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Le nombre d’accidents du travail a fortement diminué en Suisse

Amas d'éléments d'un échafaudage effondré
© Olivier Vogelsang

MI-juillet, un échafaudage s'est effondré à Prilly (VD), tuant trois ouvriers. Un drame heureusement rare.

Malgré une série d’incidents mortels, un coup d’œil aux statistiques permet de voir que la tendance globale est à la baisse des cas, même si c’est plus nuancé en ce qui concerne les accidents mortels.

Ces dernières semaines, plusieurs personnes ont perdu la vie en Suisse en faisant leur travail. Il y a bien sûr eu les trois morts survenues mi-juillet lors du dramatique effondrement d’un échafaudage à Prilly (VD) – sans oublier plusieurs blessés dans un état grave – mais aussi deux accidents mortels au Tessin et un en Valais.

Les victimes travaillaient toutes sur des chantiers de construction, sauf une, employée dans l’exploitation forestière. Ces deux secteurs sont en effet les plus risqués statistiquement en termes d’accidents professionnels. Cette série noire montre que la sécurité au travail reste un perpétuel défi, même si elle s’est nettement améliorée ces dernières décennies.

On déplore près de 250’000 accidents du travail chaque année en Suisse, toutes professions et tous degrés de gravité confondus. En 2021, cela a coûté en tout 1,7 milliard de francs aux assurances. Le type d’accident le plus fréquent est la glissade (près de 29% des cas entre 2017 et 2021). La deuxième cause la plus courante (près de 25%), est le fait d’être atteint par une chute ou une projection d’objet.

Le métier le plus dangereux: bûcheron

Selon les statistiques de la Suva, principal assureur accidents du pays, le métier le plus dangereux en Suisse est bûcheron. On dénombre chaque année dans les entreprises forestières en moyenne 299 accidents pour 1000 emplois à plein temps (âge moyen des victimes: 33 ans), et 48,3 décès pour 100’000 emplois (moyennes pour la décennie 2014 à 2023).

Suivent les divers métiers de la construction. En termes d’accidents, c'est dans la couverture et le revêtement de façades (211 cas pour 1000 emplois) et dans le secteur principal de la construction (179 cas) que le risque est le plus grand (âge moyen: 36-37 ans). En revanche, le nombre moyen de décès est plus élevé dans les remontées mécaniques et les chantiers de montagne (17,2 pour 100’000 emplois, contre 10,9 dans le secteur principal de la construction). Les autres secteurs où le nombre de décès est relativement élevé sont les gravières et l’industrie, les scieries ou les transports routiers.

Dans la construction, le nombre d’accidents a toutefois diminué de 9% en dix ans. Quant aux accidents très graves et aux cas de décès, ils ont reculé de 18%. En revanche, dans la catégorie des accidents graves — qui sont quatre à cinq fois plus nombreux que les accidents très graves — on note une augmentation de 18%. Remarquons toutefois qu’il s’agit là de tendances et qu’en ce qui concerne les décès en particulier, la baisse n’est pas linéaire. Les chiffres peuvent ainsi fluctuer fortement d’une année à l’autre, dans une fourchette entre 7 et 16 cas sur 100’000 emplois. Fait intéressant: en temps de canicule, le nombre d’accidents dans la construction augmente de 7%, les fortes chaleur provoquant fatigue et difficulté à se concentrer.

Dans la sylviculture, le risque d’accident a baissé entre 9% et 11 % en dix ans, selon la gravité des cas. Mais les décès ont tendance à augmenter (+14%), encore que là aussi, ces chiffres soient très fluctuants (entre 18 et 70 cas par an pour 100’000 emplois).

Les loisirs plus mortels que le travail

Tous secteurs confondus, la moyenne des décès est de deux cas sur 100’000 travailleurs ces dernières années, un risque qui a globalement diminué de près de 60% depuis les années 80. A noter par ailleurs que quatre fois plus d’accidents mortels surviennent pendant les loisirs qu’au travail, et que depuis 2007, les maladies professionnelles (en particulier celles liées à l’amiante) tuent davantage que les accidents du travail, puisqu’elles représentent 75% des décès en 2021.

Quant au risque d’accident professionnel, il a au total baissé de 45% depuis l’adoption de la loi sur l’assurance-accident en 1984, qui a rendu obligatoire le fait d’assurer les employés. Selon le rapport de 2023 sur les statistiques des assureurs accidents, cela s’explique en partie par un effort accru en matière de prévention, mais aussi par le fait que le secteur tertiaire, moins dangereux par essence, est de plus en plus important dans l’économie suisse. Le vieillissement de la population joue aussi un rôle, les accidents frappant plus souvent les personnes de moins de 30 ans.

«Je pense que la plupart des employeurs sont soucieux de protéger leur personnel contre les accidents, estime Jean-Luc Alt, porte-parole de la Suva. L’introduction de la directive obligeant à faire appel aux médecins et autres spécialistes de la sécurité au travail dans les entreprises d'une certaine taille a également contribué à la diminution du risque d’accident. Enfin, certaines améliorations technologiques rendent aussi le travail plus aisé et moins dangereux.»

Christine Michel, responsable santé et sécurité au travail chez Unia, relativise toutefois le constat: «Bien que le nombre global d'accidents au travail ait diminué, il reste élevé dans la construction. C'est un secteur dangereux, chaque année près d'un travailleur sur six a un accident. D'ailleurs, le risque d'accidents graves y a augmenté. Certes, il y a eu des efforts, et en tant que partenaire social, Unia participe au programme Sicuro, pour la réduction des accidents dans la construction. Mais la sécurité, ça demande du temps et il y a souvent une forte pression sur les délais dans les chantiers, ce qui accroît les risques. Le problème de la sous-traitance en cascade n'arrange rien, car cela dilue les responsabilités et on perd le contrôle sur le respect des règles de sécurité.»

 

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