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Inecla à bonne école

Inecla institut d'espagnol et de culture latino-américaine fête son 35ème anniversaire

Basé à Lausanne et comptant aussi une antenne à Morges, Inecla, Institut d'espagnol et de culture latino-américaine, souffle ses 35 bougies. Différentes activités culturelles se dérouleront en octobre pour célébrer ce jubilé. Une occasion pour revenir sur la mission de cette école animée d'un esprit particulier où l'apprentissage de la langue rime avec partage et amitié, découvertes et immersion dans le monde hispanophone, solidarité. Rencontre avec son fondateur et directeur, Adolfo López accompagné de son épouse Lilian, réfugiés politiques chiliens. Et témoignages d'élèves.

Pousser la porte d'Inecla, c'est découvrir une école hors du commun. Un endroit dédié bien sûr à l'apprentissage de l'espagnol mais aussi un espace de rencontres et de découvertes. Un lieu où les cinq professeurs attitrés de Lausanne ne se limitent pas à enseigner la langue mais familiarisent aussi les élèves à la culture latino-américaine et hispanophone. Une immersion au cœur d'un monde pluriel où voyagent les élèves, dans une ambiance chaleureuse et amicale. Bon enfant. Aussi bien durant les cours, où la conversation joue un rôle fondamental, que pendant la pause qui réunit alors l'ensemble des classes, tous niveaux confondus. Un moment de convivialité - entre encas et boissons - rythmé par des animations interactives assurées à tour de rôle par les professeurs abordant des aspects spécifiques de l'Amérique latine et de l'Espagne. Entre histoire, folklore, musique, traditions... Cette approche d'étude globale trouve encore des prolongements dans l'organisation de différentes activités culturelles - dont des voyages - et des projets solidaires auxquels sont invités à participer les élèves. Un esprit d'échanges et de partage qu'Inecla doit directement à la personnalité de son fondateur et directeur, Adolfo López, épaulé de son épouse Lilian, 77 et 73 ans qui, ensemble, ont créé une structure qui leur ressemble: ouverte, attachante et généreuse.

Liens avec leur origine
«Nous aimons nos élèves. Nous leur donnons tout ce que nous pouvons. Et nous recevons énormément aussi», lance Lilian López avec cette sensibilité à fleur de peau, cette joyeuse extraversion qui la caractérise. «Nous voulons que les participants aient du plaisir à venir à l'école, qu'ils se sentent accueillis», renchérit tout aussi enthousiaste son époux, passionné par Inecla comme aux premiers jours. Une aventure qui a débuté en 1982, quatre ans après l'arrivée du couple à Lausanne ayant fui, avec ses quatre enfants, la dictature de Pinochet. Après avoir travaillé d'abord, lui comme typographe, elle comme aide-infirmière, les réfugiés politiques décident de renouer avec la profession exercée dans leur patrie, l'enseignement. La transmission de l'espagnol va aussi leur permettre de garder un lien fort avec leurs racines. Les deux exilés débutent les cours avec... quatre élèves. Le bouche à oreille et un intérêt grandissant pour l'Amérique latine alors secouée par nombre de dictatures étoffent petit à petit les rangs. Mais c'est surtout une messe créole organisée pour le 5e anniversaire de l'école à la cathédrale de Lausanne - avec l'aide d'amis musiciens et d'élèves - qui la fait connaître. «Une chorale de 80 chanteurs s'est produite. Nous attendions 200 personnes, 1600 sont venues! Cet événement a propulsé lnecla», se remémore avec émotion Adolfo López, précisant que la collecte organisée à l'issue de la manifestation a permis de venir en aide à des orphelins mexicains.

Conserver l'âme d'Inecla
Aujourd'hui, pas moins de 8000 personnes ont transité dans les classes d'Inecla. De tous les âges. De tous les milieux. Bénéficiant de la souplesse de la structure qui accueille des participants en cours de programme et n'impose pas d'engagements annuels. Le couple déplore pourtant aujourd'hui une baisse d'intérêt à l'apprentissage de l'espagnol. «La langue est passée de mode. Le russe et le chinois l'ont supplantée. Il y a aussi une très forte concurrence via Internet. Et l'espagnol figure désormais au programme des gymnasiens.» Pas de quoi toutefois décourager les López qui, en dépit d'un rendement leur permettant tout juste de faire tourner Inecla, entendent bien assurer sa continuité et son originalité. «On pense prendre notre retraite mais on ignore encore quand et quelle forme prendra la relève. Nous voulons que l'école conserve son âme. Que son esprit perdure. Une autre orientation que de faire des affaires», relève le tandem qui, s'il n'enseigne plus, effectue encore des remplacements et continue bien sûr à organiser des activités. Et Lilian López d'ajouter: «Adolfo ne gagne rien avec Inecla. Mais c'est sa vie.» Quelques mots résumant l'engagement de ce duo qui voit dans l'espagnol une langue d'unification et de solidarité à large échelle. «On trouve partout des gens qui la parlent. Et c'est à terme un moyen d'unité latino-américaine, par-delà les frontières, les différences, les divisions et les rancunes passées.»


Sonya Mermoud

 


TEMOIGNAGES

Les raisons de leur fidélité...

Fréquentant l'école depuis plusieurs années, des élèves témoignent de leur expérience et qualifient chacun à leur manière la langue espagnole

Marco Stäuble, architecte, 42 ans: «L'espagnol, c'est la langue du week-end»
«J'ai décidé de prendre des cours d'espagnol car je comptais de nombreux amis sud-américains. Si je me débrouillais en conversation, je voulais maîtriser la conjugaison. Un proche m'a conseillé Inecla», explique le polyglotte - il parle aussi allemand, russe, italien, japonais... - qui a fréquenté l'école de 2013 à 2016, à raison de 2 heures par semaine. «Inecla a été mon rayon de soleil du lundi soir. Bonne ambiance. Rigolades.» La fréquentation de l'institut a aussi donné l'envie à Marco Stäuble de découvrir l'Amérique du Sud, lui qui rentre d'un voyage de 8 mois dans différents pays latinos où il a pu exercer à loisir sa passion du subjonctif...

Pascal Kunz, ingénieur en micro-électronique, 56 ans: «C'est la langue d'une culture encore à découvrir»
«J'ai commencé à prendre des cours en 2013 et je vais continuer. Ma motivation? Pouvoir parler en voyage avec des hispanophones, sans interprète», explique Pascal Kunz qui a notamment visité Cuba et récemment le Chili, influencé, consciemment ou non précise-t-il, par Inecla. L'homme apprécie aussi la méthode d'enseignement de l'institut. «Dès le début, indépendamment du niveau des élèves, les enseignants s'expriment en espagnol. Immersion totale. J'apprécie également l'ambiance familiale de l'école, la mixité des participants - de tous les âges et milieux. Et aussi les pauses. Même quand elles te poussent hors de ta zone de confort» sourit Pascal Kunz évoquant, à titre d'exemple, les quelques pas de «cueca», une danse folklorique chilienne, que les élèves ont été appelés à exécuter. «Et puis, c'est aussi stimulant de retourner sur les bancs d'école.»

Thang Dao, ingénieur physicien à la retraite, surnommé le Chinois de Cuba: «C'est la langue de la salsa»
«Je suis arrivé à Inecla par hasard, après que les cours que je suivais ailleurs se soient interrompus, faute de participants. L'école m'a tout de suite convenu», affirme ce passionné de salsa et de Cuba, fréquentant les cours depuis 2012, faisant probablement de lui le plus fidèle élève d'Inecla. Une personne qui s'est largement investie dans l'école, apportant régulièrement des spécialités culinaires maison, et organisant un voyage en 2016 au pays des Castro pour les élèves et amis d'Inecla. Alors que l'an prochain, il conduira cette fois les intéressés au Vietnam, son pays d'origine. Et sa compagne, qui a participé à différents rendez-vous de l'Inecla, de relever encore: «L'école est très sympa. Les professeurs mettent tout de suite les gens à l'aise. Ils osent ainsi plus facilement parler...»
Propos recueillis par SM



Jeter des ponts entre la Suisse et l'Amérique du Sud
Créée en 2001 par un groupe d'élèves, l'Association Amicla - les Amis de la culture latino-américaine et d'Inecla - se charge de la gestion des activités culturelles. Forte de 120 membres actifs, elle organise différents événements au profit de microprojets sociaux, essentiellement en faveur d'enfants défavorisés. Depuis sa fondation, elle a déjà pu redistribuer plus de 125000 francs pour soutenir différentes initiatives sur son continent de prédilection: un orphelinat à Valparaiso au Chili, des médicaments pour un quartier populaire à Buenos Aires, une association pour des gosses démunis à Cali en Colombie, un atelier pour des jeunes travailleurs de rue à Quito, Equateur... Mais aussi des aides ponctuelles comme l'argent récolté en juin 2016 pour porter secours aux sinistrés du tremblement de terre en Equateur... Autant de ponts jetés entre la Suisse et l'Amérique latine alors que l'Inecla, dans l'esprit d'échanges qui l'anime, a aussi tissé des liens privilégiés avec différentes associations sociales humanitaires et offert des cours à leurs représentants.

Demander le programme
Plusieurs activités culturelles sont proposées pour ce 35e anniversaire. Au menu, un minifestival de films latino-américains, les 12, 13 et 14 octobre au CityClub de Pully. Et, point d'orgue du jubilé, une grande fête le 21 octobre à la salle des spectacles d'Epalinges, qui débutera à 10h pour se terminer à minuit. Avec des démonstrations de danses de différents pays, des présentations de costumes, la production de groupes de musique cubaine, péruvienne, chilienne... et des possibilités de petites restaurations. Sans oublier un concours culturel aux prix attractifs dont, pour le premier, un voyage au Chili.
Entrée 20 francs. Les bénéfices serviront à financer des projets solidaires en faveur d'enfants défavorisés.

Informations sur les cours d'Inecla (reprise le 11 septembre) et la fête du 35e anniversaire: www.inecla.ch