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Dumping sur les conditions de travail dénoncé

La société Echami Echafaudages dans le collimateur des syndicats genevois depuis plusieurs années a été épinglé

Symboliquement, les syndicats Unia, SIT et Syna ont convoqué la presse le 1er Mai sur le chantier du bâtiment du Centre patronal romand à Genève pour dénoncer le mandat confié à l'entreprise Echami Echafaudages, accusée d'accumuler les infractions conventionnelles. Des accusations qui ont été en partie confirmées par la Commission paritaire de la branche qui a retiré la conformité CCT à la société, et ce, jusqu'à ce que les arriérés soient versés aux employés lésés.

«Jungle dans les échafaudages: ça suffit!» La banderole brandie par les syndicats Unia, SIT et Syna donne le ton. Le 1er Mai, ces derniers ont convoqué les médias lors d'une action devant la Fédération des entreprises romandes à Genève afin de dénoncer l'entreprise Echami Echafaudages, mandatée pour les travaux de rénovation du bâtiment. Dans le collimateur des syndicats depuis quelques années, la société, une des plus importantes à Genève dans le secteur, est accusée de multiples infractions à la Convention collective de travail (CCT) pour le montage d'échafaudages en Suisse: des infractions allant du travail à la tâche au non-respect du temps de travail en passant par la sous-enchère salariale. «Nous sommes là, en ce jour symbolique du 1er Mai, pour dénoncer une entreprise qui ne respecte pas les conditions de travail minimales prévues par la CCT et qui pratique le dumping salarial», a déclaré Alessandro Pelizzari, secrétaire régional d'Unia. Tout aussi interpellant, en plus d'être mandatée par le Centre patronal romand, Echami Echafaudages s'est vu confier des chantiers du Ceva, ledit «chantier du siècle», financé par les pouvoirs publics...

60 heures par semaine
Echami Echafaudages est un cas parmi d'autres, révélateur de la déréglementation totale du secteur. «Dès que les échafaudeurs sont sortis de la CCT des maçons, les prix ont chuté et les contrôles ont reculé, explique Alessandro Pelizzari. Il y a une tentative des syndicats de réglementer à nouveau la branche mais c'est contraire à la volonté des patrons de casser les prix en mettant les entreprises en concurrence.»
Créée en 2001, cette société déclarerait entre 35 et 40 collaborateurs. «D'après le témoignage des travailleurs, il y en aurait 25 à 30 de plus, a ajouté Thierry Horner, secrétaire syndical au SIT. Echami précarise ses travailleurs en pratiquant le travail à la tâche, pourtant interdit par la CCT, et en imposant des cadences de travail hallucinantes allant de 48 à 60 heures par semaine au lieu des 42 heures prévues.» Les syndicats pointent également le recours à la sous-traitance abusive, dont la situation des travailleurs détachés est «encore pire». Et de rappeler l'urgence de mettre en place le principe de responsabilité solidaire. «Les entreprises principales ne doivent plus se cacher derrière des sous-traitants, dans l'apparence, en règle», poursuit Thierry Horner.

Jugée non conforme
Dénoncée, Echami Echafaudages a été récemment épinglée par la Commission professionnelle paritaire pour le montage d'échafaudages - composée de représentants syndicaux et patronaux - qui, après avoir effectué un contrôle du livre des salaires de la société et constaté de «graves manquements», a décidé de lui retirer la conformité CCT. Dans une lettre recommandée adressée le 18 avril à la mairie de la commune de Vernier et à la Direction générale du génie civil, la Commission paritaire informe qu'elle validera à nouveau la conformité CCT une fois que Echami Echafaudages «aura apporté la preuve du versement des arriérés aux employés». Elle recommande également, pour l'instant, de suspendre le recours à cette société par les entreprises publiques. «Cela officialise ce que nous dénonçons depuis longtemps», a réagi Alessandro Pelizzari. Une nouvelle plutôt positive pour la branche, donc. «La pression syndicale commence à porter ses fruits, continue le secrétaire régional. Et il faut maintenir cette pression, notamment à travers notre initiative populaire pour le renforcement des moyens de contrôle dans les entreprises.»


Manon Todesco