Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

«Délits de séjours» dans les rues de Bienne

Une personne pose, sa tête cachée derrière un branchage.
© Laurence Rasti

Projecteur sur les sans-papiers. Des personnes précarisées, contraintes à rester dans l'ombre, auxquelles Laurence Rasti a souhaité redonner une place tout en conservant leur anonymat.

La photographe Laurence Rasti expose, en grand format, ses portraits de sans-papiers réalisés à Genève

«Recover»: récupérer, retrouver, se remettre, guérir. Les 25es Journées photographiques de Bienne, qui se déroulent jusqu’au 29 mai, se focalisent cette année sur le thème de la restauration et de la réparation à travers l’image. Comme le notent ses organisateurs: «La photographie est souvent utilisée comme un filtre qui permet de se protéger de l’expérience d’un réel, parfois insupportable, hostile, voire destructeur. Cependant, l’image photographique est aussi un moyen de reconstruire, de se réparer à la suite de bouleversements personnels ou de catastrophes collectives.» Tous les ans, en mai, les Journées invitent une vingtaine de professionnels, de Suisse et d’ailleurs, à exposer leurs travaux dans divers lieux ou dans la rue.

Parmi les artistes invités cette année, une photographe genevoise, Laurence Rasti, présente ses œuvres en grand format à la rue Basse de Bienne. Sept portraits géants de personnes sans papiers de Genève interpellent le public, avec des images garantissant leur anonymat. Une démarche entreprise par Laurence Rasti après avoir obtenu la bourse de l’Enquête photographique genevoise de 2019. «J’ai été naturalisée quand j’étais petite. Par ce projet, je souhaitais m’intéresser à des personnes beaucoup plus précarisées, qui ne peuvent demander leur naturalisation. Je voulais aussi axer mon travail sur la loi. Etre sans papiers en Suisse peut valoir jusqu’à un an de prison», explique la photographe, soulignant que ce travail est ancré à Genève, berceau des droits humains et ville rejetant les immigrés les plus pauvres, rendus invisibles par la peur. «J’ai souhaité donner une place à ces personnes, en jouant sur un paradoxe, avec des portraits aux visages cachés.» Des personnes qui lui ont témoigné leur reconnaissance d’avoir pu, ainsi, retrouver une place dans le monde qui les entoure.

Laurence Rasti, qui expose pour la deuxième fois sa série Délits de séjours dans l’espace public, entend poursuivre sa démarche sur tout le territoire suisse et offrir une plateforme informatique sur laquelle se retrouvent ses images, des textes et des informations sur les aides possibles ou disponibles pour les personnes sans statut légal. «Mon site est un annuaire non exhaustif. Je me suis demandé ce que je pouvais faire en tant qu’artiste et j’ai créé cette plateforme, qui va s’enrichir de nouvelles images, interviews et adresses à l’avenir.»

Plateforme «Délits de séjours» sur: delitsdesejours.ch

Infos sur les Journées photographiques de Bienne sur: bielerfototage.ch/fr

Pour aller plus loin

France Télécom, le harcèlement et les morts

Couverture du livre "La raison des plus forts".

A partir des drames vécus par des salariés, deux ouvrages livrent des analyses percutantes sur le procès qui a suivi, le management et le système néolibéral

Une belle époque?

couverture livre

En apprenant qu’un livre allait être publié sur la vie de Vevey au tournant du XX e siècle, assez chauvin pour ma ville, je l’ai immédiatement commandé pour l’ajouter à tous les...

Un été à l’usine

Portrait de Thomas Flahaut.

Le roman "Les nuits d’été" de Thomas Flahaut nous emmène au cœur du destin d’ouvriers frontaliers

Dans la peau d’un réfugié

Couverture de la bande dessinée

Une bande dessinée nous invite à découvrir le parcours d’un migrant allant de la Syrie à la France