Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

Canicule: les chantiers doivent être stoppés!

Un chantier durant une forte chaleur.
© Thierry Porchet/archives

Face aux dangers de la chaleur extrême menaçant les ouvriers de la construction, Unia exige des maîtres d’ouvrage de reporter les délais pour permettre l’arrêt des chantiers. Les règles de sécurité doivent être respectées afin de préserver la santé des travailleurs

Depuis une semaine, la canicule s’est installée sur le pays. La Suisse est atteinte par une nouvelle vague de chaleur qui risque de se prolonger. Les températures dépassent allègrement les 30 degrés, même les 35 degrés par endroits. Vendredi dernier, Unia tirait la sonnette d’alarme et enjoignait aux maîtres d’ouvrage d’arrêter les chantiers. Ces fortes chaleurs mettent en danger la santé des maçons.

Au cœur de la problématique, la question des délais. Et les maîtres d’ouvrage, dont font partie des collectivités publiques, qui ont une part de responsabilité dans les risques encourus par les travailleurs lorsqu’ils insistent pour que le délai initial de fin de chantier soit maintenu. Avec cette pression des délais, «il est plus difficile de respecter les dispositions de sécurité. Les maîtres d’ouvrage mettent ainsi en danger la santé des travailleurs de la construction», indique le syndicat, qui demande que le délai final soit reporté en cas d’arrêt de travail à cause de la canicule.

Unia rappelle que le soleil et le chaud ne sont pas seulement épuisants pour les maçons exposés, mais qu’ils font peser sur eux un grave danger: «La chaleur extrême peut entraîner déshydratation, insolation et coups de chaleur. De plus, chaque année, près d’un millier de travailleurs sont atteints d’un cancer de la peau lié à l’activité professionnelle.» Le syndicat ajoute que, selon la Suva, «le risque d’accident sur les chantiers augmente de 7% les jours où la température dépasse 30 degrés». Unia attire l’attention sur l’augmentation de ces risques «au vu du réchauffement climatique et des périodes de canicule toujours plus intenses aussi en Suisse».

Responsabilité des donneurs d’ordre publics

Il existe pourtant des règles et des mesures de sécurité. Ainsi, pour éviter des malaises par exemple, il est nécessaire que les travailleurs aient des pauses régulières, à l’ombre, pour boire de l’eau. Cette eau doit être mise à disposition par l’employeur, en bouteille ou par un raccordement à l’eau potable. Il faut aussi éviter les heures supplémentaires. A partir d’une certaine température, les travaux doivent être interrompus. Or, constate Unia, «le respect des règles de sécurité est de plus en plus sacrifié sous la pression croissante des délais». En cas de retards de chantier, des peines conventionnelles sont prévues par les donneurs d’ordre, d’où leur exigence que les travaux se terminent au plus vite. «Il est frappant de constater que les maîtres d’ouvrages publics sont dans de nombreux cas en première ligne pour ce genre de directives», remarque le syndicat. Pour Nico Lutz, responsable du secteur de la construction à Unia, ces donneurs d’ordre publics devraient montrer l’exemple. «Au lieu de cela, ils augmentent encore la pression et compromettent ainsi la sécurité au travail et la santé des maçons» déplore-t-il.

Pour tout renseignement sur la canicule, les règles à respecter et les moyens de se protéger, voir sur: unia.ch

Pétition: La santé avant les délais!

Malgré la canicule, les travaux continuent sur de nombreux chantiers au mépris de la santé et de la sécurité des ouvriers. Face à cette situation, Unia a lancé une pétition adressée aux entreprises, aux maîtres d’ouvrage et aux autorités pour exiger que la santé prime sur les délais.

«On construit toujours plus, plus vite, et avec moins d'ouvriers! Et comme les délais sont de plus en plus serrés, le travail n’est pas interrompu même lorsque les intempéries et la canicule mettent en danger la santé. En plus, le risque d’accidents augmente», souligne la pétition, qui sera remise en automne. En la signant, les travailleurs de la construction exigent le respect de leurs droits et de leur santé. Leurs revendications se déclinent en quatre points. Ils demandent que la Convention nationale du secteur principal de la construction (CN) soit prise au sérieux et que son article 28 soit appliqué: «Si la santé est en danger, le travail doit être réorganisé ou arrêté en cas de mauvais temps ou de canicule», indique la pétition. Ils exigent que la santé passe avant les délais et, pour cela, que la norme SIA 118 soit respectée: «Si le travail est arrêté en raison d’intempéries ou de canicule, les entreprises de construction doivent pouvoir adapter les délais. Aucune pénalité de retard ne devrait exister!» Autre exigence, des indemnités équitables et moins de bureaucratie en cas d'intempéries: «Il faut cesser de supprimer les heures supplémentaires aux travailleurs avant que l'assurance intempéries ne paie. En outre, les deux jours de carence en cas de canicule doivent être raccourcis.» Dernière revendication: l’introduction dans la loi de critères clairs pour l’arrêt du travail en cas d’intempéries et de canicule afin de protéger la santé des travailleurs.

Unia invite tous les maçons et tous les travailleurs de la construction à signer la pétition et à la diffuser largement.

Pour signer, aller sur: unia.ch

Pour aller plus loin

La sécurité sur les chantiers doit être une priorité

Les accidents, notamment graves, sont de plus en plus importants. En cause, la pression sur les délais, mais aussi le travail temporaire et les intempéries. Unia se montre très préoccupé

La révolte des ferrailleurs s’organise

Des ferrailleurs masqués et des syndicalistes.

Après l’arrêt de plusieurs chantiers de ferraillage à Genève, des travailleurs se soulèvent pour dénoncer leur exploitation et exiger des conditions de travail et de vie dignes. Certains n’ont plus été payés depuis trois mois, d’autres n’ont touché qu’un salaire de misère

Valais: trente-trois emplois passent à la trappe

Le groupe français PBM, propriétaire de l’entreprise Constantin Martial & Cie à Vernayaz, en Valais, ferme son site de production. Les syndicats se battent pour un plan social digne de ce nom

«Cette mesure est le fruit d’un travail syndical acharné sur les chantiers»

L’arrêt immédiat des chantiers en cas d’infractions ou de soupçon d’infractions est une première en Suisse. Cette possibilité était demandée depuis des lustres par le syndicat Unia, pour combattre le dumping et l’exploitation des travailleurs.

Désormais, les travaux des entreprises qui violent leurs obligations sur les chantiers genevois pourront être suspendus, et ce jusqu’à ce qu’elles se mettent en conformité. Unia s’en félicite