Entre les récentes annonces de licenciements et l’urgence de renforcer les délégations du personnel, la conférence de l’industrie MEM est revenue sur les challenges dans la branche.
A l’occasion de la conférence de branche de l’industrie des machines, des équipements électriques et des métaux (MEM) d’Unia, qui a eu lieu le 22 novembre à Berne, une place toute particulière a été donnée aux travailleurs de Stahl Gerlafingen, présents pour témoigner de leur lutte. «Si ces derniers ne s’étaient pas mobilisés comme ils l’ont fait, ils n’auraient pas pu atteindre leur objectif, à savoir suspendre les 120 licenciements annoncés», a introduit Matteo Pronzini, responsable de la branche MEM pour Unia, qui orchestrait cette conférence.
Vania Alleva est revenue sur une semaine de mobilisation «extraordinaire». «Cette victoire revient aux travailleurs et aux commissions du personnel (Cope). On aurait pu échouer et voir les licenciements se confirmer. Un travail incroyable a été fait lors des assemblées générales, il y a aussi eu cette action sur la place Fédérale qui a rassemblé 500 personnes, sans oublier la pétition qui a réuni plus de 10000 signatures en très peu de temps.» La présidente d’Unia a souligné l’importance du soutien de l’opinion publique mais aussi d’autres acteurs comme le Grève pour le climat. «Nous avons travaillé tous ensemble et réussi à faire bouger les lignes. Même s’il n’est pas encore définitif, c’est un important succès d’étape qu’il faut célébrer, et il ne faut surtout rien lâcher!»
Si les fêtes de fin d’année approchent, il reste encore du pain sur la planche, a prévenu Vania Alleva, que ce soit chez Stahl Gerlafingen ou dans les négociations salariales. «L’essentiel est de ne pas lâcher sur nos revendications de hausse générale des salaires. Dans l’industrie, les moyens et bas revenus ont vu leurs salaires réels baisser avec l’inflation. Cette année, nous voulons plus que la compensation du renchérissement!»
Quand la lutte paie
Matteo Pronzini a insisté sur l’importance de maintenir des sites industriels comme ceux de Stahl Gerlafingen ou de Swiss Steel, qui ne sont pas les seuls à produire de l’acier, mais qui le font en émettant le moins d’émissions de CO2, via des processus de recyclage. «Nous avons obtenu l’arrêt des licenciements et la mise en place du chômage partiel pour 2025, c’est une grande réussite. Il y aura aussi des propositions soumises au Parlement au printemps sur la baisse du prix de l’acier.»
Quatre travailleurs actifs dans la lutte chez Stahl Gerlafingen étaient présents et ont pris la parole à tour de rôle, sous les applaudissements des quelque 70 personnes réunies lors de cette conférence.
«Je suis très heureux qu’on ait pu atteindre notre objectif, s’est exprimé le vice-président de la commission du personnel, employé depuis 24 ans chez Stahl Gerlafingen. C’est notre deuxième maison, ce travail. On ne savait pas si on allait y arriver, mais l’annonce de la direction nous a fait bouger. Il y a eu un élan de solidarité et beaucoup d’énergies positives: une motivation qui est allée au-delà de l’entreprise. C’est un gros poids enlevé de nos épaules, même si tout n’est pas fini. La lutte continue.» A côté de lui, le président de la Cope a souligné qu’il y avait eu beaucoup de travail pour arriver à ce résultat. «Sans Unia, nous n’aurions jamais atteint cette victoire!» Un constat partagé par un autre camarade et collègue. «Cette deuxième vague de licenciements nous a tous déprimés. Puis, on a mis les bouchées doubles. L’équipe était déjà bien rodée. Unia a été d’un grand soutien et est capable d’organiser des mobilisations massives à très court terme. Stahl Gerlafingen paie des consultants hors de prix depuis quatre ans: nous, en quelques semaines, nous avons réussi à mener des actions et à faire plier la direction. Cela prouve que l’union fait vraiment la force.»
Un employé de Swiss Steel a aussi tenu à témoigner: «Cent trente postes sont menacés chez nous. Nous avons déjà mené des discussions et des assemblées. Les collègues de Stahl Gerlafingen nous servent de modèle, ils ont ouvert la voie et nous allons bouger nous aussi. Swiss Steel fait partie d’un groupe international, donc le combat s’annonce rude, mais on a décidé de lutter, et nous ne nous laisserons pas faire!»