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Climat de terreur sur les chantiers genevois

Manifestation des maçons à Genève.
© Olivier Vogelsang

Les syndicats genevois ont dénoncé les tentatives d’intimidation et les menaces proférées par la SSE et certaines entreprises envers leurs maçons s’ils participaient à la grève

Du jamais-vu sur les chantiers à Genève. Les syndicats Unia, Sit et Syna ont convoqué les médias le 3 novembre pour leur faire part d’une situation jugée grave. «Nous sommes confrontés à une propagande mensongère de la part des patrons qui dénigrent et criminalisent les syndicats», souligne Thierry Horner, du Sit. D’après les syndicalistes, qui se rendent chaque jour sur le terrain, les entreprises mettent tout en œuvre pour décrédibiliser leur travail et dissuader les travailleurs de se mobiliser aujourd’hui et demain. «Par e-mail, par courrier, par SMS et directement dans les baraques sur les chantiers, les employeurs et la Société suisse des entrepreneurs (SSE) envoient des communications dans plusieurs langues pour dire que la grève est illégale, explique José Sebastiao, secrétaire syndical d’Unia. Sur certains chantiers, des représentants de la direction passent tous les jours pour leur mettre la pression. On assiste à un vrai climat de terreur et de menace inédit, et nous ne pouvons pas tolérer cela.»

Le 26 octobre, la SSE a porté plainte contre la grève prévue au bout du lac, jugée illicite, car elle violerait le principe de paix du travail. Quelques jours plus tard, le Chambre des relations collectives de travail (CRCT) a déclaré la requête irrecevable sur la forme. Les travailleurs devraient donc être libres de faire grève, ou non.

Désinformation et représailles

Manifestement, les employeurs en ont décidé autrement. Des documents transmis par les trois syndicats révèlent des attitudes pour le moins surprenantes. Certaines entreprises ont demandé à leurs employés de remplir une fiche nominative les informant s’ils allaient, ou pas, se mobiliser les 7 et 8 novembre, à des fins organisationnelles. Ce qui est «parfaitement illégal», selon José Sebastiao. D’autres ont demandé aux collaborateurs souhaitant faire grève de déposer une demande de congé, qui sera pris sur les vacances, au moins une semaine à l’avance, sans quoi, l’absence sera considérée comme abandon de poste avec déduction sur le salaire. Tous les maçons du canton ont reçu un courrier de la SSE ou de leur employeur les dissuadant de débrayer. «Jusqu’où accepterez-vous de mettre vos acquis en péril pour plaire aux syndicats genevois?» leur demande-t-on. Ou encore: «Etes-vous conscients que deux jours de grève représentent une perte de revenu d’environ 10% sur un salaire mensuel?»

Enfin, nous avons pu consulter des SMS envoyés par une entreprise à ses collaborateurs disant, noir sur blanc, que «toute grève est interdite», tout comme l’accès des syndicats aux chantiers, et que les ouvriers qui feront grève sans un accord écrit de leur direction «risquent la correction, voire le licenciement, pour absence non justifiée».

«En trente ans de métier, c’est la première fois que je suis empêché de me rendre sur des chantiers», confie Carlos Massas, de Syna. Et son collègue d’ajouter: «Depuis la dernière lutte pour le renouvellement conventionnel en 2018, il y a quelque chose de nouveau: les directions se déplacent sur les chantiers pour effrayer les travailleurs.»

Révoltés par ces faits, les syndicats attendent de la section genevoise de la SSE qu’elle se distancie de sa centrale et avance au niveau des négociations locales.

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