Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

Solidarité criminalisée...

Le Tribunal de district de Brigue condamne à une amende Anni Lanz, active dans la défense des migrants. Indignation d’Amnesty International

Pas d’acquittement pour Anni Lanz, condamnée le 10 décembre dernier par le Tribunal de district de Brigue à payer une amende de 800 francs et les frais de procédure. Rappelons que la Bâloise de 72 ans avait tenté d’aider, le 28 février dernier, un requérant d’asile afghan à revenir en Suisse. Ce dernier avait été expulsé vers l’Italie en vertu des accords de Dublin. L’ancienne secrétaire générale de Solidarité sans frontières avait été interceptée avec son protégé au poste frontière de Gondo, en Valais, et condamnée par ordonnance pénale à une peine pécuniaire de 30 jours-amende à 50 francs avec sursis assortie d’une amende de 300 francs et de 400 francs de frais de procédure. Elle avait alors fait recours. «Je veux rendre cette histoire publique pour dénoncer la façon inacceptable dont la Suisse applique les accords de Dublin», avait-elle déclaré, selon les informations rapportées par Amnesty International. Qui critique sévèrement le jugement rendu. «C’est une gifle dans le visage de toutes celles et de tous ceux qui s’engagent en faveur des droits de ceux qui sont dans le besoin», a relevé dans un communiqué Cyrielle Huguenot, responsable de la campagne dans le domaine des migrations à Amnesty suisse. Et la collaboratrice de l’ONG, qui a assisté à l’audience, d’estimer qu’on se trompait de cible.

Graves troubles psychiques

«La solidarité n’est pas un crime. Les autorités suisses doivent traquer les trafiquants et les passeurs qui profitent de la détresse d’êtres humains, mais pas s’acharner sur les citoyens qui agissent par pure compassion.» Amnesty International appelle à une application moins restrictive du Règlement Dublin notamment envers les réfugiés les plus vulnérables. Comme dans le cas de l’exilé, souffrant de graves troubles psychiques, aidé par Anni Lanz. «Des rapports médicaux recommandaient de ne pas renvoyer en Italie le jeune Afghan, qui avait commis plusieurs tentatives de suicide, et de le laisser séjourner près de sa sœur en Suisse. Son état mental s’était grandement détérioré après qu’il eut appris que sa femme et son enfant avaient été tués en Afghanistan.» En dépit de cette situation, l’homme a été expulsé. La militante a décidé de venir à sa rescousse quand elle a appris que le Centre pour demandeurs d’asile enregistrés de Milan ne pouvait l’héberger. Et qu’il dormait dehors par presque moins 10 degrés. Elle l’a retrouvé à la gare de Domodossola, portant des traces d’engelure, et a décidé de le ramener dans nos frontières. «Je savais que je me retrouvais dans une situation compliquée sans entrevoir de solution. C’était un voyage dans l’inconnu. Tout ce que je savais, c’est que je devais l’aider», a déclaré la prévenue à l’audience, rapporte encore Amnesty. Un geste d’humanité sanctionné, le Tribunal de district de Brigue ayant certes allégé la peine en supprimant les jours-amende mais majoré l’amende l’élevant à 800 francs. Alors que les frais de procédure ont aussi augmenté. Anni Lanz n’a pas encore décidé si elle fera recours. De son côté, Amnesty International demande instamment à la Suisse de tenir compte de la récente dégradation des conditions d’accueil des demandeurs d’asile en Italie – y compris des personnes renvoyées dans le cadre du Règlement Dublin – à la suite de l’adoption d’un décret de Salvini limitant les prestations à leur égard, notamment en matière de soins.

Pour aller plus loin

Les syndicats solidaires avec le collectif de la rue Royaume à Genève

Jeudi dernier, un collectif de militants occupait un immeuble vide de la rue Royaume à Genève. Ce bâtiment abandonné avait été la proie des flammes en janvier 2021. L’incendie...

Un toit pour toutes et tous

Un lit dans un hébergement d'urgence.

Alors que la Ville de Lausanne réfléchit à élargir ses mesures d’hébergement d’urgence, l’association Opre Rrom demande une véritable politique d’intégration qui passe par la stabilité du logement

«Quand je serai grande, je serai riche»

Bâtiment du Sleep-In de Lausanne.

Depuis près de 30 ans, l’association Sleep-In à Lausanne ouvre chaque soir ses portes aux sans-abris. Reportage

Fin de l’occupation

Le 28 juin, après un mois d’occupation, le collectif 43m2 a annoncé lever le camp. Installé dans les jardins de la Haute école de travail social et de la santé de Lausanne, le...