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«Les promesses faites devront être respectées!»

Après la victoire d’EFAS dans les urnes, Unia appelle à une répartition des coûts socialement viable et équitable. Véronique Polito, vice-présidente d’Unia, répond à nos questions.

Le 24 novembre, le peuple a accepté la réforme EFAS, pour un financement uniforme des soins, à plus de 53%. Malgré le rejet romand (plus de 65% de non à Genève et à Neuchâtel), le fort oui alémanique a fait pencher la balance. Pour bref rappel, cette modification de la LAMal prévoit que le financement des prestations de santé (soins hospitaliers ambulatoires et de longue durée) soit réparti entre les assureurs (73,1%) et les cantons (26,9%).

Unia, qui s’est fortement opposé à ce projet, accuse le coup. «Ses conséquences pour les institutions ainsi que pour les payeurs et les payeuses de primes sont imprévisibles, a réagi le syndicat, dans un communiqué de presse le jour des votations. Il est donc urgent de prendre des mesures pour alléger la charge des primes et financer le système de santé de manière socialement viable et équitable.»

En effet, avec le vieillissement de la population, les besoins en soins de longue durée vont considérablement augmenter ces prochaines années et, avec eux, les coûts des soins stationnaires et ambulatoires. «Dans les soins de longue durée, la part payée par les caisses maladie augmentera, ce qui d’une part alourdira la charge à porter par les payeurs et les payeuses de primes et d’autre part est fondamentalement antisocial du fait du système des primes par tête», poursuit Unia.

Véronique Polito, vice-présidente d’Unia, commente ces résultats et aborde la suite du combat.

Comment expliquer la victoire d’EFAS lors des votations?

Ceux qui étaient favorables à cette réforme ont fait beaucoup de promesses qui ont pu séduire mais qu’ils ne pourront pas toutes tenir. Les défenseurs d’EFAS sont allés jusqu’à annoncer que les primes d’assurance maladie allaient baisser, c’était extrêmement osé. Notre rôle sera donc de veiller au grain et de nous assurer que la plupart des promesses faites seront respectées, notamment dans les soins de longue durée. Le Conseil fédéral assure que les nouveaux tarifs vont couvrir l’ensemble des coûts effectifs dans les EMS. Or, dans les hôpitaux publics aujourd’hui, le système de tarification a montré ses limites et beaucoup sont en sous-couverture et se retrouvent endettés. Nous refusons que ce schéma se répète dans les homes et les services de soins à domicile, qui se retrouveraient contraints de licencier du personnel, avec une baisse de la qualité des soins pour les patients. Nous allons donc veiller à ce que ces tarifs couvrent les coûts effectifs mais aussi que les conditions de travail soient améliorées. Il y a déjà un exode du personnel soignant, et cela risque de s’intensifier si l’on n’agit pas rapidement.

Comment s’organise la lutte maintenant?

Nous fêtons ces jours les trois ans de l’adoption de l’initiative populaire sur les soins infirmiers, qui exige des améliorations des conditions de travail pour le personnel soignant. Nous allons nous concentrer sur sa mise en œuvre. Unia, avec le personnel que nous représentons, a participé au processus, et nous avons des attentes. Nous appelons évidemment à ce que sa mise en œuvre soit plus rapide que celle de la réforme EFAS. 

Dans les soins de longue durée, il y aura une phase transitoire et EFAS ne va pas être appliqué tout de suite, mais il est très important que nous puissions intervenir dans le processus. Dans la santé, on ne peut pas épargner à gogo! Si on rogne sur le personnel, il y aura forcément des incidences sur la qualité des soins dispensés aux personnes âgées. 

Est-ce que cette votation relance le débat sur la caisse unique?

C’est une thématique qui revient, notamment dans les discussions liées à des initiatives récentes comme celle de l’allègement des primes. Plus ça va, et plus on se rend compte que le système actuel est dysfonctionnel. On ne peut plus gérer des milliards de francs d’argent public avec une soixantaine d’acteurs privés que sont les assurances, qui ont leurs propres intérêts. 

Le fort rejet d’EFAS en Suisse romande exprime une méfiance profonde du système d’assurance maladie tel qu’on le connaît aujourd’hui: est-il viable à long terme? Ce qui est sûr, c’est que plus les primes vont augmenter, plus il y aura des pressions pour changer le système. 

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