Compte à rebours pour les travailleurs d’Alstom-Bombardier
Alors que le constructeur ferroviaire français ne s’est jamais aussi bien porté, il prévoit 150 licenciements à Villeneuve entre mars et septembre. La consultation a commencé
Le 8 février, la procédure de consultation s’est ouverte pour une durée de vingt jours chez Alstom-Bombardier. Le groupe de travail – réunissant une vingtaine de salariés, la commission du personnel et les syndicats – a donc jusqu’au 4 mars seulement pour étudier des pistes pour éviter les licenciements, voire proposer un plan social. Trop court pour Unia qui a demandé un délai supplémentaire. La direction d’Alstom devait se positionner jusqu’à hier, mardi 22 février.
Pour mémoire, ce licenciement collectif a été annoncé juste avant Noël par le constructeur ferroviaire, avant d’être annulé pour aligner sa procédure sur les normes européennes. Cette restructuration fait suite au rachat de Bombardier en janvier 2021 par Alstom, et touche ainsi plusieurs pays. A Villeneuve, la direction veut transformer son site de production en centre de services et de maintenance. Une suppression de 150 postes sur 400 environ est prévue, dont 80% dans la production. Ce qui équivaut à une future fermeture, selon Abdeslam Landry, secrétaire syndical d’Unia, pour qui le maintien de la production dans le Chablais est essentiel. «Mes contacts avec le Comité d’entreprises européen m’ont confirmé qu’en France et en Italie, des sites ont été transformés en centres d’entretiens et de services avant d’être rapidement fermés.»
Responsabilité politique
Début janvier, les travailleurs réunis en assemblée générale ont donné le mandat aux syndicats dont Unia et Syna, signataires de la Convention collective de travail de l’industrie des machines, des équipements électriques et des métaux (CCT MEM), de les défendre. Abdeslam Landry souligne la responsabilité politique du maintien de la production. «Ce n’est pas normal de donner des mandats publics à des sociétés qui, ensuite, sous-traitent dans d’autres pays pour réduire leurs coûts de personnel, comme c’est le cas du concurrent thurgovien Stadler Rail. Ni d’accorder des RHT à une multinationale, alors qu’un licenciement collectif est prévu.» Pour Yves Defferrard, responsable national du secteur industrie d’Unia, le licenciement collectif chez Alstom n’est pas seulement une affaire vaudoise, mais aussi valaisanne, puisque le site est à la frontière, ainsi que de portée nationale, les CFF étant le mandataire principal. Et de préciser: «Parallèlement au groupe de travail au sein de l’entreprise, des discussions sont menées à divers niveaux politiques.»
Carnet de commandes plein
Paradoxalement, Alstom ne s’est jamais aussi bien porté. Fin janvier, la multinationale française se réjouissait de la forte progression de ses commandes et annonçait vouloir recruter 7500 personnes dans le monde – dont 3900 en Europe – pour construire les rames de TGV, celles du RER de Johannesburg, du métro parisien, des tramways de Berlin, des trains norvégiens, entre autres. Cette campagne de recrutement inédite fait écho à son carnet de commandes atteignant, fin décembre, plus de 80 milliards de francs…