Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

«Tu vis ici, tu votes ici»

Action du mouvement Ag!ssons.
© Ag!ssons

Ag!ssons a organisé une action symbolique pour illustrer le fait qu’une personne sur trois dans le canton n’a pas le droit de s’exprimer politiquement.

Le mouvement Ag!ssons lance ses deux premières initiatives populaires vaudoises en vue d’étendre les droits politiques aux résidents étrangers. Avec pour but de remettre la démocratie au centre

Un an après sa constitution, le mouvement Ag!ssons lance sa première campagne politique. Le 12 avril dernier, une action a été organisée sur la place de la Palud à Lausanne pour démarrer la collecte de signatures pour ses deux premières initiatives populaires vaudoises. Sur les dix personnes alignées, trois sont bâillonnées. «Notre démocratie est probablement l’une des plus exclusives et discriminantes du monde, a déclaré Diana Zeidan, responsable de la communication et porte-parole d’Ag!ssons. Une personne sur trois dans le canton n’a pas le droit de s’exprimer politiquement. C’est ce que nous avons voulu illustrer avec ces personnes bâillonnées. A Lausanne, c’est même 40% des gens. C’est injuste et injustifié.» La première initiative, «Pour des droits politiques pour celles et ceux qui vivent ici», a pour objectif d’étendre les droits démocratiques – à savoir le droit de signature, de vote et d’éligibilité au niveau cantonal – à toutes les personnes étrangères domiciliées dans le canton de Vaud depuis trois ans au moins et depuis dix ans au moins en Suisse. Au-delà de l’injustice qu’elle souhaite corriger, cette initiative est jugée nécessaire. «Répondre à l’urgence écologique et sociale demandera de prendre des décisions difficiles, et nous devons toutes et tous être consultés, si nous voulons que les mesures choisies bénéficient au plus grand nombre et pas juste aux dirigeants des multinationales ou aux riches retraités», poursuit Diana Zeidan.

Crise démocratique

Pour rappel, le mouvement citoyen et apartisan ré Ag!ssons unit et organise des milliers de personnes dans le but d’imposer des changements radicaux dans notre société. «Ag!ssons incarne l’espoir qu’un autre monde est encore possible: démocratique, écologique et social», présente Simon Berthoud, responsable de la campagne. Souhaitant remettre la démocratie au centre du débat, les militants ont décidé de s’exprimer via des initiatives populaires. «Notre démocratie est malade», reprend l’activiste, par ailleurs ancien consultant pour multinationales et diplômé de la HEC de Saint-Gall. «Les partis politiques se préoccupent uniquement de rester au pouvoir et n’apportent que des solutions décevantes aux enjeux qui nous touchent toutes et tous, par exemple la nature qui se dégrade et la pauvreté qui augmente en Suisse. D’ailleurs, plus personne n’y croit vraiment… Le taux de participation aux élections diminue année après année.» Le plus alarmant, selon lui, c’est la place et l’influence toujours plus importantes que prennent les grandes entreprises et leurs lobbyistes dans les décisions politiques. «Pendant plusieurs années, j’ai conseillé des dirigeants d’entreprises dans leurs décisions stratégiques. Malgré leurs beaux discours, c’est toujours le profit qui l’emporte sur tout… et bien souvent avec la bénédiction des politiciens. Il était grand temps que nous reprenions les choses en main.»

Changer la Constitution vaudoise

La seconde initiative, intitulée «Pour la promotion et le développement de la démocratie», vise à modifier la Constitution vaudoise dans le but que l’Etat se charge de promouvoir et de développer activement la démocratie de manière continue, à travers la mise en place de multiples moyens et mesures. «Alors que nous nous dirigeons inéluctablement dans un monde en crise permanente, la démocratie ne peut être prise en otage par des urgences chroniques», détaille Steven Tamburini, co-initiateur et porte-parole d’Ag!ssons. «Pourtant, ce ne sont pas les chantiers et les expériences démocratiques qui manquent, mais une volonté claire et honnête de la part de l’Etat, inscrite dans son texte fondamental: la Constitution vaudoise. Ainsi, cette initiative se propose d’obliger les élues et les élus à rendre des comptes et à répondre, par exemple, aux défis de la gérontocratisation ou de la numérisation de notre société, afin de garantir les principes fondamentaux d’égalité démocratique et de souveraineté populaire. Mais nous ne sommes pas dupes, il faut construire un mouvement réellement massif pour imposer les termes de l’application de cette initiative.»

Ag!ssons a désormais quatre mois pour réunir 50000 signatures. Et ce n’est que le début, assure le mouvement. Deux autres initiatives sont dans les bacs et seront lancées cette semaine, toujours sur la démocratie.

Plus d’infos sur Ag!ssons, les initiatives et comment rejoindre le mouvement sur: agissons-ch.org
Une pétition est disponible sur: agissons-ch.org/petition

Initiative pendante à Genève

Il y a un an, au bout du lac, l’initiative «Une vie ici, une voix ici… Renforçons notre démocratie!» était lancée par les partis de gauche et les syndicats, dont Unia. La démarche est sensiblement la même que l’initiative vaudoise d’Ag!ssons: modifier la Constitution cantonale en vue d’accorder l’ensemble des droits politiques cantonaux aux étrangers justifiant au moins huit ans de résidence à Genève. L’initiative a abouti en septembre 2022. C’est maintenant au Grand Conseil de se prononcer sur cet objet, probablement le mois prochain. Ce sera ensuite au peuple de se déterminer.

Pour aller plus loin

«On nous a baladés. Ce qu’on nous a promis, on veut le démanteler»

Une centaine de participants ont assisté au débat et pris connaissance des arguments syndicaux, patronaux et de l’UE.

Pierre-Yves Maillard, président de l’Union syndicale suisse, a croisé le fer avec Petros Mavromichalis, ambassadeur de l’Union européenne en Suisse, il y a dix jours à Lausanne

Protection des salaires et du service public exigée

Après l’abandon de l’accord-cadre institutionnel qui devait régler les futures relations de la Suisse avec le voisin européen, un nouveau mandat de négociation sera élaboré d’ici à la fin de l’année. Face à la pression sur les salaires, les syndicats demandent au Conseil fédéral d’agir pour améliorer les mesures de protection plutôt que de les dégrader.

L’Union syndicale suisse et Travail.Suisse ont alerté la semaine dernière sur les enjeux des futures discussions entre la Suisse et l’Union européenne alors que le Conseil fédéral s’apprête à définir son mandat de négociation

«Il s’agira avant tout de lutter contre les attaques sur les acquis sociaux»

Responsable du département politique d’Unia à l’échelle nationale, la socialiste neuchâteloise Martine Docourt a été élue au Conseil national le 22 octobre dernier. Elle y défendra le pouvoir d’achat, l’égalité, la transition écosociale, et luttera contre la remise en cause des acquis sociaux.

Responsable du département politique d’Unia, la Neuchâteloise Martine Docourt a été élue au Conseil national, où elle pourra s’appuyer sur son expérience professionnelle

Harcèlement au travail, la Suisse à la traîne

L’Union syndicale suisse (USS) s’insurge contre la décision du Conseil des Etats de reporter la ratification de la Convention 190 de l’Organisation internationale du travail (OIT)...