Témoignage: «Pourquoi continuer à travailler pour un système qui ne sert qu’à enrichir les plus riches?»
Sur le point de terminer une série d’ateliers de «Slow ta carrière», Loïc Volery accepte de témoigner de sa démarche pour faire avancer la réflexion sur le travail et remercier toutes les personnes qui ont participé à ce programme d’orientation pas comme les autres. Il revient sur son parcours: un apprentissage de médiamaticien, un job dans une grande boîte de télécommunication, le service militaire, un séjour à l’étranger, des études en économie à la Haute Ecole de gestion de Fribourg, puis un poste dans le marketing, jusqu’à ce que des problèmes de santé le contraignent à tout arrêter. «Cet arrêt maladie m’a permis de me poser des questions sur mon rapport au travail et à la santé, et sur le culte de la performance. Jusque-là, je ne m’étais pas vraiment interrogé sur le sens de mon activité. Je suivais le mouvement... Mes réflexions m’ont amené à faire des liens entre l’organisation actuelle du travail rémunéré, le capitalisme, l’exploitation du Nord sur le Sud, et des ressources. Je me suis rendu compte que tout était lié. Puis, la crise écologique est venue se greffer à cette réflexion globale…» raconte-t-il. Commence alors pour le jeune homme de 27 ans une déconstruction de son rapport au monde. «Venant du secteur de l’économie, je croyais au mythe de la croissance verte, aux innovations technologiques qui allaient nous sauver. En creusant le sujet, en m’intéressant aux neuf limites planétaires, à la grande accélération et aux pensées et modèles économiques hétérodoxes, comme la théorie de la décroissance et du Donut (modèle prônant une économie plus humaine, ndlr), je me suis rendu compte que c’était impossible et qu’un changement dans notre système économique et dans l’organisation de notre société était nécessaire. Face à ce vertige, j’ai également remis en question la valeur Travail, car je ne pouvais plus imaginer bosser pour de grandes multinationales ou pour des entreprises ayant le profit comme unique objectif, par exemple.» Ce travail d’orientation entamé seul se poursuit avec une coach, puis par les ateliers «Slow ta carrière» d’octobre à aujourd’hui. «Ce soir, c’est la dernière rencontre. J’ai adoré me retrouver avec des gens d’horizons différents, qui se posent les mêmes questions que moi. Car même si je suis bien entouré, je me sens parfois incompris. J’aimerais donc adresser un grand merci à Sabrina et aux quatre participantes qui m’ont accompagné: c’était vraiment très enrichissant!» Grâce au programme de «Slow ta carrière» qui conjugue exercices, discussions et informations, Loïc Volery a approfondi sa quête sur ses valeurs, ses compétences et ses possibilités de les utiliser dans des métiers s’inscrivant dans la transition verte. «Le cadre des ateliers est bienveillant, on peut parler de choses très personnelles, car les participants sont à l’écoute et une relation de confiance se crée. Certains ont clarifié leur orientation. Pour ma part, je suis dans une phase où mes perspectives, et mes questionnements, continuent de s’ouvrir. Je sais que c’est très difficile de pouvoir prendre du recul quand on doit payer ses factures à la fin du mois. Mais pourquoi continuer à travailler pour un système qui ne sert qu’à enrichir les plus riches, et à creuser les inégalités tout en détruisant la Terre?» Loïc Volery envisage un complément de formation pour s’orienter vers l’accompagnement aux personnes, dans la facilitation ou la médiation. Parallèlement, le domaine de la recherche et de la transmission l’intéresse aussi beaucoup. «J’aimerais connecter tout ça dans un cadre interdisciplinaire. Peut-être un job à inventer?»