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Sur le terrain, malgré tout

Tente de la Soupe populaire installée à la place de la Riponne depuis le 15 mars.
© Neil Labrador

A Lausanne, la Soupe populaire offre depuis le 15 mars des repas chauds et de la nourriture à emporter, non plus dans son local chauffé, mais à la place de la Riponne.

Face à la crise du Covid-19 et au quasi-confinement, l’accueil aux plus démunis se réinvente à Lausanne. Et notamment à la fondation Mère Sofia

Restez à la maison! Mais comment quand on n’a pas de toit? C’est ainsi tout un réseau d’aide aux plus précaires qui a dû revoir sa manière de fonctionner, et en urgence, pour respecter les nouvelles consignes de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). A Lausanne, la fondation Mère Sofia est en première ligne, avec la Soupe (repas quotidien), le Répit (structure de nuit) et l’Echelle (service social mobile). Yan Desarzens, son directeur, explique sans perdre son sourire (dans la voix): «C’est un marathon à une allure de sprinter.» Il salue le travail de ses collaborateurs sur le terrain, la Ville de Lausanne, le Canton et la protection civile. Ainsi, un nouveau lieu d’hébergement a vu le jour dans la salle de sport du Bugnon. Et la caserne du bâtiment administratif de la Pontaise (BAP) a ouvert ses portes aux plus démunis. Un de ses étages devait ouvrir lundi pour les personnes malades, présentant des symptômes ou en quarantaine, en collaboration avec Unisanté, selon Eliane Belser, responsable de l’aide d’urgence à Lausanne. Ce dispositif permet ainsi de décharger les quatre autres lieux d’accueil de nuit aujourd’hui gratuits (au lieu de 5 francs): le Répit, le Sleep-in, la Marmotte et l’Etape. En tout, quelque 200 lits sont à disposition.

Problèmes d’approvisionnement

La Soupe, qui propose des repas chauds chaque soir entre 19h30 et 21h30, a dû se délocaliser. D’un local chauffé (qui pouvait accueillir jusqu’à 200 personnes), elle se retrouve, depuis le 15 mars, sur la place de la Riponne, afin de permettre la distance sociale. «Même si cela reste très compliqué, malgré la conscience aiguë du problème des personnes les plus précaires, souligne Yan Desarzens. Nous voyons aussi de nouvelles têtes, celles qui ont perdu leurs heures de ménage ou leur emploi payé à l’heure. Et beaucoup de working poor. Ces derniers soirs (la semaine dernière, ndlr), il fait très froid, donc nous tentons de livrer surtout de la nourriture à domicile et espérons bientôt ravitailler les lieux d’accueil de nuit.» Et ce, malgré les problèmes d’approvisionnement. Car l’une des sources principales en denrées, le Fooby (sandwichs et repas à l’emporter) a dû fermer ses portes. Quant à l’autre grand magasin donateur, Manor, il a moins d’invendus. «Heureusement, beaucoup de maraîchers nous proposent des légumes… Cet élan de solidarité est fantastique. Tout comme le travail de nos collaborateurs qui s’engagent avec bienveillance, alors qu’ils pourraient justifier leur besoin de protection pour rester à la maison», se réjouit Yan Desarzens. La fondation n’a eu vent d’aucun cas de Covid-19 chez les personnes suivies ni chez ses employés et ses bénévoles. Mais la crise sanitaire génère davantage de précarité. La fondation Mère Sofia lance donc un appel pour récolter des dons: «Chaque jour, nous devons malheureusement refuser de nombreuses demandes de soutien émanant de foyers et de personnes dans une détresse aiguë.» Des familles, des personnes qui ont perdu leur revenu, notamment des personnes sans papiers qui, de par leur statut, se retrouvent sans soutien aucun.


Pour davantage d’informations ou faire un don: meresofia.ch

Branle-bas de combat aussi au Sleep-in

«Pour éviter les passages incessants entre les structures, les personnes sans abri sont placées par le bureau des réservations dans le même lieu d’hébergement dès aujourd’hui et ce jusqu’à fin avril», indique la Municipalité de Lausanne dans un communiqué du 24 mars. Romain Mouron, travailleur social au Sleep-in, salue cette stabilisation: «Cela permet d’éviter les allées et venues et les mélanges de personnes.» Dans ce lieu d’accueil, comme ailleurs, un plan d’aménagement a été mis en place. Les lits sont plus espacés. Et à chaque entrée, la température est contrôlée. Pour l’instant aucun cas de Covid-19 n’a été détecté. «Après une période où on a trouvé des solutions de bric et de broc et où c’était galère d’avoir du désinfectant, des gants, des masques, depuis trois jours, ça va mieux», rapporte Romain Mouron. Par contre, d’autres problèmes se posent. La cuisine du Sleep-in, qui permettait aux personnes sans domicile fixe de se faire à manger, a dû être arrêtée pour des questions d’hygiène. «On leur propose des sandwichs le soir et, le matin, un déjeuner dans des sachets fermés. Ce ne sont pas vraiment des repas. De plus, les structures de jour ont clos leurs portes, hormis le Passage qui donne encore quelques repas à l’emporter. C’est compliqué pour les gens», explique Romain Mouron qui espère que les structures de nuit puissent ouvrir 24 heures sur 24: «C’est la grosse lacune, car certains de nos bénéficiaires aimeraient vraiment pouvoir se confiner. Mais cela demande un tour de force, notamment en matière de recrutement de bénévoles.»

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