Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

«Le syndicat ne se laissera pas impressionner»

Blaise Carron devant les locaux d'Adatis.
© Neil Labrador/archives

Le 17 avril dernier, Unia avait dénoncé devant l’entreprise des salaires choquants.

Adatis a porté plainte contre Unia. Le syndicat l’avait interpellé publiquement en raison de salaires particulièrement bas perçus par une partie du personnel. Il dénonce une tentative de musellement

Le 30 septembre, Blaise Carron, secrétaire syndical d’Unia Valais, a été convoqué par la police cantonale à la suite d’une plainte pénale déposée contre lui par l’entreprise Adatis. Basée à Martigny, cette dernière, spécialisée dans la fabrication de pièces automobiles, a en effet attaqué le syndicat au motif de «calomnie, subsidiairement diffamation, infraction à la loi sur la concurrence déloyale, contrainte». La société a réagi à l’action menée par le syndicat le 17 avril 2019, qui dénonçait devant ses murs des rémunérations particulièrement «choquantes» pour une quinzaine d’employés sur les 60 que compte l’entreprise. Ces travailleurs, dont une majorité de femmes, gagneraient 2670 francs net par mois (3000 brut), pour 42h30 de travail hebdomadaire, sans 13e salaire et avec 4 semaines de vacances seulement par an. Unia avait alors prié Adatis de corriger cette situation et de verser des salaires décents, en se calquant sur les pratiques en vigueur. En l’absence de réaction de la direction, Unia avait aussi, en août, informé Bosch, un des clients de la firme, de la problématique, lui demandant d’intervenir.

Le syndicat, fidèle à sa mission

«En juillet, j’ai reçu un courrier de la société m’informant qu’elle allait porter plainte. J’ai été surpris qu’elle le fasse vraiment. Nous nous sommes bornés à mentionner des faits. Adatis n’a jamais contesté les chiffres», précise Blaise Carron, ajoutant que le syndicat, avant dénonciation publique, avait tenté de dialoguer avec les responsables. Sans succès. «Mais plutôt que d’adopter une attitude raisonnable en discutant et en adaptant les salaires les plus bas de la société, Adatis cherche aujourd’hui à museler Unia en déposant une plainte. La firme préfère s’en prendre au messager au lieu de corriger des rémunérations indignes dénoncées à juste titre», remarque le secrétaire syndical estimant avoir agi dans son bon droit. «La démarche d’Adatis m’indiffère. S’il faut risquer une plainte pour que les salaires augmentent, tant pis.» Et Blaise Carron d’insister encore: «C’est la mission d’Unia que d’agir contre ce type de pratique, son rôle de dénoncer les scandales. Fidèle à sa vocation de lutte pour l’amélioration des conditions de vie des travailleurs, le syndicat ne se laissera pas impressionner. Il continuera à œuvrer pour que ces pratiques d’un autre âge n’aient plus cours en Valais. Nous avons seulement réclamé le versement de salaires décents à une partie du personnel n’en bénéficiant pas.»

Pour aller plus loin

«Il est urgent d’agir pour protéger les représentants du personnel»

Réunis à la Maison du peuple à Lausanne, les militants et les militantes de plusieurs entreprises de l’Arc lémanique ont abordé de nombreuses questions les préoccupant.

L’assemblée des militants de l’industrie de l’Arc lémanique d’Unia s’est réunie dernièrement pour faire le bilan de l’année écoulée, parler des retraites mais aussi du licenciement de l’un des leurs

Des salaires à la hausse dans l’industrie MEM

Les salaires minimums de l’industrie des machines, des équipements électriques et des métaux (industrie MEM) seront augmentés de 1,7% dès le 1 er janvier 2024. Comme le prévoit la...

Saint-Gall: Dégradation des conditions de travail à SFS

Le groupe industriel SFS a demandé à une partie de ses collaborateurs de travailler davantage sans compensation salariale et a supprimé cinq jours de vacances

Une mondialisation pas si heureuse

Cadre de travail dans l'industrie.

Une étude du chercheur suisse Aris Martinelli montre que l’organisation mise en place par les multinationales conduit à une dégradation des conditions de travail