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La médiation tourne au vinaigre

Les patrons ont interrompu vendredi la médiation dans la construction, alors qu'un accord était en vue

A la dernière minute, la Société suisse des entrepreneurs a cessé les négociations vendredi alors que les deux parties étaient sur le point de s'entendre. Bien que le délai pour trouver une solution soit échu, les patrons ont réclamé davantage de temps afin de rediscuter «sur de nouvelles bases». Autant dire un retour à la case départ. Une décision qui met fin à la médiation pour Unia.


Coup de théâtre vendredi dernier. Alors que les négociations entre les syndicats et la Société suisse des entrepreneurs (SSE) étaient en passe d'aboutir pour une nouvelle convention collective dans la construction, les employeurs ont interrompu la médiation. La SSE a en effet annoncé qu'elle souhaitait un retour au dialogue en fin de semaine prochaine sur la base de «nouvelles idées», tout en précisant qu'elle n'aurait que peu de temps pour des négociations approfondies au cours des semaines suivantes. Or, un accord avait d'ores et déjà été élaboré dans les détails sur le papier. Une interruption de ce type est inacceptable pour les syndicats qui avaient fixé à fin novembre le délai pour parvenir à une solution. «La SSE veut clairement jouer la montre. Elle compte sur un pourrissement de la situation», explique Jacques Robert, membre du comité directeur d'Unia.
Pour Unia, la décision de la SSE met donc fin au contrat de médiation demandé par cette dernière le 5 novembre. Unia se félicite néanmoins des bons services de Jean-Luc Nordmann, l'ancien chef de la Direction du travail du Secrétariat d'Etat à l'économie, «qui a beaucoup contribué à ce que les négociations portent sur des questions de fond». Mais les syndicats ne peuvent être tenus à renoncer à toute mesure de lutte, comme le prévoit l'accord de médiation, que si une avancée rapide est en vue: «La SSE ne peut pas dénoncer la convention collective et bénéficier en même temps de la paix du travail», affirme Jacques Robert.

Grèves étendues
En conséquence, le parlement des travailleurs de la construction d'Unia, réuni samedi, a décidé de reprendre les grèves qui avaient été suspendues en novembre. Concrètement, les débrayages prévus à Genève, Lausanne, Bienne et au Tessin auront lieu, et d'autres seront agendés. «Le programme sera étendu. Nos luttes n'ont pas été suffisantes jusqu'à présent», constate Jacques Robert, qui envisage un retour des arrêts de travail pour le mois de mars. Une grève nationale est désormais au programme.
Les maçons ont aussi adopté plusieurs revendications importantes: tout d'abord, le maintien du fonds paritaire de la branche. Récemment, la SSE avait décidé de s'en passer et de créer un fonds de formation strictement patronal. Ceci en violation de l'accord de médiation qui prévoyait que les parties devaient d'abstenir de toutes mesures unilatérales pendant ce laps de temps. Les délégués d'Unia ont aussi exigé que tous les militants soient protégés contre le licenciement et ont revendiqué 3% d'augmentation des salaires pour 2008 et 2009. Ils ont encore demandé que la durée du trajet pour se rendre sur les chantiers - qui est souvent élevée pour les maçons - soit comptabilisée dans leur temps de travail, et ont réitéré leur refus de flexibiliser encore davantage les horaires.

Référendum sur la libre circulation
Le parlement des maçons a aussi voté une proposition chargeant les instances compétentes d'Unia de se préparer à un référendum éventuel contre la poursuite de la libre circulation des personnes. «Unia avait accepté la libre circulation en 2005. Mais les mesures d'accompagnement sont essentielles. Les conventions collectives en sont l'instrument principal. Si l'une des grandes CCT tombe, il est légitime que les travailleurs se posent des questions», commente Jacques Robert.
Malgré la décision de la SSE, Unia se dit prêt à reprendre le fil de la négociation, y compris grâce à la médiation externe de Jean-Luc Nordmann. Mais «sans nouvelle mesure dilatoire», prévient le syndicat.

Christophe Koessler