Les questions salariales arrivent en tête des revendications pour le renouvellement de la CCT de l’industrie des machines
Les partenaires sociaux de la branche MEM (pour industrie des machines, des équipements électriques et des métaux) fourbissent leurs armes. La Convention collective de travail (CCT) de l’industrie MEM, qui bénéficie à près de 100000 salariés de plus de 500 entreprises, expire en effet le 30 juin 2023. En vue de son renouvellement, des rondes de négociations sont prévues entre février et mai entre la faîtière patronale, Swissmem, d’un côté, et, de l’autre, syndicats et associations professionnelles. Vendredi, la conférence de branche d’Unia a adopté ses revendications. Elles s’appuient sur une enquête menée à l’automne par Unia et Syna. Les deux syndicats ont interrogé 1200 salariés de l’industrie des machines pour définir les mesures à mettre en avant afin d’améliorer les conditions de travail et d’engagement.
Ce sont les questions salariales qui arrivent en tête. Les 91% des personnes interrogées jugent «importante» une adaptation automatique des salaires réels au renchérissement. La CCT garantit, par contre, une indexation pour les salaires minimums (voir ci-dessous). Il est essentiel toutefois d’augmenter ces derniers pour 87% des sondés. Une majorité se prononce aussi en faveur d’une consolidation des droits du personnel: 84% estiment primordial d’obtenir des critères plus stricts en cas de licenciements collectifs et individuels, tandis que 78% demandent davantage de droits pour les commissions du personnel. Les salariés sont aussi sensibles au sort des travailleurs âgés: la protection renforcée contre le licenciement à partir de 55 ans et l’introduction de la retraite anticipée à partir de 62 ans sont des revendications majeures pour, respectivement, 90% et 76% des personnes. Pour ce qui est du temps de travail, se détache la délimitation plus nette entre travail et temps libre (69%); une indemnité plus élevée (en congé ou en salaire) pour le travail en équipe (65%); une réduction du temps de travail hebdomadaire (62%); une prolongation des congés maternité et paternité (58%); et une réglementation plus stricte du temps de travail (55%). Les 76% pensent encore qu’il est fondamental d’inscrire un droit au salaire durant les périodes de formation et 68% souhaitent une amélioration des conditions de formation et des contrats d’apprentissage.
Contre la discrimination de genre
Le sondage montre encore que la rémunération de trois quarts des femmes interrogées est inférieure à 6000 francs, alors que moins de la moitié des hommes se situent dans cette fourchette. Elles sont 20% à gagner moins de 4000 francs, 7% pour les hommes. Les 87% des personnes sondées se prononcent en faveur de mesures efficaces contre la discrimination fondée sur le genre et 71% pour des dispositions positives pour les femmes dans le domaine de l'apprentissage et de la réinsertion professionnelle après un arrêt de travail. Un quota féminin dans les commissions du personnel n’est, par contre, jugé «important» que pour 38% des personnes, 21% pensent même qu’il n’est «pas important». Les 85,5% des sondés sont des hommes, ce qui explique peut-être cela.
Les revendications d’Unia recoupent donc les résultats de cette enquête. Parmi les demandes phares, on retrouve l’augmentation des salaires minimums, la compensation automatique du renchérissement des salaires effectifs, l’introduction de mesures contre la discrimination des femmes, le renforcement de la protection contre le licenciement, notamment pour les travailleurs âgés et les femmes en cas de maternité, la consolidation des droits des salariés lors des licenciements collectifs, la prolongation des congés maternité et paternité, le paiement du salaire durant les formations ou encore le droit à la déconnexion. Unia doit encore s’entendre avec Syna. Les deux syndicats présenteront un cahier de revendications commun ces prochains jours. Nous y reviendrons.