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La diversité médiatique en péril

L'Evénement syndical en cours d'impression.
© Thierry Porchet

L’aide indirecte à la presse, qui passe par une réduction des coûts postaux, sera augmentée avec le train de mesures en faveur des médias soumis au vote le 13 février prochain. Une manne bienvenue aussi bien pour les journaux régionaux que pour la presse syndicale et associative, d’autant que La Poste a déjà annoncé des hausses de tarif.

Le 13 février prochain, les citoyens devront se prononcer sur le train de mesures proposé par le Conseil fédéral en faveur des médias, attaqué par référendum

Le train de mesures proposé par le Conseil fédéral et approuvé par le Parlement en juin dernier prévoit pour ces prochaines années une hausse de 151 millions de francs par an du soutien aux médias avec notamment un renforcement des aides à la presse déjà existantes. Deux grands axes sont ciblés: d’abord, une contribution indirecte, notamment par la distribution des journaux et des rabais sur les tarifs postaux pour la presse régionale et associative, et ensuite une aide directe, pour les médias en ligne.

Attaqué par référendum par des personnalités de droite, le paquet de mesures sera soumis au peuple. Ce dernier sera appelé à trancher sur l’avenir de la presse et des médias le 13 février prochain.

Le syndicat Unia, concerné directement par ces aides à travers sa presse associative, soutient activement le vote en faveur du Oui.

Camille Roseau, présidente du comité «Oui à la diversité des médias» et coprésidente de Médias d’Avenir, présente les enjeux de cette votation.


En quoi la votation du 13 février est-elle importante?

Les enjeux de cette votation sont considérables. Au sein de notre comité, nous nous engageons clairement en faveur du paquet législatif, car nous voulons éviter les coupes budgétaires dans le secteur des médias. En raison de la migration des recettes publicitaires vers les grands groupes des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon, ndlr), le modèle de financement actuel de nombreux médias se trouve dans une crise sans précédent. Si davantage de journaux disparaissent, non seulement la diversité médiatique diminuera, mais de nombreux emplois dans le journalisme et les maisons d'édition seront remis en cause. Si le paquet est rejeté, la réglementation sur l'aide à la distribution matinale n'entrera pas non plus en vigueur, et la négociation qu’elle prévoit d’une convention collective n’aura pas lieu, alors que les porteurs de journaux font un travail dur et mal payé.

Si le référendum est accepté et le paquet de mesures rejeté, nous nous retrouverons face à un désert en matière de politique des médias. Il sera très difficile de faire un troisième essai pour un soutien durable aux médias suisses.

Pourquoi le Oui doit l’emporter?

Le référendum doit être clairement rejeté. Un Oui au paquet des médias, c'est aussi un Oui à toute une série de bonnes propositions pour renforcer le journalisme en général et la diversité des médias en Suisse. L’une des mesures réduit les coûts de distribution des journaux, une autre aide les médias en ligne à couvrir leurs frais d'exploitation. Une troisième catégorie de mesures profitera à tous les médias, à savoir le soutien à l'agence de presse Keystone/ATS, qui fournit la matière première journalistique. Par ailleurs, il est prévu que la formation initiale et continue des journalistes soit soutenue par des fonds publics. De plus, le conseil de la presse sera renforcé en tant qu'institution éthique de la branche. Enfin, les stations de radio et de télévision privées régionales seront aidées financièrement. Un Oui au paquet législatif est aussi un Oui à la diversité des médias, un Oui à un journalisme de qualité.

Quels sont les risques si les mesures ne passent pas?

Si le paquet législatif est rejeté, nous reviendrons au XXe siècle en matière de politique des médias. Le statu quo implique de soutenir les journaux imprimés, comme c'était le cas jusqu'à présent. Les médias en ligne en sortent les mains vides, ce qui serait incompréhensible par rapport au comportement concernant l’utilisation des médias de la population suisse. Les besoins d'un public plus jeune ne seraient ainsi pas pris en compte dans l'attribution des fonds publics. En outre, la branche dans son ensemble serait affaiblie, car ses institutions comme l'ATS, le MAZ – l’école suisse de journalisme – ou le conseil de la presse seraient fortement mis en difficulté financière.

Etes-vous confiante pour cette votation? La population est-elle sensible à ces questions?

Je suis optimiste. Je pense que beaucoup de gens ont une attitude positive vis-à-vis des médias qu'ils utilisent régulièrement. Et ils apprécient d’être correctement informés lorsqu'ils doivent prendre des décisions en tant que citoyens. Cela n’est possible qu’avec un paysage médiatique vif et varié.

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