La retraite des femmes à 65 ans ne passe pas
Lors de sa séance du 3 juillet, le Conseil fédéral a décidé des mesures qui figureront dans la réforme AVS 21. Ce paquet vise à alléger les comptes de l’assurance vieillesse de 2,8 milliards de francs d’ici à 2030. Sans surprise, ce sont les femmes qui supporteront le gros des économies à réaliser. Le gouvernement entend toujours relever l’âge de référence dans l’AVS de 64 à 65 ans. Pour faire passer plus facilement la pilule, des compensations à hauteur de 700 millions sont prévues durant neuf ans. Des taux de réduction plus bas seront appliqués pour les femmes qui prendront leur retraite avant 65 ans, tandis que celles qui travailleront passé cet âge-là bénéficieront d’une augmentation de leur rente une fois à la retraite. Avec AVS 21, il sera possible de choisir son départ à la retraite entre 62 et 70 ans. Partir avant l’âge de référence de 65 ans, qui s’appliquera aussi désormais dans la prévoyance professionnelle, entraînera évidemment des pénalités qui frapperont les salariés modestes. Poursuivre une activité professionnelle au-delà sera au contraire encouragé par quelques incitations financières. Enfin, le Conseil fédéral met dans son paquet une augmentation de 0,7% de la TVA en faveur de la l’AVS.
Le Département fédéral de l’intérieur doit, d’ici à fin août, délivrer un message et présenter au Parlement un projet de loi, mais on connaît déjà la position des uns et des autres. La réforme ne trouve grâce qu’aux yeux du PDC. Au PLR, à l’UDC et dans les milieux patronaux, les compensations et la hausse de la TVA sont jugées excessives, on veut les réduire, voire les refuser. La gauche et les syndicats, de leur côté, rejettent le projet. Comme le soulignent le Parti socialiste et l’Union syndicale suisse, les compensations ne se montent qu’au tiers de la contribution des femmes, alors que les rentes de celles-ci sont en moyenne de 15000 francs inférieures à celles des hommes. Fin mai, l’assemblée des délégués de la faîtière syndicale s’était clairement prononcée contre le relèvement de l’âge de retraite des femmes. En votation, le peuple a repoussé la mesure en 2005, puis en 2017. «Revenir ainsi à la charge moins de deux ans plus tard pour tenter d’imposer de force une mesure antisociale est non seulement un scandale, mais aussi un déni pur et simple de la démocratie», s’indigne la Coordination romande de la grève des femmes dans un communiqué qui, plutôt que de «travailler plus pour vivre moins», appelle à «travailler moins pour vivre mieux».