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«Il faut élire à Berne celles et ceux qui défendent le monde du travail»

Le palais fédéral.
© Neil Labrador/archives

Le monde ouvrier est peu représenté au Parlement fédéral. Des militants et des secrétaires syndicaux sont candidats pour porter les revendications sous la coupole.

Dans plusieurs cantons romands, des syndicalistes d’Unia se présentent aux élections fédérales du 22 octobre. Survol de leurs motivations

Le peuple suisse est appelé aux urnes le 22 octobre pour renouveler le Parlement fédéral. Rappelons que celui-ci est composé de deux Chambres, le Conseil national, représentant la population avec 200 sièges, et le Conseil des Etats, dont les 46 élus et élues sont la voix des cantons. Ces conseillers nationaux et sénateurs votent les lois, adoptent le budget et désignent les membres du Conseil fédéral. Des syndicalistes d’Unia se présentent dans plusieurs cantons romands, petit tour d’horizon.

«L’injustice est pour moi insupportable»

A Genève, l’ancienne présidente d’Unia, Danielle Parmentier, se lance ainsi avec l’Union populaire. Le pouvoir d’achat est l’un des grands thèmes de ces élections fédérales et cette assistante en pharmacie de 68 ans peut témoigner des difficultés à boucler ses fins de mois. «Je suis à l’AVS, mais je continue à travailler pour joindre les deux bouts, ma retraite est insuffisante, je suis une femme divorcée qui a arrêté de travailler pour élever ses enfants, je le paie aujourd’hui. Je bénéficie désormais du subside maladie, mais avant j’avais moins de 3000 francs pour vivre. On se prive de beaucoup de choses, on ne vit pas sereinement sa retraite, devoir toujours compter, se priver, ce n’est pas normal quand on a élevé des enfants, travaillé à la maison et à l’extérieur, ce n’est pas normal dans un pays riche comme la Suisse et quand on voit combien gagnent les patrons des caisses maladie», confie cette habitante du Lignon, qui résume ainsi son nouvel engagement: «L’injustice est pour moi insupportable, j’ai toujours lutté au niveau syndical, je me suis mise dans un parti pour agir plus fort, il faut qu’on puisse faire avancer les choses.» Remarquons que plusieurs syndicalistes d’Unia figurent sur les listes de l’Union populaire aux côtés de Danielle Parmentier: le président du groupe des retraités, Pierre Vanek, les secrétaires syndicaux Jean Burgermeister et Andrey Schmid, ainsi que Pablo Cruchon, Claire Sottas-Blattmann et Giulia Willig.

«C’est important de défendre les ouvriers»

Dans le canton de Vaud, un autre retraité d’Unia se présente aux suffrages des électeurs, Karl Raschle pour le POP. «J’ai cinquante ans de syndicat, je n’ai jamais voulu mélanger politique et syndicat avant d’être à la retraite parce qu’on ne prend pas toujours la même voie et ça peut nous diviser. Le syndicat, c’est pour les ouvriers, la politique, c’est pour tout le monde», tranche ce serrurier de 65 ans. Pense-t-il que les syndicalistes devraient s’abstenir de se présenter? «Je ne dis quand même pas cela, mais il faut être clair: un permanent d’Unia doit suivre les décisions du syndicat, pas celles de son parti.» Pour cet ancien membre du comité central, cette démarche politique est un prolongement de l’engagement syndical. «Je défends la même chose, la lutte pour les petits salaires, contre la pauvreté et pour l’intégration des immigrants. C’est important de défendre les ouvriers, les minorités et l’égalité salariale puisque les femmes sont toujours défavorisées.» Une autre adhérente d’Unia accompagne Karl Raschle sur la liste popiste, l’infirmière Isabelle Burger.

«Réduction du temps de travail sans baisse de salaire»

Dans le canton de Neuchâtel, Solenn Ochsner met les points sur les i: «Je suis syndicaliste avant d’être politicienne, je ne pourrais jamais défendre un programme qui irait à l’encontre de la classe ouvrière ou d’une minorité quelle qu’elle soit.» Cette secrétaire syndicale d’Unia en charge de l’industrie concourt sous les couleurs de solidaritéS avec trois autres jeunes femmes. «Notre programme s’articule autour d’une revendication centrale, la réduction du temps de travail sans baisse de salaire. On touche là aux questions du partage des gains de productivité et du pouvoir d’achat, de la reconversion écologique, de l’égalité et du féminisme, car il s’agit aussi de permettre une meilleure répartition entre les genres du travail rémunéré et des tâches familiales et domestiques, mais aussi de la migration puisque ce sont les personnes migrantes qui occupent le plus les jobs dépassant les 40 heures par semaine. Cette réduction du temps de travail concerne également l’âge de départ à la retraite, que nous voulons abaisser à 60 ans. En fondant le 2e pilier dans l’AVS, nous pouvons financer un système de retraites solidaire.» Solenn Ochsner souligne que la baisse du temps de travail est l’une des plus anciennes revendications du mouvement ouvrier et que, si elle peut s’effacer devant la question des salaires et du coût de la vie, elle continue d’être portée par le syndicat. «C’est l’une des revendications de la branche des machines, elle est avancée dans les négociations pour le renouvellement de la CCT de l’horlogerie et de la microtechnique, elle est encore soutenue par les mouvements pour la grève des femmes et pour le climat, auxquels nous participons.» A Neuchâtel, une autre permanente du syndicat est en lice, la socialiste Martine Docourt, responsable du département politique d’Unia et, par ailleurs, présidente du Grand Conseil.

Aile syndicale à remplumer

Rare syndicaliste élu à Berne, le président de l’Union syndicale suisse et conseiller national, Pierre-Yves Maillard, a pu se sentir un peu esseulé durant cette législature. Le socialiste vaudois, qui se présente cette fois au Conseil des Etats, ne peut qu’espérer que l’aile syndicale se remplume sous la coupole du Palais fédéral: «On voit ces jours à quel point la majorité du Parlement ignore les besoins urgents de la population qui travaille ou qui a travaillé toute sa vie. Aucune mesure n’a été prise pour bloquer la hausse des loyers, il n’y a pas eu d’indexation complète des rentes AVS, aucune proposition pour limiter les coûts de l’assurance maladie n’a passé la rampe, le plafonnement des primes a été refusé, entre autres exemples parlants. Il n’y a qu’une solution: tout faire pour renforcer à Berne celles et ceux qui ont la vocation de défendre le monde du travail.»

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