de l’ALCP, la «réduction des mesures d'accompagnement» ainsi que «le retour au système, qui a fait ses preuves avec des contingents et des plafonds, que la Suisse appliquait dans tout le pays jusqu'en 2001». Elle demande aussi l’arrêt de l’extension des CCT, la renonciation à de nouveaux contrats-types de travail ou encore l’assouplissement de la saisie du temps de travail. L’UDC y prône également la diminution des dépenses de l’Etat et la baisse de la fiscalité des entreprises.

A ce sujet, rappelons que Magdalena Martullo-Blocher, première à s’en prendre aux syndicats qui auraient acquis trop de pouvoir grâce aux mesures d’accompagnement et s’enrichiraient sur le dos des salariés, s’est illustrée en versant en 2019 aux actionnaires de son entreprise, la multinationale EMS-Chemie, un dividende en hausse par rapport à l’année précédente (voir L’Evénement syndical du 1er juillet 2020). Ces derniers ont touché 462 millions de francs, soit presque le double de ce que les 2777 employés ont perçu en salaires. Détenant les 70% des parts de la société, la conseillère nationale UDC et ses deux sœurs se sont arrogé 326 millions de francs, ce qui équivaut à environ 117000 francs par salarié. Des profits réalisés en Suisse et bien au-delà des frontières…

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