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Un demi-siècle en faveur du vivre ensemble

Couverture du livre "Lausanne une ville un monde".

Le Bureau lausannois pour les immigrés souffle ses 50 bougies. Un anniversaire célébré par la parution d’un livre et des événements ponctuels programmés tout au long de cette année jubilaire

Cent soixante nationalités, 43% de la population qui ne possède pas de passeport suisse, dont une grande majorité provenant de l’Union européenne: Lausanne fait figure de ville cosmopolite par excellence. Un phénomène dans lequel la politique d’intégration active menée par la capitale vaudoise a joué un rôle clé. Prise il y 50 ans déjà, cette orientation a notamment été concrétisée par la création, le 5 février 1971, du Bureau lausannois pour les immigrés (BLI), ainsi que d’un poste de préposé actif dans le domaine. Une démarche audacieuse dans le climat teinté de xénophobie qui caractérisait alors la Suisse au lendemain des initiatives «contre la surpopulation étrangère». Un demi-siècle plus tard, le BLI – qui, au fil du temps, a tissé des liens forts avec des acteurs institutionnels et des associations – conserve toute sa raison d’être. «Aujourd’hui, dans un contexte mondialisé, les défis liés à la migration demeurent. Plus que jamais, il nous faut être attentifs aux velléités de repli sur soi, aux dérives nationalistes et à la construction de murs indignes des droits humains», écrit Oscar Tosato, conseiller municipal et directeur des Sports et de la Cohésion sociale, dans la préface du livre paru à l’occasion du 50e anniversaire du BLI. L’ouvrage, intitulé Lausanne, une ville, un monde – 50 incursions au fil de la diversité*, rend hommage à la richesse de ses citoyens venus d’ailleurs. Il est aussi le miroir d’une politique où multiculturalité et respect des valeurs et des racines cohabitent harmonieusement.

Panneau de l'exposition - portrait d'Ernesto.

 

Ambiances bigarrées

«Même si quitter son pays d’origine est très dur, le vivre ensemble ne pourrait pas être mieux représenté qu’ici. Lausanne signifie beaucoup pour moi. Elle symbolise l’accueil et l’intégration», témoigne Kitoko Kuti-Luamba, auxiliaire de santé et fondatrice, entre autres, d’une association réunissant des mères africaines, dans la publication jubilaire. Une sorte de «guide touristique» dévoilant une ville aux identités plurielles au sein de ses quartiers, à l’école, au travail, dans les bars et les restaurants ou encore dans une offre culturelle et associative foisonnante. Ambiance marocaine à l’EPFL, bibliothèque aux 280 langues à Renens, microcosme bigarré sur la plage de Vidy, village globalisé de la Bourdonnette, matchs de volleyball version équatorienne, jardins communautaires du Châtelard et leurs spécificités... Au travers d’atmosphères composites, on fait la connaissance ou on redécouvre des figures qui se racontent et donnent à Lausanne ses couleurs: un écrivain roumain chauffeur de bus, un épicier espagnol et ses spécialités, une violoniste moldave, le truculent créateur du musée de l’immigration, un couple de réfugiés chiliens fondateur de l’institut d’espagnol et de culture latino-américaine, un jeune apprenti syrien, des pendulaires nautiques ou encore une danseuse brésilienne... Des portraits d’associations actives dans le domaine de la multiculturalité complètent l’ouvrage. Une publication offrant une présentation originale de Lausanne avec, comme parti pris, une valorisation des aspects positifs de la mixité sans pour autant l’embellir.

Panneau de l'exposition - portrait de Luamba Alpha.

 

Les trésors de la migration...

«L’autre, cette personne qui vient d’ailleurs et que l’on perçoit comme différente de nous, est souvent évoqué sous l’angle du problème, du défi, et rarement sous celui de la richesse. En raison de l’image négative qu’on leur associe fréquemment, l’altérité et la différence sont perçues comme exogènes et comme sources de difficultés (...). Le présent ouvrage cherche précisément à rendre compte de l’apport, des richesses et des facettes lumineuses de la migration. Il ne cherche pas à en rajouter ou à enjoliver, mais juste à illustrer, par des actrices et acteurs de la Ville de Lausanne issus des populations migrantes ou œuvrant avec elles, que cette réalité parfois décriée qu’est la migration regorge aussi de trésors...» souligne, dans la postface de la publication, Bashkim Iseni, délégué à l’intégration et chef du BLI, rappelant la mission de cette structure: accueillir, écouter, conseiller, sensibiliser, former, accompagner et orienter les personnes étrangères «en les considérant avec empathie, sans distinction et en toute égalité, en leur fournissant des services et des prestations de qualité, et en les soutenant dans leurs initiatives et besoins».

Plusieurs événements sont aussi prévus pour célébrer ce jubilé, dont une exposition hors les murs présentant, jusqu’au 17 mai prochain, les portraits illustrés de dix personnalités «qui participent à faire de Lausanne une ville ouverte et cosmopolite». Au programme encore, jusqu’au 16 mai, une dégustation de produits aux saveurs du monde provenant de la petite épicerie du BLI, des rencontres, en juin, avec des associations de migrants jusqu’en septembre, des balades gourmandes guidées et, enfin, une soirée de clôture le 16 décembre consacrée à des échanges et à des rencontres sur le thème des droits humains... Autant d’invites aux voyages propres à élargir l’horizon et à faire de Lausanne une destination aussi ouverte qu’exotique.

Programme complet sur: lausanne.ch/bli-50

*Lausanne, une ville, un monde – 50 incursions au fil de la diversité, Ville de Lausanne, 2021, 120 pages, disponible au prix de 22 francs en librairie.

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