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Deux initiatives pour un salaire digne

Conférence de presse.
© Olivier Vogelsang

A la Maison du peuple à Lausanne, le 12 mai, Pierre-Yves Maillard, Rebecca Joly, Arnaud Bouverat, Gabriela Lima et Elizabete Cunha, ont représenté les syndicats et les partis de gauche, membres du comité unitaire, afin de lancer deux initiatives populaires, l’une constitutionnelle et l’autre législative, pour l’instauration d’un salaire minimum.

Face à la croissance de la pauvreté, la gauche et les syndicats vaudois ont lancé deux initiatives en faveur d’un salaire minimum cantonal fixé à 23 francs brut l’heure. Les initiants ont jusqu’en septembre pour récolter 12000 signatures par texte

Une pièce de 23 francs de 2023, avec ces mots: «Vivre dignement». Le visuel du comité unitaire pour un salaire minimum cantonal vaudois est on ne peut plus clair.

Le 12 mai, à Lausanne, devant la presse, syndicats, organisations et partis de gauche ont donc lancé leur campagne pour un salaire minimum fixé à 23 francs brut l’heure. Un chiffre calculé en fonction des coûts des assurances maladie et des loyers et tenant compte des différentes réalités au sein même du canton. Le succès d’une telle mesure déjà appliquée dans les cantons de Neuchâtel, Jura, Tessin, Bâle-Ville, Genève est, selon les initiants, propice à un tel lancement. Zurich, Winterthour, Valais et Fribourg sont également dans un même processus.

Les deux initiatives vaudoises, l’une visant à ancrer le principe dans la Constitution l’autre à créer une loi d’application, s’inscrivent dans un contexte où le nombre de travailleurs et surtout de travailleuses pauvres s’accroît. Le conseiller national socialiste Samuel Bendahan rappelle la persistance des inégalités: l’inflation frappe davantage les bas revenus qui, de surcroît, ont été moins augmentés. Par ailleurs, ils subissent davantage que les personnes à hauts revenus (plus souvent propriétaires), la hausse des loyers et des charges d’électricité. «Alors que la productivité a crû, cette création de valeur n’a pas récompensé celles et ceux qui l’ont produite. Ce sont les revenus des plus riches qui explosent. Preuve de la mauvaise répartition des richesses», assène l’économiste, qui souligne que 64 études ont démontré que le salaire minimum permet aussi une augmentation de la productivité, car il y a moins de turn-over et plus de motivations chez les salariés. La mesure offre aussi un levier pour lutter contre la sous-enchère salariale et la concurrence déloyale.

Si les Vaudois avaient refusé de justesse le principe d’un salaire minimum en 2011, la situation est bien différente aujourd’hui, estiment ses défenseurs. «L’expérience grandeur nature dans les autres cantons a fait son travail de juge de paix. Le chômage a même baissé à Genève», souligne Pierre-Yves Maillard, président de l’Union syndicale suisse, qui soutient la démarche. Arnaud Bouverat, coprésident du comité unitaire et secrétaire régional d’Unia Vaud renchérit: «Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, notamment dans l’hôtellerie-restauration, la question salariale est essentielle.» Et de souligner que, malgré le dispositif vaudois de politique sociale, comme les PC familles, ainsi que les conventions collectives de travail, 10% de la population touche de bas salaires dans le canton (moins de 3930 francs).

Mesure féministe

Gabriella Lima, coprésidente du comité unitaire, et représentante d’Ensemble à gauche, insiste sur le caractère féministe du salaire minimum. «Les femmes gagnent presque 20% de moins à travail égal. A cette violence s’ajoute l’assignation à des métiers faiblement rémunérés, que ce soit dans la santé, le social, le commerce de détail… Avec pour conséquence d’être précarisées encore davantage à la retraite. L’instauration d’un plancher salarial est donc une mesure forte pour l’égalité.» Elizabete Cunha, conseillère communale popiste à Renens, note également l’importance de l’initiative pour la population étrangère surreprésentée également dans les bas salaires. Pour la députée Verte, Rebecca Joly, ce n’est, de surcroît, «pas à la collectivité de pallier les manquements des employeurs», tout en rappelant que «la justice climatique ne peut se faire sans justice sociale».

Pierre-Yves Maillard souligne encore l’importance d’une jurisprudence du Tribunal fédéral qui a décrété que l’intérêt public du salaire minimum neuchâtelois était prédominant sur la liberté économique. Quant à la motion Ettlin – qui demande que les salaires des CCT nationales de force obligatoire soient prépondérants sur les salaires minimums – acceptée de justesse par les deux Chambres du Parlement, le processus n’en est qu’à ses débuts. «Le Conseil fédéral doit proposer un projet de loi qui devra être mis en consultation. Dans trois ou quatre ans, s’il passait la rampe, il y aurait référendum», précise le président de l’USS.

Comme dans les cantons voisins, des exceptions sont prévues notamment pour les apprentis, les stages dans le cadre d’une formation certifiante ou d’une réinsertion, et l’agriculture. Dans ce secteur, le contrat type de travail continuera de fixer les rémunérations. Par contre, il devra suivre l’indexation appliquée pour le salaire minimum. Les initiants vaudois ont jusqu’au 12 septembre pour récolter 12000 signatures.

Plus d’informations et feuilles de signatures sur: salaire-minimum-vaud.ch

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