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Comment se prémunir des dangers de l'amiante

Unia et la Suva mènent de front une campagne de prévention dans le canton de Neuchâtel

L'amiante se loge encore dans bon nombre de bâtiments construits avant 1990. Le danger d'absorber des poussières nocives subsiste en cas de travaux de réfection et de démolition. Comment s'en prémunir, quelles précautions faut-il prendre? Unia et la Suva se sont unis pour apporter des réponses dans une campagne marquée par deux expositions et un débat dans le canton de Neuchâtel.

L'amiante s'est replacé au cœur de l'actualité, avec la condamnation à seize ans de prison des anciens patrons d'Eternit, dans le verdict d'un procès suivi par L'Evénement syndical, le 13 février dernier à Turin. Aujourd'hui, dans le canton de Neuchâtel, l'amiante est à son tour sur le devant de la scène. Mais cette fois sous un tout autre angle. Celui de la prévention, de l'information, de la détection des dangers qui subsistent et du moyen d'y remédier.

Protéger les personnes au travail
Unia et la Suva ont uni leurs efforts pour mener cette opération. A Neuchâtel, du 21 au 29 mars, une exposition Unia est présentée dans le Péristyle de l'Hôtel de Ville. Elle porte sur le drame de l'amiante vu à travers le prisme des artistes Luigi Boccadamo et Diego Giabardo qui ont réalisé des œuvres évocatrices. A côté des sculptures figureront des informations utiles sur l'amiante, notamment sur les moyens de le détecter et de s'en prémunir, avec des exemples illustrés de manière très concrète. Une deuxième exposition «la Maison de l'amiante», se déroule en parallèle depuis le 12 mars et jusqu'à la fin du mois au Centre professionnel des métiers du bâtiment à Colombier. Elle se destine aux apprentis et leurs professeurs, en mettant l'accent sur les défis professionnels que pose l'amiante: détection, mesures à prendre, précautions, cadre légal, etc. Cette campagne se terminera avec une soirée d'information publique à l'Université de Neuchâtel.
«Nous nous sommes engagés dans cette action parce que le problème de l'amiante est particulièrement important pour notre syndicat. Ce sont les travailleurs qui sont les premiers confrontés aux dangers qu'il représente, en particulier dans les travaux de rénovation», explique Catherine Laubscher, secrétaire régionale d'Unia Neuchâtel. Et au-delà de ces manifestations, «nous demandons que soit introduit dans le canton un texte qui oblige les autorités à faire un diagnostic de la présence ou non d'amiante dans les bâtiments publics construits avant 1990 et d'exiger également un tel diagnostic en cas de mise à l'enquête pour des rénovations de constructions privées, un peu sur le modèle de ce qui se fait déjà dans les cantons de Genève et de Vaud».

Un danger parfois caché
En Suisse, environ 100 kilos d'amiante par habitant ont été utilisés avant l'interdiction de ce matériau, en 1990. Près de 80% du parc immobilier du pays a été construit avant cette date, ce qui signifie que le danger potentiel est encore loin d'être écarté. L'amiante se cache aussi dans des endroits où l'on ne pensait pas en trouver, comme des tableaux électriques ou même des wagons de chemins de fer ou des bateaux. On peut en découvrir en enlevant du carrelage, un linoléum ou un mastic de fenêtres. Ce matériau devient dangereux au moment où il libère les fibres microscopiques qui le composent. Autrement dit par la poussière qu'il dégage lorsqu'on le découpe, le casse ou le ponce. La Suva indique ainsi que la maladie peut se déclarer 40 ans après l'exposition et que cela cause encore 100 décès par an en Suisse. Malheureusement, «nombreuses sont les personnes - professionnels et particuliers - qui ignorent encore à quel point le risque d'exposition aux poussières d'amiante est élevé lors de travaux de rénovation, de transformation et de démolition des bâtiments», déplore Nadia Gendre responsable pour la Suva de cette opération neuchâteloise.

Gare aux nanoparticules
Pour Dario Mordasini, responsable Unia pour la sécurité au travail et la protection de la santé, «la priorité est de protéger tous les employés qui peuvent entrer en contact avec l'amiante», en commençant par respecter rigoureusement la loi d'ordonnance sur les travaux de construction qui prévoit que l'employeur est tenu d'identifier les substances suspectes. Il insiste sur la «nécessité de former tous les employés aux risques que présente ce minéral. «Surtout, en cas de soupçon, il faut que la personne confrontée au danger puisse dire stop, arrêter son travail jusqu'à ce que soient prises les mesures de protection nécessaires.» Unia se bat aussi pour une indemnisation juste des victimes et, avec plusieurs syndicats internationaux, réclame une interdiction planétaire de l'amiante, car les trois quarts des pays (surtout en Asie, Afrique et Amérique latine) continuent à en produire et à en utiliser, ce qui cause près de 100000 décès par année.
Enfin, le syndicat lutte pour que l'on tire des leçons de la tragédie de l'amiante en prenant aujourd'hui déjà toutes les précautions face à un certain nombre de produits contenant des nanoparticules dont on n'a pas encore pu mesurer les impacts à long terme sur la santé.


Pierre Noverraz

 

Le programme

Exposition Unia «Cent morts», œuvres de Luigi Boccadamo et Diego Giabardo et présentation didactique de la «Maison de l'amiante», du 21 au 29 mars, Péristyle de l'Hôtel de Ville, Neuchâtel. Heures d'ouverture: du lundi au vendredi de 8h à 18h30, samedi de 10h à 17h, dimanche fermé.

Soirée d'information sur l'amiante: jeudi 29 mars à 19h, aula de la Faculté de droit de l'Université de Neuchâtel. Avec différents intervenants sur la prévention, les aspects médicaux, juridiques ainsi que la sécurité au travail.

L'exposition «Maison de l'amiante» au Centre professionnel de Colombier (NE), qui se tient jusqu'au 29 mars, est réservée aux apprentis et professionnels.